Visite immersive à la centrale nucléaire de Brennilis

Publié : 9 mars 2022 à 10h24 - Modifié : 9 mars 2022 à 15h55 par Dolorès CHARLES

Centrale de Brennilis
Crédit : Yann Launay

Focus cette semaine sur la centrale nucléaire de Brennilis dans le Finistère : un avis favorable vient d'être rendu pour le démantèlement complet de la plus ancienne des centrales françaises. Reportage sur place.

Construite dans les années 1960, la centrale des Monts d'Arrée est à l'arrêt depuis 1985, et son démantèlement a commencé à la fin des années 1990, avant d'être suspendu. C'est la déconstruction de l'enceinte réacteur qui posait problème. EDF a revu son dossier, pour préparer la dernière - et la plus complexe - phase du démantèlement. Voyons comment EDF compte s'y prendre en prenant la direction Brennilis. Yann Launay, reporter pour Hit West et Océane, a pénétré dans l'enceinte réacteur, où de rares visites sont organisées pour de petits groupes de curieux.

Visite immersive dans l'enceinte réacteur de la centrale de Brennilis

 

Visite immersive
Crédit : Yann Launay

Suite de la visite...

Deuxième partie de la visite dans l'enceinte réacteur avec le petit groupe de visiteurs autorisé ce jour-là à découvrir les entrailles du site breton. Ils sont guidés par Steven Le Guellec, guide conférencier, et Alexandre Plougoulen, responsable communication chez EDF.

Centrale de Brennilis

Centrale nucléaire de Brennilis
Centrale nucléaire de Brennilis
Centrale nucléaire de Brennilis
Centrale nucléaire de Brennilis
Centrale nucléaire de Brennilis
Centrale nucléaire de Brennilis
Centrale nucléaire de Brennilis
Centrale nucléaire de Brennilis
Centrale nucléaire de Brennilis
Visite immersive 2
Crédit : Yann Launay

Avis favorable

Lundi (7 mars), la commission d'enquête publique a rendu un avis favorable, la balle est désormais dans le camp du gouvernement, qui pourrait émettre un décret dans les mois qui viennent pour autoriser ce démantèlement. Ce mercredi midi, le directeur de la centrale nucléaire de Brennilis, Jean Cucciniello, est intervenu pour mieux comprendre comment pourrait se dérouler la déconstruction du bloc réacteur et de son enceinte monumentale, il était au micro de Sarah Moing et d'Elouen Rouchy.

"Nous sommes très heureux de ce résultat puisque c'est une enquête publique qui a duré 7 semaines, et puis on a longuement échangé avec la commission d'enquête pour répondre à l'ensemble des questions, et nous sommes très heureux d'avoir à la fois cet avis favorable et que cet avis soit 'sans réserve', c'est très important (...) En 2007, l'annulation du décret était lié à un défaut de procédure puisqu'à l'époque en France nous n'étions pas obligé d'avoir une enquête publique, le droit européen le demandait et c'est cet écart qui a conduit le conseil d'Etat à annuler notre décret. C'est une question de procédure (...) Aujourd'hui, nous sommes prêts à démanteler, nous avons déjà réalisé le démantèlement partiel sur 17 ans de travaux, où nous avons enlevé de très gros composants à l'extérieur comme à l'intérieur de l'enceinte du réacteur (...) L'enquête publique s'intéresse à l'avis des riverains en priorité, une quinzaine de communes ont été sollicitées, dans lesquelles il y avait des registres pour que les personnes puissent s'exprimer et beaucoup étaient favorables (75%), cela veut dire que le dossier était solide avec les nouvelles technologies (les robots notamment pour démanteler la cuve)... LE public ne veut pas que cette centrale reste là éternellement, et puis ce gros chantier va faire venir du monde, nous sommes 80 aujourd'hui et nous serons 120 à 150 au plus fort de l'activté, et ce sont les emplois pour le territoire."

Le directeur de la centrale nucléaire de Brennilis, Jean Cucciniello
Crédit : Sarah Moing et Elouen Rouchy

320 millions d'euros pour finir le démantèlement

Le directeur de la centrale nucléaire de Brennilis, Jean Cucciniello, est intervenu précisément dans cette dernière partie sur le coût du démantèlement. Sur l'embauche de main d'oeuvre locale, le groupe "a engagé un travail avec Pôle Emploi à Carhaix, la Région pour la formation ou la CCI (Morlaix) et ensemble nous avons mis en place des démarches pour favoriser l'emploi local, etc. En 2021, nous avons embauché 5 personnes pour nous renforcer et puis l'autre axe important c'est l'alternance (...) La déconstuction est un panel de métiers peu connus mais qui apporte aux jeunes des dimensions techniques très intéressantes (radioprotectionnistes, spécialistes en déchets, etc.)

Quid des déchets ? Tous les déchets ont une filière de gestion, c'est un point important. L'essentiel des déchets radioactifs (environ 7 500 tonnes) sont de l'ordre de la radioactivité naturelle (6 000), et ils vont dans un centre de stockage dédié à ces déchets dits très faiblement "actifs", et pour les 1 500 autres tonnes, des déchets faiblement et moyennement actifs, il y a un autre centre de stockage, enfin pour une trentaine de déchets les plus radioactifs nous avons un centre d'entreposage construit par EDF opérationnel depuis 2020 (... )

C'est bien EDF qui finance le démantèlement (et pas l'Etat) et la loi impose d'avoir provisionné ce montant avant de commencer le démantèlement. La loi nous impose cette provision et nous interdit d'utiliser cette somme pour autre chose que le démantèlement. Cet argent va sortir au fur et à mesure des travaux au cours de ces 17 ans d'activité de démantèlement."

Le directeur de la centrale nucléaire de Brennilis, Jean Cucciniello
Crédit : Sarah Moing et Elouen Rouchy