Retraites : des milliers de manifestants partout dans l'ouest

Publié : 20 janvier 2023 à 8h38 - Modifié : 20 janvier 2023 à 8h43 par Dolorès CHARLES

Mobilisation contre la réforme des retraites à Lorient
Crédit : Yann Launay

La première journée de mobilisation contre la réforme des retraites a été massivement suivie en France et dans l’Ouest. Plusieurs milliers de personnes ont défilé à Vannes et Morlaix en ce jeudi 19 janvier, près de 10.000 à Lorient, 13.000 à Brest et Quimper, plus de 20 000 à Rennes (où il y a eu des heurts) et jusqu'à 50 000 selon les syndicats à Nantes. Quelques témoignages.

Ils étaient entre 8 et 10 000 à défiler dans les rues de Lorient, pour dire non à la réforme des retraites. La pluie n'aura pas découragé ces manifestants de tous âges, ces actifs du secteur public comme du privé. Yann Launay a rencontré Audrey qui est est AESH, elle s'occupe d'élèves en situation de handicap et elle n'est pas une habituée des manifs, mais elle tenait à défiler ce jeudi 19 janvier, comme plus d'un million de personnes en France. "En général, j'évite de manifester pour mes élèves, et pour rester avec eux en période de grève. Mais là, c'était crucial de le faire pour ne pas partir à 64 ans, voire pire. Je dirais même pas partir quand on ne pourra plus travailler. JE n'aurais plus la force de travailler avec mes élèves à 64 ans."

Audrey
Crédit : Yann Launay

"On va forcer les gens à travailler plus"

Pour certains manifestants, cette réforme change la donne de façon quasi immédiate : c'est le cas de Didier, cadre de la fonction publique territoriale, qui approchait de la retraite : "on devrait juste être sur le nombre d'années cotisées plus que sur un âge de départ à la retraite, parce que dans mon cas, j'ai travaillé toute ma vie et je vais encore être prolongé et cela ne me plaît pas. J'ai travaillé depuis 16 ans et dans ma tête j'avais fixé depuis quelques mois mon départ et là mon projet change. J'avais un projet à trois ans et maintenant c'est un projet à cinq ans... Il y a toujours ceux qui travaillent, et ceux qui n'auront jamais travaillé. Encore une fois, on va forcer les gens qui travaillent à travailler plus."

Mobilisation contre les retraites à Lorient
Crédit : Yann Launay
Didier
Crédit : Yann Launay

Il y a d'autres solutions

Si les agents du secteur public étaient très nombreux dans le cortège, on pouvait croiser aussi des employés du privé et même des cadres, comme Candice et sa collègue, qui travaillent dans une entreprise informatique : "on est tous des deux cadres d'une entreprise, et on participe au mouvement car il faut aussi que les entreprises privées s'y mettent. La France est un pays qui se bat pour ses valeurs et aujourd'hui, ce que l'État propose ne nous convient pas. On comprend qu'il y a un problème avec le financement des retraites, mais pas toujours sur les petits salaires. Il faut trouver d'autres solutions par le biais peut être des entreprises du CAC 40, les grosses richesses et se mettre autour d'une table et trouver des ouvertures."

Candice
Crédit : Yann Launay

Des étudiants se sont aussi mobilisés

Lou est en master à l'Université de Bretagne sud : "je vais arriver dans le milieu professionnel et on va me dire tu vas devoir bosser jusqu'à 64 ans et d'ici 20 ans ce serait peut-être 66 ou 68 ans. Si on accepte ça aujourd'hui, ils vont vouloir toujours nous ajouter des années de travail, et puis je viens manifester pour moi mais également pour les autres. J'ai des amis qui sont plus dans les métiers manuels, qui sont électriciens ou plombiers. Au delà du volet des années de cotisation, on va voler des années de vie... On vient ajouter deux années de boulot. On vient enlever deux années de possibilité d'être en milieu associatif, c'est à dire qu'on va bosser deux années de plus pour les patrons, et les actionnaires, mais derrière, on va pouvoir offrir deux années de moins pour les associations, pour aider les autres !"

Lou
Crédit : Yann Launay

La CGT Pétrole appelle déjà à durcir le mouvement par une grève de 48h le 26 janvier et de 72h le 6 février. Le syndicat propose également si nécessaire l’arrêt du raffinage. A la SNCF les perturbations durent jusqu’à 8h ce matin. Une prochaine journée de mobilisation est prévue le 31 janvier.

Le texte de la réforme des retraites sera présenté le 23 janvier en Conseil des Ministres, pour un débat au Parlement en février et mars.