Sécheresse : l'inquiétude grandit dans le milieu agricole

Publié : 3 mai 2022 à 8h21 - Modifié : 3 mai 2022 à 8h32 par Dolorès CHARLES

GAEC DU BIO LEGUME MELRAND (56)
Crédit : Yann Launay

La sécheresse de ce printemps 2022 est déjà bien présente en Bretagne et en Pays de la Loire, les préfectures ont pris les premières mesures de restriction (Maine-et-Loire, Mayenne). Dans les champs, les agriculteurs sont les premiers impactés. Une difficulté supplémentaire.

Les passages nuageux et les quelques pluies épisodiques ne doivent pas faire illusion : ce début de printemps est particulièrement sec dans l'Ouest, et l'inquiétude grandit dans le monde agricole. Depuis l'été dernier, il est tombé de 15 à 40% de pluies en moins par rapport à la moyenne, selon les secteurs. C'est dans le pays de Pontivy et à Belle-Ile dans le Morbihan, que l'on trouve les déficits les plus grands.

L'arrosage a déjà commencé

Témoignage de Thibault Varet, qui cultive des légumes bio à Melrand, près de Pontivy, et qui avec son associé David Herbaut doit arroser comme en plein été : "Il faut régulièrement arroser pour être sûr de ne pas abîmer les cultures, pas mal de cultures de printemps sont sensibles aux coups de chaleur et aux coups de sécheresse, donc si on arrose pas régulièrement, on va perdre des cultures tout simplement (...) Nous avons un forage très profond (130m de profondeur) et il nous sort 2,5 m3, ce n'est pas beaucoup pour du maraîchage, on remonte l'eau dans une cuve de 40m3 et on se sert de cette cuve pour arroser. Normalement un forage comme celui-ci ne se tarit pas, chaque année on réinvestit dans du matériel d'irrigation, on cherche du matériel aussi plus performant... plus économe en eau, et plus efficace au niveau de la dispersion d'eau pour en consommer un peu moins et pouvoir être sûr sur la semaine d'arroser tout ce qui a besoin."

Thibault Varet et son associé David Herbaut
Crédit : Yann Launay

Quelles solutions sur le long terme

Devant ces épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents, qui pourraient se faire plus intenses encore à l'avenir, les agriculteurs cherchent à s'adapter. "Sur cette ferme, il y avait 13 sources dans les années 50 et maintenant elles sont toutes taries... On voit bien que nous nous dirigeons vers un système climatique plus compliqué, il faut chercher des solutions pour s'adapter. On se rend compte que potentiellement chaque culture aura besoin d'être arrosée, cela va être du coup de rallonger notre réseau d'irrigation pour pouvoir arroser partout, mais cela a un coût... A terme on pourrait faire une réserve d'eau sous forme d'un étang, mais il faudrait que ce soit vivant, avec des arbres et des poissons, mais cela coûte cher."

 

Thibault Varet
Crédit : Yann Launay

La sécheresse, une difficulté supplémentaire

Ce manque de pluie vient ajouter des complications à une période qui n'en manquait pas, "on est impacté par le coût du gazole avec les tracteurs, également au niveau des fournitures (tuyaux d'irrigation, raccords, etc.) Il faudra voir aussi sur les plants : les graines sont un gros point de charge dans le maraîchage, on va pouvoir comparer ça dans les semaines à venir... On est dans un contexte de consommation un peu étrange avec beaucoup d'irrégularité sur les ventes, on faire des marchés qui vont être très bien, et d'autres moins bien avec 30% de chiffre d'affaires en moins."

Thibault Varet
Crédit : Yann Launay

Premières restrictions

Dans l'Ouest, certaines préfectures locales ont pris des arrêtés de restriction d'eau, comme le Maine-et-Loire et la Mayenne. En cause, la "baisse précoce des débits des cours d’eau et la faible recharge des nappes d’eau souterraine", selon l’association France Nature Environnement. Le préfet de Maine-et-Loire a décidé début avril "de limiter l’usage d’eau en prévision d’une sécheresse particulièrement importante dès le printemps". Restrictions similaires prise par le préfet de Mayenne : "le peu de pluies hivernales a participé au manque de régénération des nappes phréatiques de la région".