Janzé. Les éleveurs testent la production d'énergie solaire, en autoconsommation

Publié : 13 septembre 2022 à 7h42 - Modifié : 13 septembre 2022 à 9h22 par Dolorès CHARLES

Tracker solaire - Coopérative de Janzé (Mickael Auroy et Ophelia Sipan)
Crédit : Yann Launay

C'est ce mardi (13 septembre) l'ouverture du Space au parc des expositions de Rennes, sur le thème de l'élevage et du climat. Le ministre de l'agriculture Marc Fesneau sera présent. Focus sur la production d'énergie solaire, en autoconsommation, avec les éleveurs de poulets installés à Janzé (35).

Alors que le Space s'ouvre à Rennes aujourd'hui (mardi 13 septembre), le salon incontournable du monde de l'élevage, les coûts de l'énergie devraient alimenter bien des discussions dans les allées du parc des expositions. Les agriculteurs cherchent la solution pour réduire la facture et gagner en autonomie. A Janzé, près de Rennes en Ille-et-Vilaine, les éleveurs des fameux poulets veulent miser sur la production d'énergie solaire, en autoconsommation. 63 éleveurs vont installer un "tracker", un grand panneau mobile, près de leur poulailler, d'ici la fin de l'année. Des trackers conçus par la société bretonne OKwind, et reliés au réseau d'électricité.

L'intégralité des besoins de l'élevage, et de l'habitat couverts

Parmi ces éleveurs qui ont commandé un tracker, Yann Launay a rencontré Mickaël Auroy, technicien à la coopérative des fermiers de Janzé : "ce sera une espèce de panneau qui va tourner et suivre le soleil, histoire d'optimiser la production. 113 m², la taille d'une maison, sauf que quand on le met sur un poteau, ça ne paraît pas si important que ça. Cela va permettre de couvrir l'intégralité du besoin de l'élevage, et de la maison d'habitation. La nuit, il n'y a pas de soleil, donc on n'a pas d'électricité, mais on a la possibilité aujourd'hui d'injecter dans le réseau les excédents, au moment où on produit, quand on ne les consomme pas, pour les réutiliser la nuit, quand on en a besoin. Chez moi je consomme 38 000 kilowatts, et je vais produire j'espère 40 000 ou 41 000 en fonction des années."

MicKaël Auroy, technicien à la coopérative des fermiers de Janzé
Crédit : Yann Launay

L'intérêt du biface

D'une surface de 113 m² et doté d'un pied motorisé, le tracker destiné aux éleveurs est piloté par un algorithme qui optimise sa position, comme l'explique Ophelia Sipan, ingénieur chez OKwind : "il suit le soleil du matin au soir. Cela nous permet d'avoir une plage de production beaucoup plus longue sur la journée. Nous, on est sur des cellules bifaces, on capte sur la face avant mais aussi sur la face arrière, donc les journées un peu grises, où on a une lumière diffuse, le biface a vraiment son intérêt. Sur la région, ça produit entre 39 000 et 40 000 kilowattheure à l'année. A peu près l'équivalent de la consommation de trois gros foyers."

 

Tracker solaire - Coopérative de Janzé
Crédit : Yann Launay
Ophelia Sipan, ingénieur chez OKwind
Crédit : Yann Launay

La rentabilité en question

L'investissement est de plus de 50 000 euros, ce qui n'était pas forcément rentable il y a peu, mais qui l'est désormais, selon Ophélia Sipan, "parce que le tracker solaire n'est pas éligible aux tarifs d'achat EDF comme si vous installiez des panneaux sur votre toiture. On a trouvé des alternatives avec des partenaires privés, pour faire du stockage virtuel : les kilowattheure que les clients injectent dans le réseau, ils peuvent les consommer à d'autres moments, et ça s'efface de leur facture. Sinon il y a un autre système, qui est la revente de surplus sur le marché de l'électricité : l'agriculteur reçoit à la fin de l'année le chèque de ce qu'il a vendu sur l'année."

Ophelia Sipan, ingénieur chez OKwind
Crédit : Yann Launay

Les trackers en complément de l'unité de méthanisation

Les trackers solaires permettront de fournir l'électricité nécessaire à la ventilation des poulaillers, au nourrissage, à l'éclairage, mais ils ne permettront pas aux éleveurs d'être complètement autonomes en énergie : les trackers viendront compléter l'unité de méthanisation actuellement en construction explique Mickaël Auroy : "nos petits poussins, quand ils arrivent, ont besoin qu'il fasse 30° dans le bâtiment : cet été, ce n'était pas compliqué, on n'a pas consommé beaucoup de gaz... Mais l'hiver, on est forcément obligé d'en consommer un peu. C'est pour ça que la coopérative des fermiers de Janzé est en train de construire une unité de gaz vert. Ça couvrira davantage que la consommation des éleveurs de Janzé, puisque l'unité permettra de produire du gaz pour toute la commune de Janzé, 7 à 8000 habitants."

Mickaël Auroy, technicien à la coopérative des fermiers de Janzé
Crédit : Yann Launay

Les premiers trackers solaires seront installés dans les semaines qui viennent, et opérationnels fin octobre, début novembre. Quant au Space de Rennes, le salon international de l'élevage s'ouvre aujourd'hui, en présence du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, pour trois jours.