Retraites. La députée bretonne Mélanie Thomin critique la réforme qui pénalise les femmes

Publié : 31 janvier 2023 à 7h51 - Modifié : 1er février 2023 à 7h31 par Dolorès CHARLES

Mélanie Thomin
Crédit : Yann Launay

En marge de l'acte 2 de la contestation nationale contre la réforme des retraites, ce mardi 31 janvier, une question a été soulevée ces derniers temps, celle de l'impact de la réforme sur les trimestres des femmes. Les critiques de la députée du Finistère de la Nupes, Mélanie Thomin, interrogée par Yann Launay.

Les femmes seront-elles les grandes perdantes de la réforme des retraites voulue par le gouvernement ? Dans un premier temps, la Première ministre Elisabeth Borne avait soutenu que la réforme réduirait les écarts entre hommes et femmes, mais il y a quelques jours le ministre Franck Riester a reconnu que les femmes seraient "un peu pénalisées" par la réforme, "un peu plus impactées que les hommes".

Les femmes devront travailler plus longtemps

Le "un peu" a fait bondir la députée bretonne Mélanie Thomin : pour la députée PS (élue sous l'étiquette Nupes) du Finistère, cette réforme est injuste pour tous, mais encore plus pour les femmes : "Quand on regarde les chiffres d'un peu plus près, notamment les études d'impact qui accompagnent le projet de réforme, on se rend compte que dans l'effort à fournir par les uns et les autres, ce sont les femmes qui vont devoir fournir l'effort le plus conséquent parce que dans la programmation de cette réforme, les critères fixés par le gouvernement ne sont pas les bons. Les paramètres dont on va tenir compte pour les femmes ne prennent pas suffisamment en compte tous les accidents de la vie. Elles ont toutes les contraintes, propres aux femmes, elles peuvent avoir des enfants par exemple et cela ne va pas être correctement pris en compte dans le décompte de leur retraite et devront travailler plus longtemps que les hommes."

Mélanie Thomin
Crédit : Yann Launay

Les pensions revalorisées, vraiment ?

Le gouvernement explique que les femmes seront les premières concernées par la revalorisation des petites pensions, et par la retraite minimum à 1 200 euros. Une illusion pour Mélanie Thomin : "Le minimum contributif que nous vend le gouvernement comme étant la mesure phare de cette nouvelle retraite, est une arnaque. Ce qu'on oublie de dire aux gens, c'est que ces 1 200 €, c'est déjà du brut, et qu'ils ne concerneront que les personnes qui ont effectué une carrière complète. Quand on parle des femmes, on doit dire aussi que les femmes qui ont eu des carrières incomplètes, hachées, qui ont eu des emplois à temps partiel, ne pourront jamais bénéficier de ce minimum contributif à 1 200 € brut par mois. Quand on regarde les études autour de ce projet de réforme, on peut constater que finalement, c'est à la marge les véritables bénéficiaires de ce minimum contributif."

En 2020, l'écart des pensions de retraite entre les hommes et les femmes était estimé à 40%, en défaveur des femmes, selon la DREES - la Direction de la recherche et des statistiques.

Mobilisation contre la réforme des retraites (Lorient janvier 2023)
Crédit : Yann Launay
Mélanie Thomin
Crédit : Yann Launay

 Le projet de réforme se fait dans la précipitation

Alors que l'examen du texte démarre, à l'Assemblée nationale, Mélanie Thomin accuse le gouvernement de tout faire pour court-circuiter le travail des députés : "On a reçu le texte officiel très tardivement, il n'est à la disposition des parlementaires que depuis quelques jours. Le projet de réforme se fait dans la précipitation. J'ai été convoqué pour une prochaine commission défense, qui n'était pas à l'agenda parlementaire, ce mardi à 17 h 30, en catastrophe, pour que nous puissions étudier le texte, et les articles concernant la retraite des militaires. C'est une journée de grève nationale et pour me rendre à Paris, ce sera particulièrement compliqué de prendre un train. De fait, cette convocation en catastrophe ne me permet pas de pouvoir travailler dans de bonnes conditions la réforme des retraites à l'Assemblée nationale."

Mélanie Thomin
Crédit : Yann Launay

L'examen du texte a démarré ce lundi en commissions, avant une présentation en séance lundi prochain 6 février. Les députés auront alors jusqu'au 17 février pour débattre et voter sur ce texte, avant de passer le relais au Sénat.