Finistère. Jean Le Cam repart pour un 6ème Vendée Globe

Publié : 10 octobre 2022 à 17h38 - Modifié : 10 octobre 2022 à 17h54 par Dolorès CHARLES

Jean Le Cam
Crédit : Yann Launay

Il avait été l'un des héros de la dernière édition, en prenant à son bord Kevin Escoffier, le navigateur breton Jean Le Cam repart pour un 6ème Vendée Globe au départ des Sables-d'Olonne en 2024, et dispose déjà de partenaires de choix à commencer par le Département du Finistère et la marque Armor-Lux.

Un sixième Vendée Globe est en vue pour Jean Le Cam, et cette fois, le navigateur a déjà ses sponsors, à deux ans du départ du port des Sables-d'Olonne en Vendée : il naviguera aux couleurs du département du Finistère et du fabricant de vêtements, Armor Lux. A 63 ans, "le Roi Jean" repart avec un projet qu'il souhaitait sobre, chiffré à un peu plus de 4 millions d’euros, avec la construction d’un nouveau monocoque. Armor lux et 10 autres entreprises bretonnes prendront en charge environ la moitié du budget, et l’autre moitié sera donc fournie par le Conseil départemental du Finistère.

Un investissement gagnant pour le Finistère

Pourquoi un tel engagement de la part d'une collectivité ? Maël de Calan, président du Conseil départemental du Finistère, avance trois raisons à Yann Launay : "la première, c'est parce qu'on pense que les Finistériens ont besoin d'un événement qui les rassemble, qui donne de la cohérence à notre département, qui fasse rêver... La deuxième raison, c'est qu'on a la compétence de l'attractivité. On doit faire rayonner le Finistère ! C'est une compétence obligatoire du Département et d'investir aux côtés d'un skippeur comme Jean Le Cam, c'est un investissement qui sera extrêmement pertinent et d'une certaine manière rentable pour le département du Finistère. Il y aura des retombées immenses pour notre département. La troisième raison pour laquelle on s'aligne sur le Vendée Globe, c'est qu'à chaque fois Jean Le Cam porte une belle cause. Et cette fois-ci, la cause qu'il portera, c'est celle de l'aide sociale à l'enfance. 2.200 mineurs sont placés sous la protection du département, ce sont des gamins qui n'ont pas eu grand chose dans la vie, et on a envie de leur donner quelque chose que les autres n'auront pas."

L'argent sera mieux dépensé en soutenant Jean Le Cam

Un tel investissement d’une collectivité locale dans la course à la voile, en ces temps de crise énergétique et de budgets serrés, peut surprendre. Mais pour Maël de Calan, c’est un investissement gagnant pour le Finistère : "le département dépense déjà beaucoup d'argent pour sa politique d'attractivité. Il n'y aura pas un euro supplémentaire qui ira dans cette politique. Quand on dépense cet argent pour notamment développer la marque, Tout commence en Finistère, eh bien est ce qu'il vaut mieux acheter des espaces dans la presse ou soutenir un bateau ? Le pari qu'on fait, c'est que notre argent sera mieux dépensé en soutenant Jean Le Cam, parce qu'en dehors du fait qu'on l'aide à partir et à financer son bateau, et à être sur le départ du Vendée Globe pour porter les valeurs du Finistère, la réalité, c'est qu'il y aura une retombée médiatique fantastique pour le département et notre marque. C'est aussi une mesure de bonne gestion de l'argent public."

Maël de Calan, président du Conseil départemental du Finistère
Crédit : Yann Launay

"On ne pouvait pas le laisser tomber"

De son côté, Armor Lux avait donné sa parole à Jean Le Cam il y a plus d’un an, avant la guerre en Ukraine. Pas question de revenir sur cette décision, mais Jean-Guy Le Floch, le PDG d’Armor Lux, espérait donner davantage… seulement la hausse du coût de l’énergie est passée par là : "chez Armor Lux, on passe d'un budget global énergétique de 500 000 € par an à un budget qui en 2023 va sans doute atteindre, voire dépasser les 5 millions d'euros. On est dans le fois 10. Si par miracle, demain, l'Europe peut trouver une solution pour capter le prix de l'énergie à 200 € le mégawattheure, bien sûr qu'on pourra envisager un budget un peu plus conséquent. L'outil que propose Jean est un outil fantastique en matière de com', en matière de notoriété, d'ancrage territorial. Voilà ce projet, on ne pouvait pas le laisser tomber."

Jean Le Cam et ses sponsors
Crédit : Yann Launay
Jean-Guy Le Floch, le PDG d’Armor Lux
Crédit : Yann Launay

Une construction mutuelle

Ce budget de 4 millions d’euros est inférieur aux budgets des grosses écuries : des choix ont été faits pour rationaliser les coûts. Le futur bateau de Jean Le Cam sera ainsi identique au futur bateau du navigateur Eric Bellion. Les deux Imoca seront construits dans le même chantier italien et lancés à quelques mois d’intervalle. Une mutualisation qui présente de nombreux avantages, comme le souligne Jean Le Cam :

"Pour partager tout ce qui est outillage, tout ce qui est on a un architecte etc. Naturellement, on voit bien que deux bateaux identiques c'est cohérent au niveau économique. Après au niveau entrainement, avoir deux bateaux identiques cela permet quand le deuxième sort d'avoir déjà vu les problèmes sur le premier et d'avoir la capacité à les résoudre le plus rapidement possible... La performance n'est pas qu'une question de bureau d'étude. L'outil est important, mais la maîtrise de l'outil l'est autant."

Jean Le Cam
Crédit : Yann Launay

Toujours sans foil

Le futur bateau de Jean Le Cam sera dessiné par David Raison, dont les bateaux ont déjà gagné des Mini-Transat et des Transat Jacques Vabre. Le monocoque de Jean Le Cam ne sera pas équipé de foils : ce n'est pas une mesure d'économie mais un choix technique assumé par le navigateur : "les prévisions de vitesse du dernier Vendée Globe, c'était 68 jours pour Hugo Boss, avec des foils... Ce sont des bateaux qui vont extrêmement vite, qui ont des pointes de vitesse énormes. Sur les petites courses, ils vont peut être aller à certains moments dix plus vite, mais après c'est un projet sur la distance et sur la distance tout seul, forcément en termes de risque et de compromis global, on n'est pas mal. Ce qu'on veut faire, c'est arriver déjà et après on verra bien."

Jean Le Cam
Crédit : Yann Launay

Le bateau de Jean Le Cam sera mis en chantier dans les jours qui viennent. Le prochain Vendée Globe s’élancera le 10 novembre 2024 des Sables d’Olonne. Lors du précédent Vendée, Jean Le Cam avait terminé 4ème, à seulement 10 heures du vainqueur Yannick Bestaven. Son sauvetage de Yannick Escoffier avait valu à Jean Le Cam la Légion d’honneur et en avait fait le héros de ce Vendée Globe 2020.