Service National Universel : 18 000 jeunes volontaires en France
Publié : 30 juin 2021 à 10h45 - Modifié : 30 juin 2021 à 11h55 par Alexandra BRUNOIS
Après une expérimentation en 2019, puis une édition 2020 annulée, le Service national universel concerne cette année 18 000 jeunes. Des jeunes qui achèvent en ce moment leur séjour de cohésion, dans 122 centres à travers toute la France. Le SNU version 2021 reste sur la base du volontariat des jeunes, mais covid oblige, ces 15-17 ans ne quittent pas leur région. Reportage en Bretagne de Yann Launay
A Saint-Pierre Quiberon, par exemple, 96 jeunes bretons sont accueillis dans un centre de vacances, jusqu'à la fin de la semaine... Mais pas de bronzette ou de grasse matinée au programme : ils se lèvent à 6h30 et démarrent leur journée en hissant le drapeau et en chantant la Marseillaise. Ils enchaînent ensuite les ateliers secourisme, sport, réflexion sur les valeurs de République.
Les jeunes volontaires sont encadrés par des étudiants, des enseignants, et d'anciens militaires comme le directeur du centre : Marc de la Peschardière. Il définit ce séjour comme étant ni une colonie de vacances, ni l'école, ni l'armée... Et un peu tout cela à la fois...
Pour le gouvernement, l'un des principaux objectifs du SNU reste la mixité sociale. Une mixité encore incomplète, puisque les jeunes sont volontaires, et le directeur du centre observe une certaine homogénéité du groupe.. Mais juge la formule prometteuse
"On ne fait pas de différence entre quelqu'un qui arrive d'un quartier difficile, et un jeune issu d'une famille de cadres. Et eux, entre eux, dès le départ, ils sont en uniforme, ils ne font pas la différence... J'ai un jeune qui a eu un petit souci : il est plus grand que les autres, il vient d'une banlieue parisienne, on lui a parlé, on lui a dit : tu es le grand frère, du es comme les autres, et en 2 jours c'était réglé... Souvent on dit : les jeunes, ils sont pas bien, ils ne sont pas comme avant, etc... Mais pourquoi on le dit ? Parce qu'on n'est plus jeune... Mais ils sont super, nos jeunes d'aujourd'hui, ils ont plein de qualités, mais il faut leur dire qu'ils ont des qualités..."
Les jeunes ont beau être volontaires, cela n'empêche pas complétement les difficultés d'adaptation : "Je n'ai eu qu'une défection, d'une jeune fille un peu faible moralement, dès le deuxième jour elle demandait à rentrer, elle pleurait, on est tombé d'accord avec sa maman pour qu'elle puisse rentrer.. Trop de fatigue, une fatigue nerveuse... Il faut mieux qu'elle rentre, parce qu'elle était en souffrance..."
Parmi ces jeunes volontaires : Maëlle, 15 ans et demi, venue de Dinan, et qui souhaiterait devenir éducatrice de jeunes enfants
"Ce qui m'a plu dans le SNU, c'est surtout les activités : les parcours du combattant, l'activité sur le bateau "Le Français", le 3 mâts.. Ce que je recherchais dans le SNU, c'était surtout l'esprit de cohésion, et je ne suis pas déçue d'être venue : tout le monde s'aide, même si on n'est pas du même milieu. Le SNU, c'est plus strict que le lycée, mais niveau moral, je préfère le SNU : on est dans l'entraide, c'est mieux..."
Maëlle a aussi trouvé au centre SNU une hygiène de vie qu'elle souhaite conserver : "ça m'a donné le goût du sport... Il y a de la fatigue, parce qu'on se lève à 6h30, on fait des activités tout au long de la journée, on est tout le temps en train de marcher, en train de courir.. C'est fatigant, mais c'est bien... On se couche vers 22h30, et les téléphones sont enlevés à 22h15, la journée on n'a pas le téléphone, on n'y pense pas, ça nous déconnecte de tout, c'est bien..."
Clémence a 17 ans et vient de Berric, dans le Morbihan, pas si loin de Quiberon... Mais si le séjour ne l'a pas dépaysée, Clémence estime que ces 12 jours lui auront beaucoup apporté :
"La vie en communauté, les règles et tout ça, je pense qu'on a tous progressé là-dessus... Je m'attendais à quelque chose de plus strict, qu'on allait marcher au pas... C'est une fausse idée, on n'est pas pas du tout à l'armée ici.. Il faut être organisé, mais je pense que c'est quelque chose de normal... Il y a quelque chose qui s'est créé entre nous, on vit quelque chose d'exceptionnel, on ne le refera pas une deuxième fois, ça marque..."
Gaëtan, 15 ans, venu de Lesneven, dans le Finistère, retiendra plusieurs moments marquants du séjour, à commencer par cette sortie en mer à bord du 3 mâts "Le Français" :
"C'était un peu compliqué : j'ai appris hier que j'avais le mal de mer... J'ai un peu passé la journée patraque, sinon on a appris plein de chose : tout ce qui est matelotage, cartographier, étude du plancton... C'était vraiment bien..."
Après ce séjour de cohésion de 12 jours, les jeunes du SNU devront accomplir 15 jours ou 84h de mission d’intérêt général dans une association ou une collectivité. Une mission qui peut déboucher sur un service civique, sur un engagement dans les Jeunes sapeurs-pompiers, ou encore dans la réserve de la gendarmerie ou des Armées.
Le SNU pourrait devenir obligatoire pour tous les jeunes, en fin de collège, en 2024 ou 2025