Semaine Olympique et Paralympique : le sportif Alexandre Léauté auprès des élèves de Loudéac

Publié : 3 avril 2023 à 11h44 par Dolorès CHARLES

Alexandre Léauté à l'école de Loudéac (22)
Crédit : Yann Launay

La semaine olympique et paralympique démarre en France et dans l'ouest - elle se déroule du 3 au 8 avril, et a pour thème cette année l'inclusion. A Loudéac dans les Côtes-d'Armor, l'école a accueilli vendredi 31 mars le sportif Alexandre Léauté. Rencontre suivie par Yann Launay.

La semaine olympique et paralympique démarre dans l'Ouest comme dans toute la France, avec des animations, des rencontres, destinées à promouvoir auprès des jeunes les valeurs citoyennes et sportives. Et cette année, la semaine olympique est placée sous le signe de l'inclusion. A Loudéac, par exemple, l'une des capitales du vélo dans l'Ouest, c'est une jeune et déjà grande figure du cyclisme handisport qui a échangé avec des élèves : le Breton Alexandre Léauté, multiple champion du monde, médaillé aux Jeux paralympiques de Tokyo, et en lice pour la sélection aux Jeux de Paris 2024.

Je l'ai vraiment découvert quand je suis arrivé au collège avec les moqueries

Le champion de 22 ans a répondu aux élèves de l'école Sainte-Anne de Loudéac sans rien éluder, en évoquant avec simplicité son handicap, une hémiplégie du côté droit : "je suis né avec, et mes parents ont dû le découvrir quand j'avais deux ans, parce que je n'arrivais pas à marcher. Je n'arrivais pas à manger tout seul. J'ai été voir un kiné et il m'a demandé d'aller faire un scanner dans la tête pour voir et à ce moment-là, qu'ils ont vu un petit problème... 

Est ce que votre jambe et vos bras vous ont posé beaucoup de problèmes dans votre vie ? "J'ai toujours vécu comme ça donc pour moi, tout le monde était comme moi et il n'y avait pas de différence. Je l'ai vraiment découvert quand je suis arrivé au collège avec les moqueries. J'avais des chaussures orthopédiques - des chaussures sur mesure et je n'avais pas les chaussures Nike ou Adidas à la mode. Vu que j'étais un peu différent, les gens se moquaient de moi et c'était un peu compliqué. Mais aujourd'hui, ils veulent tous être copains avec moi, donc c'est cool. Si j'en suis là, c'est aussi grâce à mon handicap : est-ce que j'aurais fait tout ça si je n'avais pas été handicapé ? Je ne pense pas. Cela fait partie de moi maintenant."

Alexandre Léauté
Crédit : Yann Launay

Questions-réponses

Les élèves de l'école Sainte-Anne de Loudéac avaient une foule de questions à poser au jeune champion : Vous avez été combien de fois champion des Jeux Olympiques ? "J'ai été une fois à Tokyo aux derniers Jeux et j'ai eu quatre médailles..."

Est-ce que c'est pour le plaisir que vous faites le sport ? "S'il n'y a pas la notion du plaisir, si on n'aime pas aller sur le vélo, on arrête. C'est un sport où il y a du dépassement de soi même, mais c'est vrai que les premières compétitions étaient compliqué car j'étais avec des gens qui n'avaient pas de handicap, mais je me suis toujours accroché...."

Ça vous fait quoi une fois que vous avez gagné une compétition ? "Je ne suis jamais content de moi parce que j'en veux toujours plus. Quand j'ai gagné une compétition, il y a toujours des points négatifs et ce sont les points négatifs que je relève pour essayer d'être encore le meilleur possible ! Et il me manque encore plein de trucs à faire. Je suis quand même satisfait du travail que j'ai pu faire, mais je ne suis jamais content de moi."

Alexandre Léauté
Crédit : Yann Launay
Alexandre Léauté
Crédit : Yann Launay

Le respect mutuel des personnes

Evoquer son parcours ou parler inclusion avec les enfants est vécu par Alexandre comme un plaisir autant qu'une mission : "J'essaie de leur apprendre que les différences - tout le monde a des différences -  cela peut plaire ou pas mais apprendre à connaître chaque personne dans le fond avant de les juger sur leur apparence, accepter les gens comme ils sont, parce que c'est vraiment très important. Aujourd'hui, le physique et l'image sont hyper importants avec les réseaux sociaux et justement, il faut apprendre à connaître les personnes avant de pouvoir émettre un jugement. Moi, quand je me suis fait harcelé, je n'en ai jamais vraiment parlé. J'ai fait faire plusieurs bêtises quand j'étais petit par rapport à ça. Et si c'était à refaire : parler c'est hyper important."

Alexandre Léauté
Crédit : Yann Launay

Alexandra rêve d'une Marseillaise à la maison

lors qu'il n'a commencé le cyclisme qu'à 14 ans, Alexandre possède déjà un palmarès qui impressionne... Mais pas question pour lui de se reposer sur ses lauriers : il reste en constante progression, avec en ligne de mire les Jeux de Paris : "chaque sportif français qui se prépare a envie de faire les Jeux de Paris. Malheureusement, il n'y aura pas de place pour tout le monde. Pour moi, ne pas y aller serait la plus grosse défaite, et je pense que j'aurais du mal à m'en remettre, c'est pour ça que je travaille d'arrache-pied pour réussir...

Faire les Jeux paralympiques, c'est quelque chose de formidable et faire une médaille, c'est quelque chose d'incroyable... et avoir une Marseillaise en France devant le public français, je pense qu'il n'y a rien de mieux, c'est un rêve. J'avais déjà un rêve c'était de devenir champion du monde. J'ai eu un autre rêve, participer aux Jeux paralympiques puis de gagner la médaille d'or, et là j'ai encore un rêve c'est de chanter La Marseillaise dans le Vélodrome ou sur la course en ligne... et d'avoir tout le public français qui la chante avec moi."

Alexandre Léauté
Crédit : Yann Launay

Alexandre Léauté saura dans quelques mois s'il participera aux Jeux paralympiques de Paris en 2024, après les championnats du monde, en août prochain, à Glasgow. Alexandre pourra bientôt s'entraîner au vélodrome de Loudéac, qui ouvrira ses portes ses portes dans quelques mois.

La Semaine olympique et paralympique 2023 se tient jusqu'à ce samedi 8 avril, avec des rencontres et animations dans les écoles, mais aussi à l'université de Nantes par exemple (avec une conférence-débat le mardi 4 avril à la Halle 6 Ouest, une soirée danse le 5 avril au TU, et une Nuit du sport le 6 à la halle du SUAPS).