Retraites : à Quimper, la mobilisation faiblit mais pas la colère...

Publié : 14 avril 2023 à 8h07 - Modifié : 14 avril 2023 à 8h11 par Dolorès CHARLES

Mobilisation à Quimper
Crédit : Yann Launay

Après 12 jours d'opposition à la réforme des retraites, le nombre de manifestants diminue dans les cortèges de Nantes, Rennes, Brest ou Quimper. Mais la mobilisation reste forte et les opposants déterminés à lutter contre cette réforme, dont l'avenir se joue aujourd'hui au Conseil Constitutionnel.

Douzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, hier (jeudi 13 avril), à la veille de l'annonce des décisions du Conseil constitutionnel. Dans l'Ouest, les chiffres sont à la baisse, autour de 50 000 personnes ont manifesté en Bretagne, plus de 11 000 à Rennes, 10 000 à Brest, 6 000 à Lorient, 5 à 10 000 à Saint-Nazaire, 3 à 4 000 à Quimper et Vannes où des cégétistes ont été interpellés, et plus de 1 500 à Quimperlé ou Lannion, etc. Des incidents ont éclaté à Rennes et deux voitures ont brûlé.

Des obsèques symboliques

A Quimper, les manifestants ont organisé les obsèques symboliques de la réforme des retraites, devant la cathédrale Saint-Corentin. Mais ils sont nombreux à expliquer qu'ils ne se font pas d'illusion, et qu'une censure du texte par les Sages serait pour eux une vraie surprise : "Le Conseil constitutionnel, j'ai vraiment espoir qu'il fasse son travail. Mais sincèrement, quand on voit la composition du Conseil constitutionnel, quand on voit qu'ils n'ont déjà pas fait leur travail, je n'y crois pas... Il y a du juridique et du politique dans cette affaire, donc jusqu'où le Conseil constitutionnel est capable d'aller ! est-ce qu'il va trancher que d'un point de vue juridique ?Est-ce qu'il va être capable de renverser les choses d'un point de vue politique ? On verra. Il y a peut être des paragraphes du texte qu'ils vont essayer de "botter en touche" pour essayer d'apaiser les choses... Si jamais on maintient cette réforme, ça va mettre encore plus de monde dans la rue. Les gens ne vont pas se calmer en disant ils sont plus forts que nous."

Ils étaient plus de 4 000 à défiler, dans deux cortèges qui se sont rejoints place de la mairie. Plusieurs centaines de manifestants ont ensuite pris la direction de la préfecture, et se sont retrouvés face aux forces de l'ordre. Après quelques tensions, le calme est rapidement revenu dans le centre-ville de Quimper.

Réactions de manifestants
Crédit : Yann Launay

L'usure psychologique et financière est là

Après 12 journées d'action infructueuses, une certaine usure, une certaine fatigue se fait jour chez les opposants à la réforme, mais la détermination reste ferme et la colère n'a fait que grandir au fil des semaines. Pour Céline Labrune, permanente CFDT dans le Finistère, difficile d'imaginer poursuivre indéfiniment la lutte, mais tout aussi difficile d'abandonner dans ce contexte : 

"Cela fait 12 journées d'action, tous les salariés ne peuvent pas se mobiliser parce qu'effectivement il faut débrayer et ils perdent de l'argent. Je pense que l'Etat compte beaucoup sur cette usure financière, psychologique, etc. Les militants, les permanents, ceux qui ont des heures de délégation, seront là. Maintenant, on ne pourra pas être là pendant six mois. On ne pourra pas faire grève pendant six mois. Cela plante le décor sur les relations entre les syndicats et le gouvernement. Quand on entend hier (mercredi) Emmanuel Macron dire qu'il est prêt à nous écouter : on aurait aimé être écoutés et entendus, surtout bien avant."

Mobilisation à Quimper (cercueil)
Crédit : Yann Launay
Céline Labrune, permanente CFDT dans le Finistère
Crédit : Yann Launay

On retournera dans la rue et on sera encore moins gentils

Marie et Katell sont infirmières et défilaient à Quimper, avec des collègues. Elles sont de toutes les journées de mobilisation, et elles ont déjà une idée très claire de ce qu'elles feront si, comme elles le craignent, la réforme est validée par le Conseil constitutionnel : "On retournera dans la rue et on sera encore moins gentils. Au début, on manifestait gentiment sans jamais rien faire, après, il commençait à avoir des actions un peu plus fortes, on bloque de plus en plus de choses, et peut être qu'à un moment donné, il faudra malheureusement qu'on soit vraiment pas gentils avec de gros blocages, ou de la casse. Je ne le souhaite pas, je ne l'encourage pas, mais ils sont violents avec nous, pourquoi on devrait rester sages !

Avec ces jours de grève, vous allez avoir un salaire moindre ? Bien sûr, je mangerai des nouilles un peu plus que le mois dernier. C'est le jeu, et c'est un choix. On n'a rien sans rien, mais je refuse d'être là jusqu'à 64 ans, dans les services à l'hôpital, soigner les gens, je ne pourrai plus ... donc on se bat !"

Marie et Katell, infirmières
Crédit : Yann Launay

Le Conseil constitutionnel devrait rendre sa décision ce vendredi soir et des appels à se rassembler ont déjà été lancés, à Quimper comme dans d'autres villes de l'Ouest, pour fêter ou dénoncer la décision des Sages.