Stop aux croisières de tourisme dans les ports bretons !
Publié : 15 mars 2024 à 11h25 - Modifié : 15 mars 2024 à 13h10 par Dolorès CHARLES
Stop croisières BZH demande aux élus bretons (Brest, Concarneau, Lorient, Saint-Nazaire, etc.) l’arrêt de l’accueil des paquebots ou à défaut, une concertation, sous peine de reprendre le mouvement. L’année 2023 a été marquée par de nombreuses actions hostiles à l’accueil de ces paquebots de tourisme.
Elles sont de plus en plus nombreuses, dans les ports bretons : les escales de navires de croisières vont reprendre, dans les semaines qui viennent, mais elles ne plaisent pas à tout le monde : le collectif Stop Croisières BZH demande aux élus et aux Chambres de commerce, de ne plus dérouler le tapis rouge aux paquebots de tourisme. Dans une lettre ouverte, le collectif dénonce en premier lieu l'impact environnemental de ces navires. Des ogres énergétiques au service d'une poignée d'individus, comme le souligne Antoine Dugor, porte-parole du collectif Stop Croisières BZH, interrogé par Yann Launay. "Les bateaux qui ont circulé en 2022 à l'échelle de l'Union européenne représentent à peu près 253 navires. Ils ont rejeté autant de pollution que l'équivalent de toutes les voitures en Europe, multiplié par quatre. Les mesures mises en place pour le moment permettent certaines améliorations mais elles sont pires sur plein d'autres aspects. Ces navires utilisent des scrubbers, les rejets de gaz sont mélangés à de l'eau marine; on pollue moins l'air mais on pollue plus l'eau directement.
"Ces navires polluent comme ce n'est pas permis !"
La grande mode est d'utiliser des bateaux au gaz naturel liquéfié - GNL - basé sur le méthane, qui pollue encore plus que tout ce qui est fioul lourd utilisé en ce moment. L'énergie qui est dépensé pour les croisières est complètement superflue. Monsieur ou Madame Tout le monde ne peuvent pas faire des économies sur leur consommation d'énergie sur le chauffage en hiver et voir dans le port arriver des navires de croisière qui polluent comme ce n'est pas permis."
Quid des retombées économiques de ces bateaux ?
Cette lettre ouverte a été envoyée notamment aux maires de Brest, Concarneau, Saint-Malo, Lorient, et Saint-Nazaire. Le collectif leur demande d'ouvrir une concertation avec les associations et les populations locales, et met en doute la réalité des retombées économiques de ces escales, qui ne seraient pas aussi importantes, assure Antoine Dugor. "On attend des rapports officiels avec des chiffres établis par un organisme indépendant. En fait, dire qu'il y a des retombées économiques sans apporter de chiffres cela ne vaut rien. Il y a des collectifs en Espagne, qui ont établi que les croisiéristes dépensaient 5 € ou 15 € à la journée. Si c'est ça la retombée économique, ce n'est pas hors normes !
Par ailleurs, les croisiéristes qui descendent du bateau, vont en bus dans des villes en situation presque de sur-tourisme. Ils vont à Locronan, à Quiberon, etc. Tant mieux pour ces villes, mais elles croulent déjà de touristes. On sait même pas le nombre de créations d'emplois qu'il y a derrière. Vu les catastrophes écologiques que cela va engendrer, même si cela apporte un peu d'argent, il faudrait trouver une autre façon de le faire, parce qu'on ne peut pas prendre un business qui va détruire notre planète et notre santé au passage."
La construction des navires doit être réorientée vers le marchand
Le collectif souhaite clairement la fin des croisières en paquebot de manière globale, et donc la fin des navires géants que peuvent construire par exemple les Chantiers de l'Atlantique, à Saint-Nazaire. Pour Antoine Dugor, cela ne signifie pas de supprimer des milliers d'emplois, c'est anticiper l'inéluctable : "si on continue dans cette voie on perdra ces emplois, parce qu'on ne pourra plus construire, on n'aura plus les matières premières et l'énergie nécessaires pour construire de nouveaux navires. Après, les Chantiers navals de Saint-Nazaire font aussi du marchand, on peut réfléchir à comment faire d'autres navires de commerce marchand... On veut mettre la pression sur les décideurs politiques car le choix des orientations politiques pour restructurer notre économie est dans leurs mains."
Pour Antoine Dugor, le tourisme maritime pourrait se développer d'une autre façon : "il y a énormément de bateaux de plaisance - de voiliers - qui ne sortent jamais des ports. On peut peut-être envisager dans un premier temps de faire en sorte que des sociétés récupèrent ces bateaux et mettent en place des croisières par voilier. Les contraintes ne sont pas les mêmes, cela dépend de la météo, l'expérience n'est pas la même, mais vous êtes sur quelque chose qui est beaucoup plus soutenable."
Le collectif demande l'ouverture d'une concertation, et menace de se mobiliser à chaque escale de paquebot, tout au long de la saison.