Vacances : quelles perspectives en Bretagne ?
Publié : 11 avril 2022 à 12h30 par Dolorès CHARLES
Les vacances de Pâques lancent par tradition la saison touristique : une saison 2022 qui s'annonçait record dans l'Ouest, mais la guerre en Ukraine et la hausse des prix ont sans doute changé la donne. Les explications de Yann Launay.
Les vacances de Pâques ont démarrré vendredi 8 avril 2022 au soir pour les enfants, certains (malgré le temps mitigé) sont partis en congés avec leurs parents, mais qu'en est-il des touristes dans l'Ouest. La saison passée la pandémie s'annonçait prometteuse mais la guerre en Ukraine et la hausse des prix ont bouleversé la tendance.
La Bretagne est une valeur refuge
Peuvent-elles changer les perspectives ? Où en est-on côté réservations ? La réponse d'Arnaud Burel, directeur de Golfe du Morbihan Vannes Tourisme, avec Yann Launay. "On a eu un démarrage d'année qui, en terme de réservations, était très dynamique, très encourageant. Depuis un mois, le téléphone s'est arrêté plutôt net, on a eu quelques annulations aussi. Malgré tout, on sait qu'on va vers plutôt une belle année 2022 : la Bretagne est une valeur refuge, avec une diversité de tourisme, une diversité de prix. Notre site web golfedumorbihan.bzh est a + 137% de fréquentation et en trois mois il y a eu 300 000 visiteurs uniques, et ça c'est un signal."
L'impact des élections
Cette saison touristique devrait profiter à la Bretagne, mais avec peut-être des contrastes selon le type d'hébergement : "sur les campings, on n'est pas très inquiets, ils nous disent même que les clientèles européennes reviennent. Nous sommes sur des progressions à deux chiffres... C'est moins vrai aujourd'hui sur la partie hôtellerie : il y a une inquiétude des professionnels, mais souvent les années d'élection, les gens se projettent moins. Les hôtels - restaurants nous ont dit que cela avait été plutôt calme jusqu'à aujourd'hui, ils espèrent que cela va démarrer juste après le premier tour et le deuxième tour des élections, le 24 avril prochain."
Un regard sur le prix
Si les touristes devraient être au rendez-vous, en Bretagne, ils pourraient surveiller de plus près leurs dépenses quotidiennes et adapter leur séjour. Pour Arnaud Burel, si "les gens se renseignent, ils sont inquiets et parlent beaucoup des prix, du déplacement. Ils vont devoir arbitrer certaines dépenses. Les clients qui viennent aujourd'hui pour faire du slow tourisme et se déconnecter. Ils vont faire de la randonnée, aller voir des expositions ou des festivals... C'est un territoire qui offre beaucoup de gratuité, et qui permet aux vacanciers de venir nombreux et avec des porte-monnaie différents".
Les anglais moins présents au camping
Pierrick Lofficial gère un camping à Erdeven, sur la côte morbihannaise. Comme la plupart des campings de l'Ouest, le camping des Ormeaux vient tout juste de rouvrir ses portes. Les réservations sont au rendez-vous, et le gérant se veut à la fois prudent et optimiste :
"Je suis confiant, on a vu la levée des restrictions par rapport au covid, ça donne envie aux gens de penser vacances, de partir mais de rester en France... Les Bretons du nord vont descendre en Bretagne du sud, pour faire moins de trajet. Quelques étrangers sont de retour : j'ai de la réservation d'Allemands, de Belges, de Suisses... Par contre, les Anglais sont nettement moins présents. On devrait faire une belle saison, mais il ne faut pas que les chiffres du covid explosent de nouveau, et viennent s'ajouter à ce que l'on voit sur l'Ukraine et sur le pouvoir d'achat."
Les touristes reviennent aux choses simples
Pour Pierrick Lofficial, un camping 2 étoiles comme le sien pourrait tirer son épingle du jeu, en étant particulièrement en accord avec les aspirations des vacanciers, et en accord avec leur porte-monnaie : "c'est familial et convivial, il n'y a pas de night club ou de bar, c'est moi qui offre les pots ! Les balades en VTT c'est moi qui les mène et c'est gratuit. L'année dernière, j'ai eu des gens qui sont venus ici un peu par défaut, des gens qui étaient habitués à l'étranger, aux hôtels club, avec piscine et tout... Mais ils ont changé, les gens reviennent à des choses simples, et cela va être encore plus le cas : mieux vaut peut-être prendre un vélo que d'aller faire des kilomètres en voiture, au prix où est le gasoil."
Des tarifs définis avant l'impact de la guerre en Ukraine
Si le taux de remplissage du camping s'annonce élevé, le résultat financier ne sera peut-être pas proportionnel. Le camping de Pierrick Lofficial n'échappe pas aux conséquences de la pandémie et de la guerre en Ukraine : "J'ai commandé des mobil-homes, ils sont en manque de matériel et c'est retardé : la livraison prévue mi-mars est reportée mi-juin. Nos frais vont monter de par l'achat du gaz : les bouteilles et la cuve de gaz pour le bloc sanitaire. Le carburant pour nos matériels et les véhicules... On ne peut pas changer nos tarifs maintenant : je les fixe l'hiver pour la saison à venir, en étudiant les statistiques de l'année précédente, mais pas en prenant en compte la guerre en Ukraine qui a démarré il y a 40 jours..."