Hemarina à Morlaix : un pansement à base de sang de vers marins, "qui sauve des vies"

Un pansement à base d’hémoglobine de vers marins, écrit comme ça, on fait la grimace, mais cette innovation bretonne peut sauver des vies ! C’est Hemarina, une entreprise établie à Morlaix dans le Finistère, qui a conçu ce pansement révolutionnaire. Ce dernier a déjà démontré son efficacité en sauvant un grand brûlé au CHU de Nantes l'été dernier, alors que son pronostic vital était engagé.

L'art de guérir avec la nature

Franck Zal, fondateur d'Hemarina et Docteur en biologie marine, a expliqué à Gianni Castillo, le fonctionnement de cette innovation médicale. Il dévoile les secrets de l'hémoglobine de vers marins et comment elle agit comme un catalyseur puissant dans le processus de guérison. "Ce n'est pas le ver marin en tant que tel c'est une hémoglobine. C'est ce qui lui permet de respirer et d'attendre le retour de l'oxygène à la marée haute. Finalement, ce que j'ai montré, c'est que lorsque l'on mettait cette molécule dans un gel - à base d'acide hyaluronique de xanthane, on permettait d'apporter de l'oxygène par la voie de topique, autrement dit par l'extérieur.

Imaginez, une personne brûlée ou blessée ou qui a vraiment une plaie difficile à cicatriser, souvent la microcirculation ne se fait pas bien et l'oxygène n'arrive pas par le sang du patient, et c'est un gel que l'on va mettre sur la plaie qui va remplir la plaie, et apporter de l'oxygène par l'air, l'extérieur et qui va apporter cet oxygène indispensable à la cicatrisation."

Crédit : Mathieu Le Gall

Un patient Nantais brûlé à 85%

Un homme de 32 ans, victime de brûlures graves dues à l'explosion d'un bidon d'essence dans son jardin, a pu bénéficier de ce traitement. Pour Franck Zal, la progression positive de sa cicatrisation est une lueur d'espoir pour tous ceux qui pourraient bénéficier de la technologie. "Nous avons commencé à cicatriser ce patient qui était dans un coma artificiel, au niveau du torse, parce qu'ils ne pouvaient pas prélever à des endroits différents pour la cicatrisation ... et en quelques jours puis semaines, la cicatrisation s'est mise en place, pour arriver à une cicatrisation quasiment sur tout le torse.

Pour la partie haute, qui représentait quasiment 40 % des 85 % du corps brûlé, la cicatrisation fut extrêmement rapide... entre cinq et six semaines. Le process de cicatrisation a eu lieu et ce patient est ressorti de l'hôpital sur ses deux jambes fin septembre - début octobre, alors que d'habitude pour un patient comme ça, il peut être hospitalisé pendant 9 à 12 mois, voire plus, dans des services de grands brûlés."

D’autres patients soignés grâce aux vers marins

D'autres patients sont traités avec ce pansement "magique". Franck Zal pense à d’autres histoires de guérison toutes aussi surprenantes, notamment celle d'une jeune fille qui lui a envoyé des photos : "elle avait tous les doigts nécrosés parce qu'elle avait fait une expérience, qui lui avait brûlé les doigts et j'ai revu des photos il y a quelques jours et elle refait de l'escalade ! Aujourd'hui, vous ne voyez quasiment plus rien. On a aussi traité une personne qui a eu un accident de la route, et qui avait été complètement brûlée sur plusieurs niveaux du corps, et pareil on l'a cicatrisée à une vitesse assez incroyable."

Autre exemple poursuit Franck Zal interrogé par Gianni Castillo : "une jeune femme avait été brûlée alors qu'elle cuisinait, au niveau de la poitrine avec de l'huile bouillante. En 20 jours, elle a été cicatrisée. Des plaies de brûlés, il y en a quasiment quotidiennement et à chaque fois on a les mêmes résultats, soit une accélération de la cicatrisation."

La reconnaissance par le prix Galien 2023

Hemarina a récemment été honorée du prestigieux prix Galien 2023, une reconnaissance qui distingue les entreprises les plus innovantes dans le domaine de la santé. Cependant, une question persiste : pourquoi ce pansement n'est-il pas encore autorisé sur le marché ? "En France la réglementation est très difficile explique Franck Zal, alors que les preuves sont là... Moi, pendant cinq à six ans, j'étais l'idiot de service qui voulait sauver des patients avec un vers marin. On disait que j'allais probablement faire du mal à des patient, et maintenant, que disent ces gens ? Ils disent - c'était tellement évident qu'avec cette molécule, on allait sauver des vies ! 

Aujourd'hui, je voudrais dire aux pouvoirs publics, au ministère de la Santé, aux autorités réglementaires, au président de la République : emparez-vous de cette technologie, elle est disponible et elle peut sauver vos concitoyens !"

Ce pansement ouvre de nouvelles perspectives dans le domaine médical. Franck Zal, pionnier de cette technologie, sort d'ailleurs son premier livre, "Un trésor sous le sable," ce jeudi 18 janvier aux éditions des Arènes, offrant un regard approfondi sur cette aventure scientifique passionnante.