Ukraine : Saint-Nazaire doit accueillir de nombreuses familles
Publié : 22 mars 2022 à 10h32 - Modifié : 23 mars 2022 à 7h35 par Emilie PLANTARD
Ils sont entre 5 et 700 ukrainiens à travailler autour des Chantiers de Saint-Nazaire. Face à la guerre, nombre d’entre eux veulent faire venir leurs familles. Un défi pour le territoire, déjà sous tension en termes de logements.
Depuis le début du conflit en Ukraine, les réfugiés affluent dans toute l’Europe. A l’ouest, la région de Saint-Nazaire accueille entre 5 et 700 travailleurs ukrainiens engagés sur les Chantiers de l’Atlantique, le plus souvent via des entreprises sous-traitantes. Si certains sont repartis se battre dans leur pays, la plupart veulent rester et faire venir leurs familles. Le nombre de personnes est difficile à estimer, une cinquantaine est déjà arrivée sur place, mais la perspective de devoir loger décemment tous ces réfugiés inquiète le maire de Saint-Nazaire, David Samzun.
"C’est ce qui m’empêche de dormir actuellement. La difficulté, c’est qu’on peut avoir le cœur sur la main pour accueillir ces personnes mais en même temps il faut bien savoir où on les logre. Il y a bien le logement d’urgence, ça peut être envisagé mais comment on permet à ces familles de s’insérer sur le bassin de vie, il n’y a pas que Saint-Nazaire, sur l’ensemble du territoire de l’est du département. Ca me préoccupe mais sachez que je crois que Saint-Nazaire va être un peu particulier parce que on gagne de la population tous les ans, on est attractif soit pour les retraités, soit parce qu’il y a du boulot tout simplement, ici. Et donc ça va amener une pression supplémentaire."
Déjà difficile de se loger dans la région
A ce jour, 33 familles sont arrivées à rejoindre la région de Saint-Nazaire mais ce sont potentiellement plusieurs centaines de familles qui pourraient s’y installer durablement. S’il est normal d’accueillir les réfugiés de la guerre en Ukraine, cela survient dans un contexte de tension immobilière particulièrement marqué depuis quelques années.
David Samzun, le maire de Saint-Nazaire l'affirme, "je ne cache pas de logements inoccupés. La réalité des choses, c’est que nous avons aujourd’hui 4000 demandes chez le bailleur social, 2200 primo-demandes, nous avons plein de témoignages, très réguliers, d’hommes et de femmes qui n’arrivent pas à se loger, soit pour des raisons de coût soit tout simplement parce qu’il n’y a pas de produits. Cette tension elle ne va faire que s’aggraver et si on respecte les procédures, il faut plus 6 ans pour construire des logements. Il va falloir être agile, Saint-Nazaire va devoir s’adapter mais ceci doit se faire bien évidemment en accord avec l’Etat."
La saison estivale va démarrer
Dans le bassin de Saint-Nazaire, particulièrement attractif, même les solutions provisoires sont difficiles à trouver. Les hébergements touristiques ne peuvent même pas dépanner, tant la tension sur le logement est importante. Or, le maire de Saint-Nazaire ne veut laisser personne sur le côté.
"La réalité des choses, c’est que tous les campings, que ce soit à Saint-Nazaire ou à Saint-Brévin, sont saturés, sont complets, parce qu’ils hébergent y compris des actifs. J’ai de plus en plus de témoignages, comme d’autres maires, de salariés qui dorment dans leurs voitures parce qu’ils n’ont plus les moyens de faire 40 ou 50 km tous les jours. Tout simplement aussi parce qu’il y a des gens qui ne trouvent pas à se loger. Il y a une difficulté réelle. Et j’ai toujours dit qu’une politique du logement c’est avant tout une politique sociale, et c’est une politique de soutien au développement économique. Et si nos entreprises sont en train de prendre des commandes et c’est tant mieux, et qu’on n’arrive plus à recruter parce qu’on n’arrive plus à loger, là on va rencontrer de sérieuses difficultés."
La mairie face à un gros challenge
A Saint-Nazaire, la mairie réfléchit à des solutions pour accueillir et loger toutes ces personnes qui fuient la guerre. Cette problématique est une compétence de l’Etat mais le maire, David Samzun veut prendre sa part, et relever le challenge… dans les limites de ce qu’il est autorisé à faire.
"J’ai dit que j’étais prêt à tout envisager, bien évidemment avec l’accompagnement de l’Etat, que ce soit un accompagnement en termes juridiques, donc avoir des procédures beaucoup plus faciles et rapides que ce qu’on connaît habituellement. S’il faut demain matin aller mettre des bungalows, des modulaires, le temps de construire des logements plus pérennes. Mais vous savez, nos aînés ont su le faire ça avec ce qu’on appelle les baraques Herbins donc ce ne sont pas des sujets que je découvre. On entend souvent le maire, le bétonneur du coin, sachez que si on construit des logements, c’est qu’il y en a besoin."
A Saint-Nazaire, l’association Droujba récupère de nombreux dons à destination de l’Ukraine, mais c’est le CCAS qui gère les demandes de logements des réfugiés. La mairie tente de coordonner les associations entre elles.