Un investisseur reprend la Fonderie de Caudan : les syndicats guère enthousiastes
Publié : 4 juillet 2022 à 23h25 par Dolorès CHARLES
Un investisseur allemand se dit prêt à racheter pour l'euro symbolique l'usine Renault de Caudan, dans le Morbihan. Côté réactions, les syndicats ne sont pas sereins du tout et craignent une fermeture à moyen terme si la rentabilité n'est pas au rendez-vous.
On connaît le nom du repreneur de la Fonderie de Bretagne, à Caudan, près de Lorient : le fonds d’investissement allemand Callista se dit prêt à racheter l’usine au groupe Renault pour un euro symbolique. Les 290 salariés du site seraient conservés, et 32 millions d’euros d’investissements seraient prévus, pour moderniser les fours et préparer la diversification de la production. Mais 32 millions d'investissement à la charge du vendeur, Renault, qui accompagnerait le repreneur pendant deux ans.
Objectif rentabilité
L’objectif est de remettre l'usine sur la voie de la rentabilité dès 2025. Les syndicats veulent prendre le temps d'étudier le dossier, mais ils ne sont guère enthousiastes, écoutez les premières impressions de Maël Le Goff, représentant CGT de la Fonderie de Bretagne : "maintenant ce que l'on redoute, c'est un échec industriel. Ils vont venir là pendant 2 ans, ils ne vont pas mettre un "kopeck" ici, et qu'est-ce qui va se passer dans deux ans ? On ne sait pas... On a l'exemple de deux entreprises en Allemagne qu'ils n'ont pas réussi à redresser, et qu'ils ont fermées. L'impression qu'on a c'est qu'il n'y a aucun effort de cette entreprise-là, que tout repose sur les épaules de Renault, et j'imagine des pouvoirs publics qui seront surement sollicités. Ça nous donne un sentiment de déjà vu, on n'est pas sereins du tout..."
"Renault aurait pu financer et rester maître des lieux"
Les salariés craignent que le scénario de 2006 ne se reproduise : un groupe italien avait repris le site, pour déposer le bilan deux ans après. Les représentants du personnel comprennent mal cet engagement de Renault à investir pour transformer l'usine au profit de l'acheteur allemand : "Renault aurait pu financer et rester maître des lieux. Ils vont mettre la main à la poche pendant 2 ans, sur des investissements assez lourds, investissements qu'ils devaient faire et qu'ils n'ont jamais fait. Avec un objectif de pertes limitées en 2025, et si ça ne marche pas, on se doute bien que c'est une fermeture derrière. En plus, ils mettent une clause comme quoi tous les salariés qui sont ici peuvent rester chez Renault, donc partir ailleurs. C'est un peu bizarre : ils parlent de 0 licenciement, mais il y a sûrement des salariés qui vont vouloir rester dans le groupe Renault, ceux qui ont beaucoup d'ancienneté. Pour l'instant ce n'est pas un bon sentiment..."
Les salariés se réuniront ce mardi pour échanger avec leurs représentants. Le repreneur devrait venir se présenter au personnel dans une semaine, lundi prochain (11 juillet). La cession du site serait effective à la fin de cette année.