Ukraine : l'universitaire nantaise Jenny Raflik-Grenouilleau tente de rassurer
Publié : 1er mars 2022 à 10h28 - Modifié : 10 mars 2022 à 8h19 par Dolorès CHARLES
Alors que les troupes russes s'approchent de Kiev et que les pourparlers n'ont rien donné hier (les deux parties se sont mis d’accord pour une prochaine rencontre), focus sur cette guerre en Ukraine, et ses enjeux avec l'historienne nantaise Jenny Raflik Grenouilleau.
6ème jour de guerre entre la Russie et l’Ukraine. Hier soir, les délégations des deux pays sont rentrées dans leur capitale à l'issue des premiers pourparlers organisé au Bélarus. Sur le terrain, l’armée russe a ralenti le rythme de l’offensive, mais s'approche de Kiev et au téléphone, Vladimir Poutine a confirmé à Emmanuel Macron vouloir la reconnaissance de la Crimée comme territoire russe. De nouvelles discussions sont d’ores et déjà prévues. Jenny Raflik Grenouilleau, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Nantes revient sur ces pourparlers, avec Anthony Boutin :
"Les négociations ne sont pas véritablement lancées, en particulier la Russie n'envoie que des négociateurs qui sont des seconds couteaux. Cela veut dire qu'ils n'ont pas encore vraiment l'intention de négocier. Je pense que les Russes attendent de prendre un peu plus de positions sur le terrain, pour négocier pleinement en position de force, et puis là on est encore dans une phase de surenchère. Les Russes menacent d'autres pays voisins, l'Ukraine demande ... immédiate à l'Union Européenne, finalement chacun agite ce qui fait le plus peur à l'autre pour pouvoir y renoncer et négocier ensuite."
La menace nucléaire - un coup de bluff
Sur les armes et la menace nucléaire brandie par le président Poutine, Jenny Raflik Grenouilleau tient à rassurer, cette menace fait partie de la stratégie en temps de guerre : "on est dans une logique de confrontation et de bluff aussi, c'est ce qu'on appelle la guerre psychologique, pour le moment il a mis en alerte le système de défense nucléaire cela ne veut pas dire qu'il va appuyer sur le bouton. Il ne faut pas paniquer pour le moment, la bonne réponse est venue de Joe Biden (le président US) qui a refusé de faire la même chose (...) Plusieurs armes sont d'ores et déjà déployées, il y a déjà des cyberattaques qui ont été déclenchées par la Russie à plusieurs reprises contre l'Ukraine et des pays occidentaux, et il y a aussi tout ce qui est armes économiques, qui est omniprésentes."
Des sanctions pour asphyxier le pays
Aujourd’hui les établissements publics (comme les hôpitaux) redoutent plus les cyber-attaques venant de Russie. Face à ce conflit qui aurait déjà fait plus de 100 civils tués, dont 7 enfants selon l'ONU, l'EUrope et ses alliés sont prêts à prendre des sanctions supplémentaires contre Moscou, dans le but d’asphyxier l’économie du pays. Récemment c’est la fermeture de l’espace aérien aux avions russes qui a été décidée. Pour aider l'Ukraine, Bruxelles a annoncé débloquer 450 millions d'euros pour financer des livraisons d'armes.
Une livraison médiatisée, ce qui est assez rare explique Jenny Raflik Grenouilleau, au micro d’Anthony Boutin : "cela ne se fait pas forcément de manière très médiatisée mais livrer des armes à des belligérants, cela s'est fait au Sahel assez récemment. Il y avait une initiative européenne qui livrait des armes au Mali. Il s'agit encore une fois plus d'un effet de guerre psychologique qu'un effet réel sur le terrain. Les livraisons d'armes sur le terrain vont être très compliquées à mettre en oeuvre, mais il s'agit de savoir comment les acheminer sur la ligne de front, alors que l'espace aérien est fermé, et que nous sommes dans un pays en guerre, et puis la 2ème chose c'est qui va les utiliser et comment. Tout dépend des armes qu'on livre, mais il faut des personnes qualifiées pour les utiliser sur le terrain."
Non à la propagande russe
C'est aussi une guerre des médias que se joue en bloquant la diffusion issue de médias russes. "Il faut empêcher aussi la propagande russe à notre sphère médiatique, c'est extrêmement important avec une lutte qui se fait au niveau des médias officiels et également au niveau des réseaux sociaux, qui sont très surveillés. Il y a une attention très particulière qui est mise sur les réseaux d'information russes."
Les chaînes YouTube des médias russes RT et Sputnik sont bloquées dans toute l’Europe par la plateforme de vidéos, annonce YouTube dans un courriel transmis à l’AFP. "Nous bloquons les chaînes YouTube de RT et Sputnik dans toute l’Europe, avec effet immédiat. Nos systèmes nécessitent un peu de temps avant d’être complètement opérationnels. Nos équipes continuent de surveiller la situation 24 heures sur 24 pour agir le plus rapidement possible".