Saint-Nazaire : une opportunité d'emploi pour de nombreux réfugiés ukrainiens
Publié : 13 février 2023 à 12h25 par Dolorès CHARLES
C'était il y a un an, dans la nuit du 23 au 24 février, la Russie lançait une invasion militaire en Ukraine, sur décision du président russe Vladimir Poutine. Des milliers de ressortissants ukrainiens ont fui leur pays et sont arrivés en France. Un an plus tard, que sont-ils devenus ? A Saint-Nazaire en Loire-Atlantique, l'entreprise Général Electric leur propose des formations et un métier.
Depuis le début de la guerre, la France a accueilli plus de 100 000 réfugiés ukrainiens, autour de 10 000 en Bretagne et Pays de la Loire. Certains ont trouvé du travail, parfois sur la durée : c'est le cas à Saint-Nazaire en Loire-Atlantique de 12 réfugiés qui achèvent leur formation de monteur mécanicien. Douze femmes et hommes, âgés de 21 à plus de 60 ans, et qui participent au montage des éoliennes, à l'usine Genral Electric de Montoir-de-Bretagne. Nataliia, 47 ans, a quitté Zaporijia il y a près d'un an, avec son fils de 18 ans et sa nièce de 12 ans. L'ukrainienne ne le cache pas, les premiers temps n'ont pas été faciles : elle ne parlait pas un mot de français, ne connaissait pas le pays.
Une opportunité précieuse pour Nataliia
Un an après, Nataliia ressent toujours de l'angoisse pour son mari resté en Ukraine, mais cette formation rémunérée est une opportunité précieuse pour Nataliia, qui s'implique pleinement : "c'est important pour moi parce que pas travailler, pas argent, et pas bonne vie... En Ukraine, je travaille comme professeur d'informatique, je travaille avec des enfants d'une école. Aujourd'hui, je suis mécanicien dans General Electric. Pas de problème maintenant, mais c'est un première pour moi et c'est un peu difficile. J'ai été impressionnée par la taille des éoliennes. C'est une très grande construction mais c'est devenu la routine pour moi... Nous sommes une équipe et merci de nous avoir tous aidés."
Le témoignage d'Igor
Ces 12 Ukrainiens sont d'âges et de profils très différents, certains travaillaient déjà dans la métallurgie ou l'électricité, mais d'autres étaient enseignants, ingénieurs, ou chef d'entreprise comme Igor, 50 ans. Celui qui a fui les bombardements de Karkhiv avec sa famille ne ressent aucun déclassement et se dit très satisfait de ce travail à l'usine de Montoir : "en 1989, juste avant de rentrer à l'université, je travaillais à l'usine, j'étais mécanicien, et je voulais vous remercier parce que pour moi, c'est un petit retour dans ma jeunesse. Je voulais remercier le gouvernement français pour tout le soutien et les aides que nous avons eues ici comme refugiés et bien sûr remercier les bénévoles français parce que sans leurs aides, ce n'était pas pareil. Bien sûr, le projet humanitaire est parfait, le projet d'intégration à l'entreprise française et j'espère que toutes les entreprises françaises seront contentes d'employer des salariés hautement qualifiés avec leur savoir faire. Je suis très content qu'on travaille parce qu'ici on ne vit pas comme des consommateurs, mais plutôt comme des gens qui travaillent et qui font des choses bien pour le pays..."
Un avenir en France désormais
Igor et sa famille ont été marqués par les bombardements. Son fils aîné est toujours en Ukraine, où il travaille dans un hôpital, mais c'est en France qu'Igor envisage l'avenir de ses enfants : "j'ai été obligé de partir d'Ukraine pour mes enfants, notre maison était partiellement détruite. Ensuite, nous avons déménagé mais mes enfants ont commencé à avoir peur... J'ai quatre enfants : mon fils aîné a 22 ans et il est actuellement en Ukraine. Il est en dernière année de médecine et il travaille à l'hôpital. J'ai une fille de 19 ans qui fait ses études en France et j'ai un fils de 9 ans et une fille de 3 ans. Tous les trois sont scolarisés en France et je suis là pour mes enfants. Bien sûr, si la situation se stabilise, peut être je vais retourner mais en revanche, mes enfants vont rester ici parce qu'ils sont bien intégrés dans la vie sociale française..."
Une réelle opportunité pour General Electric
Cette formation est aussi une opportunité pour General Electric, qui a des besoins de recrutement pour l'assemblage des nacelles d'éoliennes. Avec la participation d'Inserim, une société de travail temporaire d'insertion, et de l'association "Jobs Around", tout a été mis en œuvre pour faciliter l'intégration des Ukrainiens, comme l'explique Marie Anger, responsable ressources humaines du site de Montoir : "il faut savoir que ce projet là s'est réalisé très vite, mais il a nécessité plusieurs mois de préparation. C'est à dire que durant le temps de formation des Ukrainiens, lorsqu'il étaient à la Fab Académie, nous, on s'est préparés à les accueillir. On a formé nos chefs d'équipe, on leur a donné quelques notions liées à la culture que peuvent avoir les Ukrainiens... et on a aussi eu une traductrice qui est venue pendant trois mois sur le site pour traduire toutes nos fiches d'instruction, nos consignes de sécurité, etc. Aujourd'hui, on est très contents. Por tous les opérateurs de l'usine de Montoir, ce sont vraiment leurs collègues au même titre que leurs autres collègues."
Des parcours réussis et un CDI à la sortie
Implantée en Bretagne et Pays de la Loire, Inserim est spécialisée dans le travail temporaire d'insertion, et l'entreprise s'efforce de prendre en compte toutes les données de l'équation, avance Margaux Brousse, directrice générale d'Inserim : "on fait tout l'accompagnement global, c'est à dire le côté social, la mobilité, le logement... Il faut savoir que les Ukrainiens sont majoritairement hébergés chez l'habitant. Ils n'ont pas encore de logement fixe autonome, certains n'avaient pas de voiture... et après il y a le côté professionnel, le lien avec les managers chez General Electric... pour que tout ça arrive à des parcours réussis. Les douze personnes qui ont été embauchées au départ sont toujours en parcours et General Electric est très satisfait de la productivité des Ukrainiens et se projette durablement avec eux avec un CDI à la sortie de la formation."
Aucun abandon n'a été enregistré en cours de route, et les douze réfugiés ukrainiens comptent bien signer un contrat de travail, de moyen ou long terme, avec l'entreprise locale General Electric.