L'espérance de vie est plus faible à Saint-Nazaire
Publié : 30 octobre 2023 à 12h40 - Modifié : 30 octobre 2023 à 12h43 par Tom ROSSI
Les chiffres de la surmortalité dans l'agglomération de Saint-Nazaire publiés par l'Observatoire régionale de la santé (ORS) inquiètent les habitants. Ils pointent du doigt la pollution industrielle.
Les habitants de l’agglomération de Saint-Nazaire vivent moins longtemps que les autres. Les hommes du bassin nazairien ont une espérance de vie inférieure de deux ans et demi par rapport à la moyenne nationale, selon une étude de l’Observatoire Régional de la Santé (ORS). Dans les 10 communes de l’agglomération, la mortalité des hommes avant 65 ans est supérieure de 42%. Et cet écart avec la moyenne nationale augmente.
"Il y a une fréquence plus importante de certains cancers sur ce territoire par rapport à ce qu'on observe en moyenne en Loire-Atlantique, indique Jean-François Buyck, Directeur de l'ORS Pays de la Loire. Il s'agit notamment des cancers du poumon, des voies aérodigestives supérieures et du côlon rectum. Si on s'intéresse à la mortalité, on observe des situations dégradées en termes de maladies cardiovasculaires et respiratoires (+17% par rapport à la moyenne nationale). C'est une situation inquiétante, à surveiller et qui nécessitera qu'on poursuive certaines investigations".
"Les industriels ne jouent pas le jeu"
Les associations d’habitants aimeraient qu’il y ait des études plus poussées sur les causes de ces maladies. Eux pointent particulièrement du doigt la pollution industrielle.
Une étude de zone pour identifier et localiser ces polluants est justement en cours depuis mars 2021. Elle doit se terminer en 2025. Mais sur les 143 entreprises sollicitées, seulement 63 ont répondu au questionnaire, ce que regrette Michel Le Clerc de l’AEDZRP, l'Association environnementale dongeoise des zones à risque : "Pour que l'étude de zone soit fiable, intéressante et exploitable, il faut que tout le monde joue le jeu. Il faut que les industriels donnent des renseignements complets et n'essayent pas de sa cacher. La crainte, c'est que demain, ceux qui veulent faire une étude plus poussée, nous disent que ces résultats ne sont pas assez nombreux et fiables, et qu'on ne peut rien faire."
Ce Dongeois ajoute : "Je suis persuadé qu'il y a une protection énorme des industriels. Dès que vous montez au créneau sur le sujet, vous êtes tout de suite accusé de vouloir fermer la boutique et de mettre des personnes au chômage. C'est faux !"
Des habitants pas conviés à la réunion d'information
Ces chiffres sur l'étude de zone en cours ont été présentés le mercredi 18 octobre lors d'une réunion privée avec le sous-préfet, le président de Saint-Nazaire Agglo, des élus du territoire, des professionnels de santé, des représentants de l’Agence Régionale de Santé et des associations d’habitants. Les médias et le public n'étaient pas conviés.
"Il y a de la colère et de l'agacement, confie Michel Le Clerc. On nous mène en bateau, on nous enfume. Tous les habitants ont le droit de savoir. Comment peut-on expliquer que sur des dossiers aussi importants qui concernent la santé des habitants, les principaux intéressés soient écartés? C'est inadmissible. Nos responsables contribuent à fabriquer de l'ignorance".