Près d'Ancenis, un chantier archéologique inédit sur la Loire
Publié : 7 octobre 2022 à 11h16 - Modifié : 7 octobre 2022 à 14h39 par Emilie PLANTARD
Des travaux de rééquilibrage du lit de la Loire ont donné lieu à des fouilles archéologiques préventives, sur 3 sites différents près d’Ancenis. Face à l’île Coton, les découvertes sont particulièrement intéressantes mais le timing est serré avant que le niveau du fleuve ne remonte.
Ce sont 3 sites différents, sur les berges de la Loire près d’Ancenis. Les archéologues de l'INRAP fouillent actuellement à proximité de l’île Poulas, l’île aux moines et l’île coton pour tenter de révéler les secrets des vestiges trouvés sur place, à savoir des bateaux, une pêcherie et des aménagements particuliers. A la pointe est de l’île Coton, ils sont 18 à travailler depuis début septembre, autour d’épaves de bateaux des XVII et XVIII è siècles.
Et ces bateaux font partie d'un aménagement totalement inédit dans la Loire, c’est ce qui fait le caractère exceptionnel de ce chantier que dirige Anne Hoyau-Berry, archéologue : "Ici on a 3 empierrements rocheux qui sont construits avec d’anciens bateaux chargés de pierre qu’on a fait couler le long de ces empierrements comme pour faire des digues. L’enjeu c’est de comprendre pourquoi ces structures sont présentes et comment elles ont été construites.
Des conditions difficiles
Les archéologues ont pour mission de dessabler l’empierrement et les bateaux, afin de les étudier et les documenter le plus précisément possible. Mais la mission n’est pas simple. Et si la sécheresse de l’été a facilité le travail, un chantier de fouille dans le lit de la Loire reste délicat et contraint par les caprices du fleuve.
"Ce n’est pas évident parce qu’à Ancenis, explique Anne Hoyau-Berry, responsable d’opération pour l’INRAP. On est soumis à la marée de Saint-Nazaire ce qui fait que 2 fois par jour, le niveau de la Loire monte et nous chasse donc on s’adapte. On a mis en place des plongées archéologiques mais c’est loin d’être simple. La date de fin c’est la Loire qui va la donner, quand la crue va se faire et il faut espérer avoir acquis suffisamment de données parce qu’on ne pourra pas revenir."
Un contexte exceptionnel
Sur place, le chantier de fouille est impressionnant. Une tractopelle continue de chasser le sable tandis que les archéologues dévoilent les débris de bateau et qu’une équipe de plongeurs effectue des mesures sous l’eau. L’équipe doit travailler vite avant que la crue de la Loire ne les chasse.
Pour la responsable d’opération, Anne Hoyau-Berry, cette fouille est une expérience particulière dans une carrière d’archéologue. "Ah oui c’est un chantier qui est vraiment particulier parce qu’il est très technique avec de nombreux paramètres de marée, de crue... Et en même temps c’est un trésor magnifique, avec des vestiges qu’on n’a a jamais étudié auparavant. Je pense qu’un site comme ça, à mon avis on en refait pas avant 20 ans.
Les fouilles devraient se poursuivre jusqu’à la mi-octobre, voire la fin octobre si les conditions le permettent. Ensuite, le chantier sera recouvert de sable et remis dans son état originel, comme le veut la pratique.