Un restaurant éphémère à Saint-Nazaire, pour recruter des candidats moins expérimentés mais motivés !
Publié : 21 mars 2024 à 10h09 par Dolorès CHARLES
Des événements sont organisés partout dans l’Ouest dans le cadre de la Semaines des métiers du Tourisme. Un restaurant éphémère s'est monté hier (mercredi 20 mars) à Saint-Nazaire, après Saint-Brieuc mardi. Les entreprises ont pu découvrir divers profils de demandeurs d'emploi, évalués avec une approche compétences différente. Reportage et témoignages.
C'est une nouvelle méthode utilisée par France Travail pour rapprocher restaurateurs et demandeurs d'emploi : des restaurants éphémères sont organisés cette semaine dans plusieurs villes de l'Ouest, pour la Semaine des métiers du tourisme. A Saint-Nazaire, c'est au lycée hôtelier Sainte-Anne que 8 demandeurs d'emploi ont pu approfondir leur connaissance du métier et mettre leur motivation à l'épreuve du terrain. Ils ont préparé et servi un repas complet, dégusté notamment par des hôteliers restaurateurs qui recrutent.
"C'est une sorte d'immersion, qui permet de me conforter dans mon idée..."
Parmi ces élèves d’un jour : Patrick, qui s’est essayé à la confection de tartes aux pommes, sous les conseils du chef Bruno Brétéché. "(ambiance) Je suis en reconversion pour l'instant, je viens de la logistique et je voudrais bien faire quelque chose qui me plait, et c'est la cuisine qui m'intéresse ! Je cuisine à la maison pour les amis, mais dans un milieu professionnel ça m'intéresserait. Je trouve que c'est bien l'immersion car c'est une forme d'immersion, cela permet de voir nos limites, les choses qu'on sait faire et pas faire, etc. Cela nous présente directement aux employeurs, et ça évite de faire trop de démarches. Moi, cela me conforte dans mon idée. Il y a juste la technique à apprendre."
"On remplit le verre, jusqu'à quel niveau ? "
Les demandeurs d'emploi n'ont pas forcément d'expérience professionnelle dans le domaine. C'est le cas de Julia, qui était comptable et qui cherche un métier plus dynamique. Au lycée Sainte-Anne, elle a participé au service en binôme avec Louise, une élève du lycée, sous les yeux d'Alexandre Thiebaud, gérant de deux restaurants au Pouliguen : "Vous servez les femmes d'abord puis les hommes... Vous demandez quelle eau. On remplit le verre, jusqu'à quel niveau? À peu près la moitié... Je me sens bien et pour l'instant ça va, je ne fais pas trop de bêtises. Tous les élèves sont sympas et me guide, explique Julia.
"on a plutôt tendance à recruter sur le savoir-être que sur le savoir-faire, qui peut s'apprendre au fur et à mesure.On recherche plutôt des candidats, surtout en salle, avec le sourire et du joli vocabulaire, des candidats hyper dynamiques plutôt que quelqu'un qui connait son boulot sur le bout des doigts, mais qui soit comme une porte de prison en salle."
"Le fait d'être mis en situation réelle de travail permet de s'assurer de la motivation du candidat."
Alexandre Thiebaud, gérant de la brasserie Jules et de la crêperie Le Bateau Ivre, au Pouliguen, et vice-président de l'UMIH -Union des métiers de l'hôtellerie de Loire-Atlantique. Ce concept du "restaurant éphémère" permet de s'affranchir des a priori, côté demandeurs d'emploi comme côté recruteurs, comme le souligne Julie Glenadel, de la Direction territoriale France Travail en Loire-Atlantique : "on se passe du cv, de la présentation du recruteur, du service RH, etc. Aujourd'hui, la pénurie de main d'œuvre a amené beaucoup d'entreprises à se questionner sur leur stratégie de recrutement, sur leur capacité d'accueil à des débutants, à des profils inexpérimentés. Les entreprises se donnent les moyens d'accueillir des personnes quand elles sont motivées. Le fait d'être mis en situation réelle de travail permet de s'assurer de la motivation du candidat."
C'est l'approche compétences
Quelle est la différence avec les immersions en entreprise, ou les évaluations pratiques d'un candidat ? Pour Grégory Béquet, responsable d'équipe à France Travail Saint-Nazaire, le lieu choisi change la donne : "pour un seul demandeur d'emploi, arriver dans une entreprise peut être parfois angoissant parce que c'est un nouvel environnement ... et dans le cadre d'un lycée avec des professionnels de l'enseignement, un encadrement par ceux-ci et aux côtés de jeunes, cela peut être plus rassurant. En plus, c'est un groupe, on vient avec quatre ou cinq personnes dans la même problématique de recherche d'emploi... On va plus se baser sur ce qu'on appelle l'approche compétences : est-ce que la personne sait bien s'intégrer dans un collectif ? C'est plutôt là dessus qu'on va chercher nos profils et qu'on va les présenter à nos futurs employeurs."
Plusieurs milliers de postes sont à pourvoir, dans l’hôtellerie restauration, dans le grand ouest. Au niveau national, plus de 200 000 postes sont vacants, d’après un décompte du ministère du tourisme, et même davantage si on inclut les besoins spécifiques liés aux Jeux olympiques.