Saint-Nazaire. L'inflation a changé nos habitudes au supermarché

Publié : 3 mai 2023 à 10h39 - Modifié : 3 mai 2023 à 10h48 par Dolorès CHARLES

Centre Leclerc de Saint-Nazaire (44)
Crédit : Dolorès Charles

Plus d'un an après le déclenchement de la guerre en Ukraine, l'inflation pèse et influence notre consommation. Nous sommes allés dans un centre Leclerc de l'ouest, à Saint-Nazaire (44), pour faire le point avec le directeur du magasin. Pour Fabrice Le Floch, les habitudes des clients ont changé, il constate aussi davantage de vols en alimentaire et déplore toujours des "trous" dans les rayons.

L’inflation, que nous subissons depuis plus d’un an maintenant en France, a-t-elle changé nos habitudes ? A fortiori oui, à Saint-Nazaire en Loire-Atlantique, le centre Leclerc de l’Immaculée, propriété de Gaël Rigault, a vu sa fréquentation augmenter de 5% par rapport à l’année passée. Ce supermarché implanté dans la ville depuis 1977, et construit dans cette zone commerciale depuis 2002, dispose de 7 500 m2 de surface, et emploie quelque 400 collaborateurs avec les services annexes : drive, agence de voyages, etc.

Ce magasin propose plus de 80% de produits alimentaires, 10% de textile et environ 8% de bazar. Aujourd’hui, le directeur du Leclerc, Fabrice Le Floch, à la tête du magasin depuis début 2022, le constate : les clients privilégient les produits des distributeurs (MDD), ou les produits à bas prix comme les produits Eco+ et marque Repère chez Leclerc.

"Aujourd'hui, un client achète moins de produits qui nous l'achetait à l'époque quand on n'était pas dans un contexte inflationniste"

 "Aujourd'hui, les gens recherchent la qualité et certains produits MDD sont des équivalents de la marque nationale. On a constaté une baisse des volumes de produits achetés en magasin. Aujourd'hui, un client achète moins de produits qu'il n'achetait à l'époque quand on n'était pas dans un contexte inflationniste, et recherche de petits prix....

Quels sont les produits que les clients n'achètent plus aujourd'hui ? Gel hydro-alcoolique, rasoir... En effet, des produits d'hygiène depuis le Covid et depuis cette année, c'est un fait plus marquant, plutôt les produits non alimentaires, tout ce qui concerne les secteurs bazar et textile : pour le textile, c'est de l'ordre de 5 % à peu près et pour le bazar, c'est à peu près 10 % de baisse de fréquentation." Cependant, cette perte de chiffre d’affaire sur les produits non alimentaires est compensée par la hausse de la fréquentation du magasin.

Le directeur du Leclerc, Fabrice Le Floch
Crédit : Dolorès Charles

Des vols de produits non-alimentaires plus nombreux

Les clients seraient aussi plus nombreux à subtiliser les produits alimentaires, selon le directeur Fabrice Le Floch, qui constate une légère progression de vols à l’étalage, vols qui concernaient jusque-là les produits technologiques. " C'est difficilement quantifiable, précise-t-il, par contre, on a un peu plus d'interpellations par rapport à des vols sur de l'alimentaire mais on le constate également sur des produits non -limentaires, notamment sur des produits technologiques au niveau de l'espace multimédia. C'était le cas avant pour les produits technologiques mais on commence à avoir un peu plus d'interpellations par rapport à des vols sur des produits alimentaires, mais cela reste marginal malgré tout."

Centre Leclerc de Saint-Nazaire (44)
Crédit : Dolorès Charles
Rayon poissonnerie - centre Leclerc de Saint-Nazaire (44)
Crédit : Dolorès Charles
Le directeur du Leclerc, Fabrice Le Floch
Crédit : Dolorès Charles

Panier anti-inflation

Après avoir rechigné à rejoindre les autres distributeurs proposant un panier anti-inflation, l'enseigne de Michel-Edouard Leclerc a finalement décidé de bloquer les prix de plus de 1 000 produits. Pour Fabrice Le Floch, "ce qu'avait dit Michel-Edouard Leclerc, c'est qu'aujourd'hui, les prix de l'enseigne font qu'on n'a pas forcément besoin de mettre un panier anti-inflation, par contre, on a bloqué depuis le mois d'avril les prix des produits Éco +jusqu'à la fin juin pour participer au panier de l'inflation."

Certains distributeurs n'en profitent pas un peu pour alourdir la facture ? "Il se pourrait que certains fournisseurs en profitent pour augmenter les prix d'achat, effectivement. On essaie toujours de négocier au meilleur prix pour avoir le moins d'impact vis à vis des clients. Mais c'est vrai qu'avec le contexte actuel, la hausse de l'énergie, la hausse des matières premières, c'est difficilement quantifiable."

Le directeur du Leclerc, Fabrice Le Floch
Crédit : Dolorès Charles

Un achalandage compliqué

Autre difficulté, l’achalandage qui reste compliqué, avec des trous dans les rayons des grandes surfaces. "On a toujours des problèmes de livraison et logistiques qui sont dus à pas mal de choses  : dans les usines il y a peut être des soucis de personnels, et certains volumes ont augmenté ce qui fait que derrière, au niveau de la production, les industriels n'arrivent pas à suivre les demandes. Aujourd'hui, on est encore confronté à des trous dans les rayons et les clients se plaignent, surtout quand ils sont habitués à des marques spécifiques. Il nous arrive parfois de commander les produits, et finalement on ne les reçoit pas... Tous les jours on est sur des annulations de commandes, les produits ne sont pas arrivés en centrales d'achat pour être ensuite dispatchés dans les magasins."

Le directeur du Leclerc, Fabrice Le Floch
Crédit : Dolorès Charles

Le ticket de caisse n’est plus automatiquement donné aux clients, mais ils peuvent toutefois le demander à l’hôte ou l’hôtesse de caisse, et sinon ils peuvent le retrouver sur l’application ad hoc du magasin.