Vannes. Les agriculteurs attendent plus de Paris, et de Bruxelles !
Publié : 31 janvier 2024 à 9h02 par Dolorès CHARLES
Nouvelle journée de mobilisation dans l'ouest avec cette action coup de poing des agriculteurs de Loire-Atlantique, à l'appel des syndicats FNSEA et JA 44. Ils bloquent depuis hier soir 22h le pont de Cheviré. Dans le Morbihan, rassemblement à l'appel de la Coordination Rurale, devant la Préfecture de Vannes hier (mardi 30 janvier). Les doléances des éleveurs pourraient se jouer au niveau européen.
Les agriculteurs sont résolus à maintenir la pression car le discours de Gabriel Attal a déçu, à l'Assemblée nationale. Le Premier ministre, qui a prononcé son discours de Politique générale hier (mardi), avait ménagé une place à la crise agricole, mais il a de fait repris largement les annonces faites vendredi dernier. Peu de mesures nouvelles donc, et des agriculteurs qui restent sur leur faim. Cela pourrait se jouer au niveau européen, le président Emmanuel Macron a rendez-vous jeudi 1er février avec la présidente de la commission UE, Ursula von der Leyen. Et le chef de l'Etat espère d’obtenir des mesures en faveur des agriculteurs français...
"Vous avez un agriculteur qui se suicide tous les deux jours, on ne peut pas continuer comme ça. C'est le cri du désespoir."
Dans le Morbihan, Pierrick est éleveur à Plumergat. Il participait hier (mardi) aux actions organisées à Vannes par la Coordination rurale, devant la préfecture, la Cité de l'agriculture et un hypermarché. Pierrick attend beaucoup plus du gouvernement : il faut "tout remettre à plat et parvenir à un contrat tripartite entre grande distribution, transformateurs et agriculteurs. Si on n'a pas le droit de mettre notre nez dans la fixation du prix, c'est obligé que ça ne tienne pas. Ça se passe entre industriels et distributeurs et nous, on n'a pas le droit d'y être ! Vous avez un agriculteur qui se suicide tous les deux jours, on ne peut pas continuer comme ça. C'est le cri du désespoir. Aujourd'hui, il faut qu'on ait des réformes de fond sur l'agriculture."
Les regards tournés vers Bruxelles
Tout ne se joue pas à Paris, les agriculteurs regardent vers Bruxelles, ils attendent une révision de la nouvelle Politique agricole commune, et dénoncent tout particulièrement le principe des prairies permanentes : désormais, quand une parcelle sera en herbe depuis plus de cinq ans, elle devra définitivement rester une prairie pour stocker du carbone.
Une fausse bonne idée pour Stéphane, éleveur à La Vraie Croix : "notre boulot est de faire des rotations, une succession de cultures : après une prairie, on sème du maïs, on met des céréales et on remet en prairies. Nous labourons nos prairies parfois au bout de cinq ans, six ans ou sept ans. Aujourd'hui, nous aurons tous la contrainte de les labourer au bout de quatre ans et les effets vont être contraires à ce qui est recherché : on va labourer beaucoup plus de prairies alors qu'on aurait intérêt à les faire vieillir. On a ce couperet technocratique..."
Des citoyens venus en soutien des producteurs
Sur les blocages, les agriculteurs sont parfois rejoints et aidés par des citoyens qui n'appartiennent pas au monde agricole. C'est le cas de Lilian, venu à la rencontre des agriculteurs à Vannes. Il travaille dans la grande distribution mais juge légitime la mobilisation des agriculteurs : "Sans eux, il n'y a rien, il n'y a pas tous ces fruits et légumes. Or, c'est important d'avoir des fruits & légumes français et pas de l'autre bout du monde, alors qu'eux là-bas ils ont des produits interdits ici, et on les accepte quand même en France, ce qui n'est pas normal... Je dénonce aussi certaines entreprises de pâtisserie industrielle, qui vont chercher des cageots et des cageots d'oeufs en Espagne, alors que il y a l'oeuf français qui est aussi bien !"
Les actions se poursuivent ce mercredi, dans l'Ouest comme dans toute la France, et notamment donc à Nantes au niveau du pont de Cheviré bloqué "dans les deux sens pour une durée indéterminée". Gabriel Attal promet lui de nouvelles annonces dans les jours qui viennent.