Uniforme unique à Plouisy : le maire demande au Conseil d'école de trancher
Publié : 24 janvier 2024 à 10h34 par Dolorès CHARLES
Elle est la seule école publique de l'ouest concernée : Plouisy a accepté de tester l'uniforme à l'école. Ce mardi 23 janvier, la municipalité des Côtes-d'Armor a présenté la mesure aux parents, mais les enseignants ont déjà fait savoir qu'ils n'y étaient pas favorables. Pour le maire Rémy Guillou, il est toujours possible de faire marche arrière, il demande au conseil d'école de trancher.
Ce devait être la seule école publique de l'ouest à expérimenter l'uniforme, mais le projet a du plomb dans l'aile à l'école primaire de Plouisy, près de Guingamp (22). Les parents d'élève ont appris dans les médias, la semaine dernière, que Plouisy était candidate à cette expérimentation de la "tenue unique". Ce que le maire avait confirmé, en indiquant que son conseil municipal y était favorable... mais voilà : de nombreux parents s'y opposent, une majorité de parents, même, selon les représentants des parents d'élèves.
Pour rappel, Emmanuel Macron veut expérimenter le port de l’uniforme dans une centaine d’établissements scolaires dès la rentrée prochaine. Outre l'école de Plouisy, il y a le lycée professionnel maritime Jacques Cassard à Nantes, volontaire, ou le lycée Ambroise Paré de Laval, qui s'est depuis prononcé contre la mesure, et en Vendée, c’est la commune de Talmont Saint-Hilaire, qui est la plus avancée pour mettre en place une surchemise. Les conseils d’école vont se prononcer d'ici mars.
Une centaine de personnes pour dire Non à l'uniforme, à Plouisy
Hier (mardi 23 janvier) soir, une centaine de personnes se sont rassemblées devant la mairie de Plouisy, pour dire non à l'uniforme, alors qu'une réunion se tenait à l'intérieur avec le maire. Certains manifestants comme Emilie étaient venus avec leurs enfants : "Pour moi, c'est contraire aux valeurs de l'école publique ! Je suis persuadée que l'uniforme ne sert qu'à masquer les différences, qui seront quand même apparentes parce que les différences de moyens se verront dans la qualité des uniformes... et parce que l'école publique est là pour apprendre la tolérance, le respect, le vivre ensemble. Il y a des inégalités en France et dans les écoles, mais le travail des enseignants est d'apprendre aux enfants à vivre avec, et à se respecter malgré les différences, et non pas essayer de faire un simulacre de déguisement en pensant qu'on va régler tous les problèmes."
L'uniforme n'est pas la priorité
La manifestation était organisée par des syndicats et un collectif de parents d'élèves de Plouisy, qui vient de se créer. Parmi ses membres : Charline, maman de deux filles de 8 ans scolarisées à l’école publique de Plouisy. Pour Charline, cette initiative ne règlera pas les problèmes d'inégalité, de harcèlement, et à ses yeux il y a mieux à faire avec l'argent des uniformes : "on a de l'argent pour ces uniformes, mais on n'en a pas pour créer des postes, ou pour qu'il y ait des classes en petit nombre pour les enfants qui ont des difficultés d'apprentissage ou des difficultés à lire. On a des enfants qui arrivent en sixième, qui ne savent pas lire et d'un seul coup avec l'uniforme, cela va régler tous les problèmes. Non, il y a autre chose à faire... il y a des enfants en situation de handicap qui ont besoin d'assistant. Quand on aura réglé tous ces problèmes, on pourra rediscuter de l'uniforme mais ce n'est pas du tout la priorité !"
"L'uniforme ... ce n'est pas une mauvaise idée mais il aurait peut-être mieux valu tester la mesure en collèges et lycées."
A Plouisy les parents d’élèves ne sont pas tous opposés par principe, mais ils sont nombreux à rester sceptiques devant cette expérimentation : "Je ne suis pas pour, ni contre cela peut être bien mais il ne faut pas que ce soit trop compliqué à mettre en place. Ce n'est pas aux instit' de faire la police... Je suis partagée. Parfois, il faut mettre de l'ordre, du respect et de la civilité mais en campagne je ne vois pas l'utilité - c'est une histoire de politique... Cela aurait été pas mal de prévenir toute l'équipe de l'école en priorité, et pourquoi pas aussi les parents ? En soi, l'uniforme je trouve que ce n'est pas une mauvaise idée mais il aurait peut-être mieux valu tester la mesure en collèges et lycées, où cela a un réel impact qu'en primaire et maternelle.."
Le maire laissera le conseil d'école décider
De son côté le maire ne reconnaît pas d'erreur de méthode, et ne comprend pas forcément l'ampleur de l'opposition, mais pas question pour Rémy Guillou de passer en force. "c'est une bonne expérimentation à mener sur le fond, et après on en tire les conclusions, mais tant qu'on n'a pas fait l'expérimentation, on ne peut pas savoir. Si la majorité ne le souhaite pas, eh bien cela ne se fera pas. C'est une nouveauté et on sait que dès qu'il y a une nouveauté, il y a souvent des oppositions. Il y a aussi des gens qui sont pour, mais je souhaite qu'il y ait un sondage et le choix des parents sera évidemment respecté."
Si la décision est favorable, les uniformes seront inscrits au budget de la commune, soit 100 euros par élève, l'Etat apportant l'autre moitié de la somme. Le conseil d'école pourrait se tenir dans deux ou trois semaines, mais les représentants des parents d'élèves avaient un doute, ce mardi soir, sur la compétence juridique du conseil d'école à décider dans ce type de dossier.