Reporter ou annuler les Charrues pour cause de JO en 2024 : "décision hallucinante" pour Jérôme Tréhorel
Publié : 4 novembre 2022 à 9h55 - Modifié : 4 novembre 2022 à 14h55 par Dolorès CHARLES
Les plus grands festivals de France étaient invités au Ministère de la Culture en ce début novembre 2022 à Paris, après l'annonce de reporter ou d'annuler des évènements en 2024, pour cause de mobilisation des forces de sécurité pour les Jeux Olympiques organisés en France.
Ils se sont sentis écoutés, mais le sentiment est mitigé. Cette semaine, les plus grands festivals de France étaient invités au Ministère de la culture, à Paris. Une invitation qui fait suite aux propos polémiques du ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin, sur les possibles reports ou annulations d’événements lors des Jeux Olympiques de 2024 en France. Chose impossible pour un festival comme les Vieilles Charrues, qui a déjà des engagements pour son édition 2024.
Une décision hallucinante
Jérôme Tréhorel, le directeur général du festival de Carhaix (Finistère) : "Les JO sont annoncés depuis une dizaine d'années, et quand on candidate pour les JO il y a forcément l’aspect budgétaire qui est travaillé et présenté, mais il y a aussi l’aspect sécuritaire. On ne découvre pas moins de deux ans avant qu’il y a des festivals. C’est une des spécificités de la France et [les festivals] ce n’est pas que l’organisation d’un événement de concerts, c’est aussi toute la mobilisation d’un territoire... La décision de vouloir annuler des festivals est hallucinante. Le fait de proposer de reporter, notamment sur des grands rassemblements, ce n’est pas possible parce qu’on est sur des calendriers, et des agendas culturels qui sont européens. On est déjà en discussion et on a déjà fait des offres à des artistes pour 2024, parce que ça ne se prépare pas quinze jours à l’avance."
Des solutions au cas par cas envisagées
La ministre de la culture, Rima Abdul-Malak, s’est dite en recherche de solution au cas par cas, avance Jérôme Tréhorel. "La ministre a dit entendre et comprendre nos inquiétudes, qui sont légitimes par rapport aux annonces faites par le ministre de l’intérieur, et que la position du ministère était de trouver des solutions au cas par cas, de travailler avec nos préfets en département, parce qu’ils connaissent bien nos organisations... Elle a bien dit que des adaptations ne seraient pas possibles pour certains, et que l’Etat devait aussi s’adapter à accompagner ces événements et qu’elle allait continuer de faire en sorte de trouver des solutions, notamment avec le Ministère de l’intérieur et des sports."
Ou des adaptations...
Il a surtout été question de réorganisations et d’adaptation, ce dont sont largement capables les festivals, en témoigne la crise du covid durant laquelle les Vieilles Charrues ont réussi à maintenir leur édition 2021. "En 2016 on a déjà eu et vécu une très grosse coactivité sur le territoire français, notamment avec l’organisation de l’Euro de foot et la coactivité des festivals, et qui plus est dans le Finistère on avait en même temps que les Charrues ( un peu mins de 300 000) et le rassemblement des vieux gréements qui rassemble autour de 700 000 personnes... On a réussi, poursuit Jérôme Tréhorel, à trouver les solutions et les adaptations pour que ça puisse se jouer. En plus cette année-là, on était au pic du risque attentat puisqu’on était entre le Bataclan et l’attentat de Nice."
Un minimum de garantie et de visibilité
Toutes les réponses n’ont pas été données par le Ministère de la culture durant les deux heures de réunion, aussi une prochaine rencontre aura lieu mi-décembre. D’autres réponses sont attendues, concernant notamment les compensations financières en cas d'interdiction, pour Jérôme Tréhorel : "même si cela n’est pas une piste qu’on envisage ou que l’on souhaite, nous voulons savoir s’il y aurait des aides à hauteur des besoins. Là, le ministère et l’Etat savent parfaitement combien coûte l’organisation des festivals parce qu’on a été aidé, ce qui était exceptionnel, lors de la crise covid." Pour l'heure, il n'est pas question de compensations financières, mais de recherche de solution.
Une coopération européenne ?
Les festivals ont été force de proposition : ils ont par exemple évoqué la mutualisation des forces mobiles entre plusieurs événements, parmi tant d’autres réponses, selon Jérôme Tréhorel interrogé par Nolwenn Even : "on a posé aussi la question de la capacité de l’Etat supplémentaire en matière de sécurité, à savoir l’utilisation de réservistes de l’armée et pourquoi pas la mise en place de coopération entre pays ou coopération européenne. Cela existe quand il y a des catastrophes naturelles, pourquoi pas les solliciter pour l’organisation des JO ? On a aussi posé la question de la réquisition des agents de sûreté, qui travaillent sur notre événement, pour les JO... L’idée était de pouvoir préserver les agents qu’on a et savoir s’il y avait un problème de disponibilités de forces mobiles, si les agents de sûreté professionnels que l’on a, pouvaient avoir une extension de leur rôle sur l’espace public."
Le rôle des forces mobiles n’est pas le même sur un événement musical et sur une compétition sportive. Les festivals demandent enfin à avoir plus de visibilité sur les règles du jeu en cas d’épreuves sportives or Paris.