Tennis. La Bérézina française vue par l'entraîneur malouin Christophe Cazuc

Publié : 31 mai 2022 à 8h48 - Modifié : 31 mai 2022 à 8h57 par Dolorès CHARLES

Roland-Garros (archives)
Crédit : Simon Reungoat

Alors que plus aucun français ne concourt en cette deuxième semaine de tournoi à Roland Garros porte d'Auteuil, on peut s'interroger sur la formation des joueurs et joueuses français. Le DTN Nicolas Escudé a poussé son coup de colère et "dézingué le tennis français." Réactions dans l'Ouest.

Il n’y a aucun Français sur les courts, en cette deuxième semaine à Roland Garros : les surprises Parry et Jeanjean chez les femmes, comme les adieux de Tsonga et Simon chez les hommes n’ont pas fait oublier le fiasco du clan tricolore, incapable de franchir la barre du 3e tour. La France est en 2e division du tennis mondial désormais. Dès dimanche soir, le DTN - Directeur technique national - Nicolas Escudé a tiré  le bilan des Français porte d'Auteuil et il n'est pas fameux. En poste depuis l’an passé, Nicolas Escudé veut relancer la formation française.

"Pour accélérer les choses et retrouver des résultats au plus haut niveau, Escudé veut mettre un gros coup de pied dans la fourmilière de la fédération et de la formation à la française..."

Aujourd'hui, le système ne marche plus

Le Malouin Christophe Cazuc est docteur en sociologie et entraineur de haut niveau, c'est avec lui que le breton Manuel Guinard a gagné ses premiers points ATP en 2015. Pour lui, la FFT, qui est la plus riche du monde, a besoin d’un nouveau souffle pour s’ouvrir à ce qui marche : "La Fédération Française de Tennis (FFT) ayant beaucoup de moyens et la possibilité d'entrainer beaucoup de joueurs, jusqu'à maintenant ce système-là avait fonctionné, au petit bonheur la chance, étant donné le nombre de joueurs et de joueuses : ils réussissaient toujours à un sortir un ou deux, et ça légitimait l'efficacité du système. Or aujourd'hui, le système ne marche plus ! Est-ce qu'on se met autour de la table pour discuter, comprendre pourquoi certains clubs formateurs obtiennent des résultats ? A partir du moment où cela fonctionne dans l'entre-soi, un groupe d'une trentaine de personnes qui gèrent la compétition du tennis en France, des anciens joueurs professionnels, il ne risque pas d'y avoir du changement."

Christophe Cazuc
Crédit : Simon Reungoat

La France s'est reposée sur les Mousquetaires

L'entraîneur Christophe Cazuc estime que les résultats de quelques stars tricolores ont été un trompe-l’œil ces dernières années : "Pendant très longtemps, les quatre mousquetaires, Gasquet, Simon, Monfils et Tsonga ont été parmi les 10 meilleurs mondiaux, permettant de maintenir le prestige du tennis français sur l'échiquier international. Cela a donné une image flatteuse de notre tennis, et les entraineurs de la Fédération se sont réposés sur ces lauriers-là. La formation des générations suivantes n'a pas été aussi efficace !"

Christophe Cazuc
Crédit : Simon Reungoat

Un luxe néfaste

Selon Christophe Cazuc, la Fédération Française de Tennis s’est embourgeoisée et reste frileuse à solliciter les compétences des entraineurs de clubs privés. "Moi je l'ai vécu à Saint Malo avec Manuel Guinard, comme Sébastien Vilette qui bosse bien à Saint Grégoire, même si cela reste compliqué : il faut savoir que la Fédération est la plus riche du monde, plus riche que les Fédérations américaines ou australiennes, et on se retrouve dans un luxe qui peut être un inconvénient. Les moyens sont là, mais avoir des entraineurs avec un niveau de motivation et d'exigence élevé, c'est encore autre chose !"

Christophe Cazuc
Crédit : Simon Reungoat

Christophe Cazuc, qui est aussi écrivain, publiera cet été le troisième roman d’une trilogie : après "Balle d’éveil" et "Balle ocre", son troisième ouvrage intitulé "Balle de break" sortira au mois de juillet.