Solidarité. L'ouest vient en aide aux turcs victimes du séisme meurtrier
Publié : 22 février 2023 à 9h02 par Dolorès CHARLES
Le séisme survenu en Turquie et en Syrie, qui a fait au moins 47 000 morts et des milliers de blessés début février (2023), a ému bien des citoyens de l'ouest. Dans le Morbihan, l'Association culturelle turque du Pays de Lorient a envoyé sur place des camions chargés de matériels et de dons. Aujourd'hui, ce sont les dons financiers qui sont privilégiés.
Deux semaines après le séisme en Turquie, alors que les régions touchées essuient de violents répliques et que des centaines de milliers d'habitants sont sans abri, l'aide continue à s'organiser. Plusieurs camions chargés de dons ont quitté l'Ouest pour les régions turques sinistrées. C'est le cas par exemple pour deux camions partis de Châteaubriant (44), et qui viennent d'arriver à Kahramanmaras, l'une des villes les plus touchées. Deux camions chargés de matériel collecté en Bretagne par des structures comme l'Association culturelle turque du Pays de Lorient, dont Ahmet Makas est le porte-parole :
C'est compliqué de se loger et de se réchauffer...
"Dedans, il y avait des couvertures, des produits d'hygiène, des manteaux, etc. On est au mois de février, et il faut savoir que les températures le soir descendre en dessous de 0, et elles peuvent atteindre même jusqu'à -10°. Il faut se réchauffer, les gens ne peuvent pas rentrer même sur les bâtis qui ne sont pas totalement détruits, ils sont dehors. Ce sont des villes qui sont très peuplées... cela avoisine à peu près à 1 million d'habitants, dans chaque ville touchée... Tout ce qui est générateur et cabanon, on a essayé d'envoyer le maximum. Il y a quand même eu un élan de solidarité qui doit continuer car ce n'est pas fini. Il y a des gens encore qui dorment dehors, qui vivent dehors, donc il faut faire le maximum pour les abriter rapidement."
Les dons financiers préférés
Dans l'Ouest comme ailleurs, les associations privilégient désormais les dons financiers, pour acheter des denrées sur place en Turquie, et pour financer des abris pour les sinistrés, comme l'explique Bayram Acar, président de l'Association culturelle turque du pays de Lorient : "on s'est mobilisés humblement pour envoyer des camions de besoins primaires (de la nourriture, des couches pour bébés, des kits d'hygiène pour les femmes, des vêtements). Aujourd'hui, les stocks sont pleins car il y a eu énormément de dons du monde entier. Maintenant, ce qu'il faut c'est récolter des fonds pour financer des containers, pour loger les victimes. Financer aussi des WC mobiles... Aujourd'hui récolter des dons matériels, gérer des poids lourds, envoyer, etc. c'est aussi un budget. On se dit que c'est plus pratique de rassembler des fonds pour pouvoir financer des containers."
Une cellule psychologique ouverte à Lorient
A Lorient, un collectif s'est organisé pour collecter des dons à destination des sinistrés, mais aussi pour soutenir les familles turques et kurdes du Morbihan qui ont perdu des proches dans le séisme. A l'initiative du collectif, une cellule psychologique vient d'être mise en place, avec la participation de l'Agence Régionale de Santé. Des professionnels de l'Etablissement Public de Santé Mentale de Caudan assurent une permanence, de 14h à 17h, jusqu'à ce jeudi, à la Maison pour Tous de Kervénanec.
Une initiative pertinente aux yeux d' Ahmet Makas et Bayram Acar, de l'Association culturelle turque du pays de Lorient : "tous les Turcs d'ici ont été meurtris par ce qui s'est passé. Je pense d'abord aux personnes touchées, c'est à dire qui ont perdu des proches, qui ont dû subir aussi le fait de ne pas assister aux enterrements de leurs proches. C'est compliqué tout ça ! En fait, on a entendu en direct les cris, les pleurs, les larmes... Même si on n'est pas sur place, on a senti l'émotion de la famille là bas. C'est une catastrophe qui va marquer pendant plusieurs années les personnes et je pense que psychologiquement, les gens vont être touchés pendant plusieurs années parce qu'on ne s'attend pas à un séisme d'une telle ampleur. Certains parlent de perdre un proche comme ça soudainement, ça bouleverse une vie !"
Les constructions remises en question
L'heure est au deuil et à l'assistance aux rescapés, mais Ahmet ne cache pas son ressentiment envers ceux qui ont construit des immeubles au mépris des normes anti-sismiques, qui existent en Turquie, mais ne sont pas respectées : "Pour moi, les constructions en Turquie ne sont en général pas faites de manière à résister à des séismes de magnitude aussi forte que ça. Malheureusement, elles devraient ! Aujourd'hui, la question en Turquie se posait depuis longtemps. D'ailleurs, depuis le séisme 99 que j'ai vécu, c'est un gros séisme. Plus près d'Istanbul, malheureusement, on a tendance à oublier très vite. C'est à dire qu'une fois que le séisme passe, au début, tout est fait, on va dire, dans les règles de l'art. Mais après, plus ça va et plus est du laisser aller. C'est ce manque de sérieux de la part de toutes les personnes qui sont concernées. Toutes les personnes qui ont autorisé, qui ont fait ces bâtiments, qui sont aujourd'hui malheureusement les tombes de beaucoup de nos compatriotes à nous. Ils doivent rendre des comptes et c'est obligatoire. Ce temps là viendra."
Si vous souhaitez faire un don, apporter votre aide, vous pouvez contacter l'Association culturelle turque du pays de Lorient au 06 44 15 16 09. Des événements caritatifs : des spectacles, des ventes au profit des sinistrés, sont en préparation dans le Morbihan et ailleurs pour les semaines qui viennent.