Une algue anti-acné découverte à Nantes
Publié : 3 février 2022 à 12h42 - Modifié : 3 février 2022 à 14h04 par Emilie PLANTARD
La découverte d’une équipe de recherche nantaise va peut-être bouleverser le quotidien de millions de jeunes à la peau acnéique. Les extraits d’algue étudiés doivent maintenant être introduits dans une crème, qui deviendra probablement une solution contre l’acné de forme modérée.
L’acné est une maladie chronique de la peau qui atteint plus de 3 adolescents sur 4 en France et pour laquelle il n’existe aujourd’hui aucun traitement. A Nantes, une équipe de chercheurs de l’Ifremer vient de déposer un brevet concernant les effets d’une micro-algue sur la maladie. Ses extraits, en les exposant à la lumière, agissent entre autre, sur les bactéries responsables de l’acné. Jean-Baptiste Berard est ingénieur d’étude à Ifremer à Nantes, il a coordonné le projet de recherche :
"En fait on a trouvé que dans cette micro-algue, des molécules avaient pour particularité de pouvoir être photo-activables et avoir des propriétés délétères pour des bactéries, entre autres de l’acné. Ce qui est intéressant dans cet extrait c’est que non seulement il est actif sur les bactéries responsables mais il limite la sécrétion de sébum. Il y a cette prolifération bactérienne qui est aussi permise par cet excès de sébum. Et donc nous, on a cette forme de double effet Kiss-cool et c’est pour ça que cet extrait il est très intéressant aussi."
Une crème efficace à la lumière
Cette découverte de laboratoire doit encore être testée cliniquement, mais elle démontre que les molécules de cette micro-algue peuvent être très efficace pour combattre la maladie, à condition de les exposer à la lumière. Les explications de Jean-Baptiste Berard, ingénieur d’étude à Ifremer à Nantes, et coordonnateur du projet de recherche :
"La photothérapie qu’on propose, c’est d’activer les molécules qui sont contenues dans la crème par la lumière. Donc en fait, chacun, en fonction de son mode de vie, peut très bien aller activer cette crème, soit en se baladant avec la lumière du soleil, soit utiliser un dispositif d’illumination à la maison. Il existe des appareils de photothérapie, on a aussi réfléchi à éventuellement trouver une solution avec la lumière du portable pour photo-activer la crème. Tout ça, ça reste des choses à mettre au point."
Cette algue, Skeletonema marinoi , commune sur le littoral atlantique, est facile à exploiter et cette découverte pourrait représenter une avancée très intéressante dans le traitement de l’acné légère à modérée. Mais ce n’est que le début, il reste encore à tester cliniquement cette découverte, puis à élaborer une crème capable de valoriser ces extraits d’algue et cela peut prendre encore du temps. Jean-Baptiste Berard :
"Maintenant c’est une nouvelle aventure, il y a tout un travail de formulation, ça va être d’intégrer l’extrait de micro-algue dans une crème qui va la contenir, savoir bien doser ce qu’il faut apporter comme extrait de micro-algue dans cette crème pour avoir des résultats optimaux. Donc j’aurais tendance à dire entre 3 et 5 ans maximum mais ça, c’est incompressible, il faut qu’il y ait énormément de tests qui soient faits dessus pour qu’il coche toutes les cases pour pouvoir être vendu au grand public."
Cette découverte va donc ravir les millions d’adolescents et jeunes adultes souffrant d’acné et s’il est trop tôt pour savoir si cette crème, accessible sans ordonnance, accomplira des miracles, on sait déjà qu’elle améliorera très probablement le confort de toutes celles et ceux actuellement sous traitement.
"En fait toute solution sera bonne à prendre pour plusieurs raisons. La première c’est qu’il n’y a pas vraiment de traitement efficace, et puis lorsqu’on propose des traitements pour des formes modérées à sévères, traitées par le milieu médical, on prescrit des antibiotiques, ou alors des traitements hormonaux. Et dans les 2 cas ça a quand même des impacts assez lourds. En fait, toute solution alternative, comme celle qu’on propose, naturelle et bio-sourcée, c’est toujours ça de moins comme option pour aller lutter contre l’usage un peu trop systématique des antibiotiques. Toutes les solutions alternatives sont bonnes à prendre."