Retraites : En Bretagne, des députés de la majorité ont porté plainte
Publié : 30 mars 2023 à 10h00 - Modifié : 30 mars 2023 à 14h44 par Emilie PLANTARD
Après le passage en force de la loi sur la réforme des retraites le 16 mars dernier, plusieurs députés ont été victimes de menaces à leur égard et leurs permanences ont été dégradées. En Bretagne, quatre députés Renaissance ont porté plainte, mais ils ne baissent pas les bras.
A Rennes (35), Landerneau (29), Dinan (22), Baud (56) ou encore Lannion (22), les permanences des députés Renaissance (ndlr : de la majorité présidentielle) ont subi la colère de certains opposants à la réforme des retraites. Sauf que cette fois, les élus ont porté plainte, car sur les murs, les propos étaient particulièrement violents. Le 19 mars dernier à Lannion, quelques jours après l’utilisation du 49.3 par le gouvernement, Eric Bothorel, député Renaissance de la 5è circonscription des Côtes d’Armor, a pu lire des menaces très claires, taguées près de sa permanence, d’une violence inédite là-bas.
La première plainte en six ans
"Il y avait deux façons de mettre fin à mes jours, c’était soit de me brûler vif sur un bûcher, soit dans le Léguer... Ce sont des messages qui sont très clairs, et c’est ce qui a motivé le fait que je dépose plainte pour la première fois en six ans. Qu’on aille à proximité d’une permanence pour y coller des autocollants, même des tags... Je ne dis pas que c’est plein de civilité mais ça fait partie du folklore de la contestation. Là c’était des messages plus menaçants et il n’y a pas de raison de laisser passer."
"Vendue = Tondue"
A Dinan, c’est à quelques heures de la manifestation du 23 mars que la permanence a été dégradée. "49.3 2 1 Boom", c’est ce qui était tagué sur le mur, ainsi que "Vendue=Tondue". Des propos qui ont particulièrement choqués l’élue Renaissance Chantal Bouloux, d’autant qu’elle a toujours milité pour le dialogue avec les partenaires sociaux et refusé le passage en force. "Pour moi aussi, ça a été une déception et une colère, je voulais que nous allions au vote et je fais partie de ces députés qui ont eu du mal à accepter le 49.3. Par contre quand j’ai vu l’état de la permanence, je crois que le terme surtout « Vendue = tondue » - ce sont des propos sexistes, qui rappellent des heures très sombres de notre histoire, des propos disproportionnés. Quand je vois aujourd’hui que l’intersyndicale n’a pas dénoncé ces termes, hormis FO, j’en suis encore plus touchée."
Respecter les institutions, dans l’hémicycle aussi
Chantal Bouloux est encore sous le choc de ces dégradations et leurs contenus haineux. Pour autant la députée mise sur une reprise du dialogue, mais également sur un effort des députés les plus agités au sein de l’assemblée. "Je ne m’attendais pas à cette violence, surtout que j’ai toujours œuvré pour le bien-être des gens et que là, ce sont des mots très violents qui font peur je l’avoue. Mais je ne suis pas découragée et je continue. Par contre je trouve qu’on a des difficultés à s’écouter. Pour les syndicats, ma permanence est ouverte, je n’ai aucun problème avec ces relations... par contre dans l’hémicycle, attention aussi aux propos, aux comportements, on va trop loin dans l’irrespect de l’institution."
Ne pas céder à la violence
L’avenir promet pourtant de nouvelles réformes, comme la prochaine Loi travail, qui ne risque pas d’apaiser le climat. Pas question pour Eric Bothorel de se décourager pour autant. Le député Renaissance ne veut pas céder à cette violence. "Je n’ai pas à être découragé sinon il faut faire autre chose, moi je regarde les électeurs, à peu près 30.000, qui m’ont confié pour un deuxième mandat les responsabilités pour lesquelles j’ai été élu, rien n’atteindra ma détermination à mettre en œuvre le projet pour lequel j’ai été élu, continuer d’écouter les doléances des habitants de ma circonscription, continuer à travailler sur les sujets. Je ne suis pas impressionné ou apeuré, sinon il faut changer d’activité."