SNCF : Le "Deux trains sur une même voie" expérimenté en gare de Rennes

Publié : 2 mars 2023 à 10h02 - Modifié : 2 mars 2023 à 10h04 par Dolorès CHARLES

Trains en gare de Rennes (35)
Crédit : Yann Launay

Quel plan d'action pour les années à venir pour SNCF Réseau Bretagne-Pays de la Loire ? Eh bien, d'abord la mise en place du dispositif "deux trains sur une même voie" expérimenté à Rennes, puis à Nantes, le développement du ferroviaire et la réduction de l'empreinte carbone.

Dans un contexte d'augmentation de la population et d'augmentation des besoins, SNCF Réseau va poursuivre la modernisation et le développement des voies ferrées, cette année, en Bretagne et Pays de la Loire, avec notamment la mise en place du système "Deux trains sur une même voie", qui sera expérimenté à Rennes en Ille-et-Vilaine... et c'est une première en France. De nouveaux portiques de signalisation ont déjà été installés, en gare de Rennes, et entreront en fonction en septembre prochain.

Un gain de performance

Le dispositif permettra de gagner de 20 à 30% de trafic en plus,  comme l'explique Christophe Huau, directeur SNCF Réseau Bretagne & Pays de la Loire, à Yann Launay : "on sera en capacité de faire garer deux trains sur un même quai, et cela va nous donner plus de place et une capacité à faire passer plus de trafic.. Le tout sans avoir à construire de nouvelles infrastructures, ce sont des systèmes informatiques électroniques qui sont mis en place... on arrive à avoir ce gain de performance. On va mettre en place une information pour les voyageurs, pour que les clients soient complètement confortables avec ce nouveau système, qui sera encore une fois opérationnel d'ici quelques mois."

Il s'agira d'éviter que les voyageurs ne se trompent de train, ce système a pour vocation à se déployer ensuite dans d'autres gares comme celle de Nantes en Loire-Atlantique.

Christophe Huau, directeur SNCF Réseau Bretagne & Pays de la Loire
Crédit : Yann Launay

Doubler la part du fret ferroviaire d'ici à 2030, passer de 9 à 18% de marchandises transportées par le train : c'est le souhait du gouvernement, qui l'a rappelé il y a quelques jours. Dans l'Ouest, la marge de progression est particulièrement grande : en Bretagne et Pays de la Loire, la part du fret ferroviaire est nettement inférieure aux 9% de moyenne nationale mais SNCF Réseau veut accompagner son développement en 2023.

La rupture de charge entre le train et le camion

Dans un contexte de gasoil cher et de pénurie de chauffeurs, le train est une solution pertinente, affirme Denis Deléris, directeur adjoint SNCF Bretagne Pays de la Loire. Il en veut pour preuve l'utilisation du rail, en ce moment, pour acheminer les tubes sur le chantier de construction de l'aqueduc Rennes - La Roche Bernard : "Saint-Gobain pour amener les tuyaux qui sont fabriqués en Lorraine jusqu'en Bretagne, plutôt que de faire le choix du tout camion entre la Lorraine et la Bretagne, fait le choix de traverser la France en train et puis, sur les derniers kilomètres, d'utiliser le camion. Nous, chez SNCF Réseau, nous disposons d'installations pour faire cette rupture de charge entre le train et le camion et donc le train arrive, ensuite, il y a une manutention, on passe ça sur le camion et le dernier kilomètre se fait en camion. C'est une réduction de l'empreinte carbone pour le chantier, pour l'industriel qui fournit les tubes et c'est bon pour le système ferroviaire."

Trains en gare de Rennes(35)
Crédit : Yann Launay
Denis Deléris, directeur adjoint SNCF Bretagne Pays de la Loire
Crédit : Yann Launay

Objectif,  la réduction de l'empreinte carbone

En 2023, SNCF Réseau veut aller plus loin pour réduire l'impact écologique de ses différents chantiers. La rénovation de la ligne Dinan-Lamballe, l'un des plus gros chantiers dans l'Ouest, va démarrer, et ce chantier a été entièrement éco-conçu, comme l'explique Denis Deléris : "cela veut dire que sur l'ensemble de nos procédés industriels, pour réaliser ce type de travaux, nous avons cherché systématiquement la réduction de notre empreinte carbone. Ça passe par l'utilisation de matériaux de réemploi : on utilise des rails qui viennent de lignes à grande vitesse, on utilise du ballast, donc de cailloux qui viennent de carrières à proximité... et quand on met tout ça bout à bout, on a réduit de 22 % notre empreinte carbone... Quand on fait ce travail, c'est aussi un travail qui permet de réduire la facture...c'est à dire que c'est un chantier qui finalement va coûter moins cher, et donc c'est moins d'argent public pour mieux d'écologie. C'est gagnant gagnant !"

Denis Deléris, directeur adjoint SNCF Bretagne Pays de la Loire
Crédit : Yann Launay

Beaucoup moins de produits chimiques

La SNCF ne reviendra pas sur l'abandon du glyphosate : elle était pourtant la plus grande utilisatrice de cet herbicide en France, mais a décidé de changer de méthode, l'an passé, pour entretenir les voies. Il n'y aura pas de retour en arrière, pour Denis Deléris, puisque les alternatives fonctionnent : "on est passé d'une politique du tout chimique à une politique mixte où nous avons bien sûr plus de mécanisation, du débroussaillage, de la coupe... On va garder des produits chimiques, mais qui sont beaucoup moins agressifs, et puis on va aussi plutôt que de se laisser envahir par des herbes, que l'on ne désire pas, choisir de planter ce que nous souhaitons, de l'herbe rase parce que ceci est totalement compatible avec le passage des trains. La vision que l'on avait du chemin de fer où il n'y avait pas une herbe qui dépassait, c'est terminé."

Denis Deléris, directeur adjoint SNCF Bretagne Pays de la Loire
Crédit : Yann Launay