Risque de gel sur l'ouest : "cette descente d'air froid arrive au mauvais moment"
Publié : 22 avril 2024 à 12h51 - Modifié : 22 avril 2024 à 17h37 par Dolorès CHARLES
En ce début de semaine, les professionnels scrutent le thermomètre : un anticyclone pilote une descente d'air froid sur toute la France, et le grand ouest est concerné. Le risque de gel est bien réel, pour autant cela ne devrait pas durer. Pour Weather'n'co : "c'est une nouvelle manifestation du changement climatique".
L'inquiétude va durer encore plusieurs jours, pour les viticulteurs, arboriculteurs, jardiniers professionnels comme amateurs du grand ouest : le risque de gel va persister, et même s'accentuer, en ce début de semaine. La faute à un anticyclone qui pilote une descente d'air froid sur toute la France. Une situation bloquée au moins jusqu'en milieu de semaine, comme l'explique le météorologue Yann Amice, fondateur de Weather'n'co. "On voit que ce bloc anticyclonique est bien installé sur les îles britanniques, il ne va pas bouger ce lundi, mardi et mercredi. Ce n'est qu'à partir de jeudi que l'on pourrait avoir un petit changement de temps, c'est à dire un retour d'une petite dépression qui se mettrait en position sur l'Ouest Portugal.
Bientôt des températures de printemps ?
Quelque part, si cette dépression se positionne bien sur Ouest Portugal, on va rebasculer avec un flux de secteur sud-sud-ouest et la masse d'air froide, qui était bien campée sur la France, va progressivement régresser à l'Est. On va rechanger de masse d'air, et si on rechange de masse d'air, comme on est au mois d'avril, on retrouvera des températures de printemps. Comme l'ensoleillement est plus important, les températures peuvent monter un peu plus."
En attendant le danger est réel pour la végétation et les futurs récoltes, cette descente d'air froid arrive au plus mauvais moment. "Le départ de la végétation a été très tardif parce qu'il a plu beaucoup. Les bourgeons ne sont pas assez forts car ils viennent de sortir, et ils sont d'autant plus vulnérables s'ils sont exposés tout de suite potentiellement à des gelées. On a une phase qui est très délicate, et si on a un peu de vent, cela va contribuer à brasser la masse d'air (...) Le refroidissement est très important au niveau du sol, mais par contre si on a un peu de vent, il y a brassage et dans ce cas, le refroidissement est communiqué à toute la masse d'air, ce qui fait que les températures vont un peu moins baisser au niveau du sol."
Une manifestation du changement climatique
Ces descentes d'air polaire et risques de gel fin avril, début mai, n'ont rien d'exceptionnel pour la saison. Mais ils peuvent surprendre, à l'heure du réchauffement climatique. En fait, cette alternance rapide douceur - fraîcheur est une manifestation du changement climatique : "La petite séquence que l'on vient de voir au mois d'avril est très révélatrice, c'est à dire qu'on a eu un petit épisode très chaud, avec de nouveaux records à 30 degrés, ce qui est complètement inapproprié... et derrière on se retrouve avec une belle descente d'air froid et là on se retrouve tout de suite à des températures quasiment avec des gelées. C'est l'extrême variabilité du temps associé aux changements climatiques, des changements de masse d'air qui sont très rapides, mais qui sont très conséquents en terme de variation.
Les gens qui travaillent plutôt en extérieur dans le milieu agricole, ou les marins pêcheurs, sentent bien ce changement et ils l'ont perçu d'un point de vue empirique... Même Monsieur tout le monde a des difficultés à lancer son début de jardin ou à mettre en place ses cultures. On voit bien que les gens sont confrontés à des doutes... et ces doutes, avant, étaient beaucoup moins présents."
Une idée de la météo venir ?
Alors que les vacances de printemps démarrent, et que le pont de l'ascension suivra, a-t-on une idée de la météo qui nous attend ? "Sur mai, on sent bien qu'on devrait quitter ce fameux bloc anticyclonique, et revenir peut-être sur une circulation plus zonale classique de secteur ouest, mais ce n'est pas si bien dessiné que ça pour la première dizaine du mois de mai. Je pense que cette année on va être confronté à une sortie du printemps "compliquée" et si on regarde les projections des modèles globaux au niveau européen, on sent bien qu'il y a des anomalies de température, qui sont prévues quasiment à 1,5° par rapport aux normales pour juillet et août, beaucoup plus chaud... Je pense que la rupture va être encore bien marquée, pour le passage entre le printemps et l'été."