Vannes. Le vainqueur de la Route du Rhum, c'est Multiplast !
Publié : 18 novembre 2022 à 17h34 par Dolorès CHARLES
La Route du Rhum ce n'est pas qu'une course entre marins expérimentés, entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) c'est aussi l'occasion pour les constructeurs de mettre en avant leurs compétences et leur savoir-faire.
Il a construit le bateau vainqueur de la Route du Rhum : le chantier morbihannais Multiplast signe une 4ème victoire consécutive. Dans cette édition 2022 de la transatlantique en solitaire, 14 bateaux sortent du même atelier vannetais, dont les multicoques de Thomas Coville, 3ème, et de Francis Joyon, 4ème. Un succès qui réjouit le directeur général de Multiplast, Yann Perfornis : "On met tellement d'énergie dans un bateau. Un bateau comme Gitana 17, Edmond de Rothschild représente 120 000 heures de travail... et de voir que le travail est récompensé, même s'il l'avait déjà été au travers des autres courses et victoires de Gitana, mais là, la Route du Rhum est quand même une épreuve phare. C'est une belle vitrine ! Il y a deux événements : le Vendée Globe en France, avec des bateaux Imoca dans lesquels on est moins représentés parce que lorsque l'on fabrique un grand multicoque, nos concurrents ont fabriqué plutôt plusieurs Imoca et on est donc moins représentés en Imoca et on n'a jamais gagné la Route du Rhum en Imoca... On ne peut pas dire que c'est toujours Multiplast qui gagne, mais il se trouve que les multicoques vont plus vite que les monocoques et le premier arrivé, le premier amarré à Pointe à Pitre, c'est un des bateaux qui sortent des ateliers vannetais."
La course ou un laboratoire de recherche
Pour Multiplast, les courses à la voile comme la Route du Rhum sont aussi des laboratoires qui permettent de progresser techniquement. Un savoir-faire qui ne profite pas seulement à la course au large : Multiplast a par exemple construit le mât en carbone et la voile rigide testée en ce moment aux Chantiers de l'Atlantique, à Saint-Nazaire, et destinée à équiper des cargos : "c'est une directe déclinaison de ce qu'on a pu apprendre sur la fabrication des mâts des bateaux de course depuis 30 ans. Auparavant, les mâts étaient en aluminium. Si on essayait pas d'aller plus vite que l'autre en allégeant le bateau et en ayant des bateaux toujours plus solides et toujours plus légers, on n'en serait pas là !
Grâce à ça, on va réduire la consommation sur une traversée de l'Atlantique de l'ordre de 30 % grâce au gréement qu'il y aura sur les cargos. Tout comme l'ABS arrive de la compétition automobile de Formule Formule1. Là, il y a un certain nombre d'inventions qui arrivent, de la course à la voile qui d'abord se déclinent sur les bateaux de Monsieur Tout le monde et ensuite qui se déclinent dans d'autres industries."
Un chantier polyvalent
Le chantier morbihannais, qui emploie 110 personnes, excelle désormais dans des domaines qui peuvent paraître éloignés de la course à la voile. Le spatial, par exemple : des pièces construites à Vannes quitteront bientôt l'atmosphère terrestre. L'atelier vannetais prépare des coiffes de fusées selon Yann Pernofis interrogé par Yann Launay : "c'est la partie haute de la fusée, c'est l'ogive qui protège les satellites. Quand la fusée décolle, elle traverse les couches atmosphériques, les frottements de l'air montent la température de surface à plus de 400 degrés. Notre pièce en composite est soumise à de fortes températures. On a des astuces pour protéger le composite, notamment avec du liège, et on a déjà livré des pièces pour les tests au sol, les tests vibratoires, les tests mécaniques et le premier vol sera dans 6 à 9 mois.
C'est une fierté, mais je crois qu'on commence à s'habituer à faire des choses si variées : quand on fait visiter notre entreprise à des industriels, ils sont étonnés de voir un bateau de course dans un coin, un radar à côté de nous, il y a des tabourets pour une grande marque de luxe... La cohérence là dedans, c'est notre capacité à mettre en œuvre du composite, du carbone, de la fibre de verre."
Multiplast vient de s'associer à Jeanneau pour construire en série un monocoque de 30 pieds (9 mètres) destiné à devenir une référence internationale de la course au large. Le bateau, en résine recyclable, sera construit dans l'usine Jeanneau de Cheviré, près de Nantes.