Un vaste réseau de vol de pots catalytiques démantelé dans l'ouest
Publié : 14 mars 2022 à 9h48 par Emilie PLANTARD
Le groupement de gendarmerie de Rezé a mené une enquête sur le vol de pots catalytiques concernant le grand ouest et mis fin à un réseau de grande ampleur. Des centaines de pots partaient régulièrement pour la Pologne.
Vous avez peut-être déjà eu la mauvaise surprise de vous faire voler le pot d’échappement de votre voiture. Ces 6 derniers mois, le groupement de gendarmerie de Rezé et le groupe de recherche de Nantes ont enquêté pour faire tomber un vaste trafic de pots catalytiques. Ce fléau n’est pas nouveau mais il s’est intensifié en 2021, notamment au sud de Nantes. Les gendarmes sont donc parvenus à remonter la filière jusqu’à la région de Rennes où 5 membres d’une même famille, de nationalité polonaise, ont été interpellés le 2 février dernier. Inconnus des services de police, les receleurs récupéraient et convoyaient, 2 fois par mois, jusqu’à 800 pots en Pologne. Renaud Gaudeul est procureur de la république à Nantes :
"Les investigations ont permis non seulement de démanteler une filière qui permettait de procéder au vol de ces pots catalytiques sur l’ensemble du grand ouest, c’est-à-dire pas seulement la Loire-Atlantique mais également les autres départements, essentiellement en Bretagne mais ça a permis également de démanteler la filière de recel. Nous avions en l’occurrence une filière qui faisait régulièrement le tour des différents voleurs qui étaient répertoriés, pour les emmener sur un point de collecte situé dans la région rennaise, et depuis la région rennaise, une deuxième série d’individus procédait quant à elle au transport vers la Pologne où ils étaient écoulés et recyclés."
6 personnes ont également été interpellées pour des faits de vol en Loire-Atlantique. Tous les mis en cause seront jugés le 1er septembre prochain lors d’une audience dédiée, à Nantes.
Moins de vols à l’avenir ?
Les pots catalyseurs peuvent intéresser les réseaux de revente mais également, comme ici, le recyclage. Les pots sont composés de métaux rares et les cours se sont envolés dernièrement. Le rodium vaut par exemple autour de 500.000 euros le kg. En Loire-Atlantique, 379 vols ont été dénoncés en 2021, un chiffre en constante augmentation au cours de l’année. Suite à ces arrestations en février, le procureur de Nantes, Renaud Gaudeul, veut donc désormais croire en un ralentissement des vols.
"Tous les 15 jours, ce sont entre 700 et 800 pots catalytiques qui étaient transportés. Pourquoi cette communication un mois plus tard, c’était pour pouvoir évaluer quel était l’impact de cette opération sur ce phénomène de pots catalytiques. Et en l’occurrence, les résultats sont spectaculaires puisque sur une zone où nous enregistrions entre 42 et 56 faits tous les mois, nous avons enregistré en tout et pour tout, pour l’ensemble du mois de février, 2 faits. Je crois qu’on peut dire que c’est une opération qui a permis de casser cette filière d’écoulement de marchandise illicitement dérobée."
Les différentes interpellations ont permis la saisie de plus de 210.000 euros et 300 pots catalytiques.
Sans pot, des voitures bonnes pour la casse
Ces vols visent en général des véhicules essence, des modèles moins récents (de 1998 à 2012), où les pots sont plus faciles à enlever. Les propriétaires des voitures sont désemparés, les pots coûtent souvent trop cher à racheter. Le nombre de faits a donc considérablement augmenté en 2021, suffisamment pour que les gendarmes fassent le maximum pour casser la filière. Jusqu’à 200 militaires ont été mobilisés sur cette opération. Le lieutenant-colonel David Bolze, commandant de la compagnie de gendarmerie de Rezé :
"En fait on est très dépendants de la fluctuation des coûts des métaux rares, donc chaque fois qu’on a des aubaines pour les voleurs, on a des phénomènes grandissants. Là on a identifié ce phénomène pour plusieurs centaines de faits sur l’année et donc on s’est dit que ça valait le coup de concentrer notre action sur cette enquête. Le préjudice à chaque fois n’est pas gigantesque, par personne, mais en cumul c’était inacceptable, et puis il s’agit aussi d’une population qui n’a pas forcément les moyens de rouler en leasing et donc on a choisi d’orienter les moyens vers cette population-là qui est notre population de référence."
Les receleurs polonais, 3 hommes et 2 femmes installés dans la région rennaise, ont été présentés la semaine dernière devant la justice, ils risquent jusqu’à 10 ans de prison.