Vendée : situation préoccupante dans les deux maisons d'arrêt du département
Publié : 12 janvier 2024 à 15h59 - Modifié : 12 janvier 2024 à 16h40 par Hélène HAMON
Les prisons de La Roche-sur-Yon et Fontenay-le-Comte (85), sont surpeuplées. Les personnels qui y travaillent font face à des détenus de plus en plus difficiles, et demandent davantage d'effectifs. Selon eux, les plus petites peines ne devraient plus être exécutées en prison.
Colère et épuisement dans les maisons d'arrêt de Vendée. Les deux prisons sont surpeuplées : celle de La Roche-sur-Yon détient même un triste record : celle de la Maison d'arrêt la plus surpeuplée de France avec 241 % de taux d’occupation. Même constat à Fontenay-le-Comte où l'on parle d'un taux d'occupation qui avoisine les 220%. Ces chiffres en disent long sur la situation sur place. Il faut dire que l'activité judiciaire n'a jamais été aussi intense. Mais aujourd'hui, les deux établissements ne sont plus adaptés pour accueillir autant de détenus.
"Fontenay et La Roche-sur-Yon ont une capacité d’hébergement théorique de 39 places"
Pour Stéphane Bertrand, surveillant pénitientiaire à Fontenay et délégué syndical CGT : "les deux maisons d’arrêt vendéennes ont été basées sur les mêmes plans. Elles ont été construites de la même façon, celle de La Roche-sur-Yon date de 1906 et la maison d’arrêt de Fontenay-le-Comte a été créée en 1896 sans modification au niveau de la structure, donc Fontenay et La Roche-sur-Yon ont une capacité d’hébergement théorique de 39 places. Quand on vous dit qu’il y a actuellement 97 personnes incarcérées à La Roche-sur-Yon, vous pouvez imaginer ce que cela peut représenter comme problématiques au quotidien : problèmes de promiscuité, d’entente entre détenus dans les cellules... et pour le personnel pénitentiaire, il est très compliqué d’exercer ses missions au quotidien en toute sérénité, et aussi pour la population pénale qui malheureusement pâtit de cette situation."
Agressions, insultes, menaces...
Outre ces problèmes de surpopulation, il y a aussi le profil des détenus qui semble changer. "On se rend compte depuis quelques années, que les personnes détenues sont malheureusement de plus en plus jeunes et intolérants à la frustration, avec beaucoup de problèmes psychologiques pour la plupart d’entre eux et tout ça fait un cocktail explosif. Cela se ressent sur le travail des personnels : agressions, insultes, menaces... Il y a deux jours encore, un surveillant de la maison d’arrêt de Fontenay a été mordu au doigt. L’état des prisons aujourd’hui reflète la société extérieure".
Des alternatives à l'incarcération
On sait qu'il n'y aura pas de nouvelle prison en Vendée, l'idée de construire un nouvel établissement dans le département a été abandonnée par l'Etat. Ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose selon Stéphane Bertrand car "plus de prisons veut dire aussi plus d'incarcérations".
"Le gouvernement s’imagine qu’en construisant des prisons en France, on va éradiquer le problème de la surpopulation carcérale. Or, on sait que plus on construit, et plus les magistrats incarcèrent... Ce qu’il faudrait faire, c’est mettre à exécution les lois qui depuis 15 à 20 ans ont été décidées mais qui n’ont jamais été mises en application, c’est-à-dire la mise en place de mesures alternatives à l’incarcération : les bracelets électroniques, les travaux d’intérêt général pour les peines de moins de six mois. Cette loi-là date de deux ans, sauf que la magistrature ne l’applique pas, d'où ce nombre de détenus record en France actuellement".
75 000 détenus aujourd'hui en France
Séphane Betrand pointe aussi du doigt le manque d'effectifs : "nous sommes à un niveau record et jamais été atteint en France avec 75 000 détenus incarcérés, et j’ai malheureusement l’impression que cela va continuer à augmenter. Il faudrait que l’on arrête d’incarcérer quand il y a des petites peines. On a des détenus qui arrivent avec des tombées de sursis de 2017, 2018, ils viennent pour trois mois. C’est difficilement gérable parce que ce sont des gens qui viennent et repartent. Cela fait beaucoup de travail, au niveau des greffes, des personnels, des chefs de détention... il faudrait que ça s’arrête."