Retraites. FO 35 : "Emmanuel Macron est méprisant envers les forces syndicales"
Publié : 22 mars 2023 à 18h03 - Modifié : 22 mars 2023 à 18h06 par Dolorès CHARLES
Peu après l'intervention d'Emmanuel Macron à la TV, les syndicats locaux ont réagi et ils ont peu apprécié le discours présidentiel. FO parle de "dérive autocratique très forte". La FSU fulmine face à l'annonce de remplacer les enseignants au jour le jour.
Emmanuel Macron était l’invité des JT de TF1 et France 2 ce mercredi midi, et sans surprise le président de la République a confirmé la mise en application de la réforme des retraites dans les prochains mois. Une réforme je le cite "difficile et nécessaire pour le pays". Interrogé par les journalistes des deux chaînes sur la vague de manifestations liées au passage en force (49.3), Emmanuel Macron a répondu qu’il "endossait cette impopularité" et fixe d’ores et déjà ses prochains caps : "le plein emploi et la réindustrialisation".
Le président ment
Pour lui, "aucune force syndicale n'a proposé de compromis sur la réforme des retraites", mais pour les syndicats et notamment Force Ouvrière, le président n’écoute pas. Fabrice Lerestif secrétaire départemental FO 35, y voit une forme de mépris. "Il n'écoute rien et il nous a parlé des concertations. Là aussi, on n'a absolument pas écouté les organisations syndicales. Il a refusé de les recevoir avec son geste condescendant... et puis les mensonges sur l'hôpital public, il a massacré les services publics qui ont de moins en moins de moyens pour œuvrer au service du public, sur l'école, etc. Ce sont des forces progressistes, les forces syndicales qui sont dans la rue, qui emmènent des millions de personnes pour le progrès social. C'est peut être aussi ce qui va susciter la colère chez nous, parce que c'est quelqu'un qui n'entend rien et qui nous amène de manière illégitime vers la régression sociale et démocratique."
Les enseignants remplaçés au pied levé ?
Pour le président Emmanuel Macron, "aucune force syndicale n'a proposé de compromis sur la réforme des retraites". Tout simplement aberrant, pour Bernard Valin, co-secrétaire de la FSU 44, joint par Dolorès Charles. "Il n'y a eu aucune négociation, il y a eu ce qu'on appelle des concertations où on a été sagement entendus. Les huit organisations syndicales (Intersyndicale) ont été reçues par Olivier Dussopt et Elisabeth Borne et ont fait des propositions, mais à aucun moment nos propositions n'ont été retenues et n'ont été prises en compte... Le président n'a que faire des forces syndicales. On a une dérive autocratique très forte parce qu'on a l'impression d'avoir une personne qui dirige seule le pays, et pour qui les députés, sénateurs et le gouvernement, ce ne sont que des faire valoir et c'est relativement inquiétant."
"Enseigner, c'est un métier qui s'apprend"
Sur l’annonce par le président du remplacement des professeurs du jour au lendemain, Bernard Valin, co-secrétaire de la FSU 44, n’y croit pas une seconde. "Cela peut toujours être possible si on demande à des gens qui ne sont pas professeurs de remplacer. Vous allez forcer des gens qui sont à Pôle emploi de venir passer une heure dans un établissement scolaire pour faire de la garderie. Enseigner, c'est un métier qui s'apprend. C'est un métier où on a une formation comme n'importe quel métier. On est environ 800 000 enseignants et enseignantes, de la maternelle jusqu'au lycée en France, c'est impossible de faire ça. On subit un nouveau mensonge d'Etat."
Le jour d'après : mobilisation demain
Le texte sur les retraites va donc poursuivre son chemin démocratique pour le président, avec l’examen par le Conseil Constitutionnel. Demain (jeudi), une nouvelle journée de mobilisation nationale est prévue partout en France et dans l’ouest avec de multiples défilés et appels à la grève. Fabrice Lerestif de FO 35 lance un appel aux français : "J'appelle solennellement tous les travailleurs, tous les jeunes, tous les étudiants, tous les retraités, tous les privés d'emploi à se mobiliser... et on continuera la bagarre, y compris par la grève et le blocage s'il le faut, économique et il le faudra très probablement si on retire pas sa réforme. Pour nous, la meilleure motion de censure, nous syndicalistes, c'est la grève, la manifestation et le blocage. On ne lâchera rien (...) De notre point de vue, toutes les manifestations de l'intersyndicale se sont passées de manière extrêmement responsable. Nous, notre force, c'est la détermination, la volonté de ne rien lâcher, jamais !"
Comment travailler demain ?
La suite s’annonce périlleuse selon Bernard Valin du syndicat FSU, pour le travail commun entre syndicats et le gouvernement : "Quand on voit comment on est traîné dans la boue par le président de la République, qui a dit quand même clairement que le 49.3 veut dire validation de sa loi alors qu'il n'a même pas eu le courage de la faire voter par son gouvernement. Cela montre bien que nous, on est dans une situation où aujourd'hui, il y a une rupture totale qui est faite avec le gouvernement et je ne vois pas comment on va pouvoir travailler. Alors en plus, ce qu'on entend derrière des mensonges comme quoi à partir de je ne sais plus quelle période, un enseignant absent sera remplacé dès le lendemain. Mais comment ? par qui ? On est face à un bonimenteur déconnecté de la réalité. Et c'est pour ça qu'on sera encore très nombreux dans la rue (demain, jeudi), parce qu'il n'a toujours pas compris que sa réforme des retraites, personne n'en veut."
Emmanuel Macron a souhaité discuter à nouveau de "l'usure professionnelle et la reconversion en fin de carrière", et promet de travailler à une "contribution exceptionnelle" de la part des entreprises quand il y a des profits exceptionnels. Enfin, Elisabeth Borne est confirmée à son poste et le chef de l'Etat ne compte pas opérer de remaniement gouvernemental.