Urgences : Une réorganisation tendue en Mayenne et en Vendée

Publié : 5 juillet 2023 à 11h13 - Modifié : 5 juillet 2023 à 15h55 par Emilie PLANTARD

Urgences Nantes
Urgences Nantes
Crédit : Emilie Plantard

L’été s’annonce délicat dans les hôpitaux, faute de médecins remplaçants. Certains territoires risquent d’en souffrir d’avantage, c’est le cas de la Mayenne et de la Vendée, où il est demandé d’appeler le 15 avant de se rendre aux urgences. Mais en Mayenne, les opérateurs du Samu prévoient de se mettre en grève.

L’été s’annonce particulièrement difficile dans les hôpitaux, où les tensions sur le personnel imposent une réorganisation des soins. Certains territoires sont plus touchés. En Mayenne, l’accueil des services d’urgences est suspendu la nuit depuis lundi 3 juillet, entre 18H30 et 8H et pour toute la durée estivale, il est donc demandé aux usagers d’appeler systématiquement le 15 en cas de besoin.

"Quand vous êtes face à quelqu’un en train de faire un arrêt cardiaque, c’est 10% de chances de survie perdue par minute où le patient n’est pas massé"

Une décision qui suscite une importante inquiétude chez les professionnels et notamment les assistants de régulation médicale, chargés de trier les appels. Ils demandent un renfort de personnel pour faire face au surplus d’appels. "La demande des collègues pour faire face à la régulation est d’être 23, or ils sont 14, détaille Sylvain Bihel, représentant syndical FO au CH Nord Mayenne. Forcément cela va poser des problèmes sur leur capacité de répondre. Déjà le week-end dernier, ils nous ont alertés sur le fait qu’ils ne soient pas en mesure de répondre de manière continue dans les délais. C’est-à-dire qu’ils doivent être en mesure de répondre aux mayennais sous 30 secondes, mais la nuit du week-end passé, il y a des mayennais qui ont attendu plus de 8 minutes. Quand vous appelez le 15 et que vous êtes face à quelqu’un qui est en train de faire un arrêt cardiaque, il faut savoir que c’est 10% de chances de survie perdue par minute où le patient n’est pas massé."

Sylvain Bihel, secrétaire adjoint FO au CHNM
Crédit : Emilie Plantard

"Il y a une pression énorme sur les équipes du 15

L’effectif d’assistants de régulation médicale n’est pas renforcé. Or, les appels sont déjà plus nombreux et le temps d’attente peut être allongé. Au risque de passer à côté d’une urgence vitale. "Depuis le Covid, on a enregistré en moyenne 30.000 appels non décrochés par an au Samu 15, regrette Sylvain Bihel  de FO. La grande inquiétude des collègues est de devoir faire face à une urgence vitale, qui passera à côté, où la réponse ne sera pas arrivée en temps voulu. Cela pèse sur les épaules. Quand les collègues ont appris que les urgences allaient être régulées sur tout le territoire, il y a des collègues qui se sont effondrés, qui se sont mis à pleurer, parce qu’ils ont capté tout de suite l’impact que ça pourrait avoir pour eux et pour les mayennais. Je peux vous assurer qu’il y a une énorme pression sur les équipes du Samu 15 en ce moment."

Au Samu, un appel à la grève a été lancé lancé, le rendez-vous est fixé samedi 8 juillet à 10H30 devant le Centre hospitalier de Laval, les syndicats appellent les usagers à se joindre au mouvement.

Sylvain Bihel, secrétaire adjoint FO au CHNM
Crédit : Emilie Plantard

En Vendée, un "mode dégradé" en cas de besoin

Appeler le 15, c’est également ce qui était demandé aux vendéens, qui voulaient se rendre aux urgences de Luçon, dans la nuit du 3 au 4 juillet. Luçon, où depuis deux mois, une association d’usagers se réunit chaque samedi devant le centre hospitalier, pour maintenir la pression contre ces fermetures nocturnes.

Evelyne Deluze préside l’ADSP Vendée, l’association de défense des services publics, et elle redoute de nombreuses fermetures cet été et leur impact sur la santé des patients. "Les craintes c’est une perte de chances pour les gens, c’est une panique, parce qu’en plus du fait qu’il y ait cette situation de crise, on ne sait jamais si c’est ouvert ou pas. On rajoute au stress du malade. En plus on culpabilise le malade, parce qu’on engorge les urgences, il faut appeler le médecin, le problème c’est qu’on n’en a pas. On culpabilise le malade qui doit supporter cette agression, c’est insoutenable."

L’inquiétude est également importante aux Sables d’Olonne où le service des urgences pourrait également passer en "mode dégradé" en cas de nécessité.

Evelyne Deluze, présidente de l’ADSP Vendée
Crédit : Emilie Plantard