Rennes. Un spray pour conserver plus longtemps les fruits et légumes !

Publié : 11 mai 2023 à 11h21 - Modifié : 11 mai 2023 à 11h33 par Dolorès CHARLES

Romane Dieryck, Auriane Mabille et Lou Estines
Crédit : Yann Launay

A Rennes, des étudiants de l'école de chimie ont conçu dans le cadre de leur parcours scolaire, un spray qui permet de mieux conserver les fruits et les légumes. Un spray expérimental, comestible, et sans risque pour la santé. Explications.

Ils souhaitent lutter contre le gaspillage alimentaire : des étudiants de l'Ecole de Chimie de Rennes ont eu l'idée d'un spray, qui permet de conserver les fruits et légumes plus longtemps. Le projet, né dans le cadre de leurs études, en est au stade expérimental, mais l'idée a déjà été protégée. Il s'agit de pulvériser une substance protectrice sur les fruits et légumes pour ralentir leur dégradation.

"C'est un spray qui est comestible et sans risque pour la santé ni pour l'environnement"

Mais comment ça marche exactement, et que trouve-t-on dans ce spray  ? La réponse de Romane Dieryck et Auriane Mabille, co-créatrices du spray : "Une molécule qui est présente dans la carapace des crevettes (chitosan) est un polymère, c'est plein de petites molécules qui vont se relier entre elles pour faire un film, et cela va protéger le fruit. Cela retient l'eau dans le fruit. C'est aussi un facteur qui était important pour la conservation des fruits & légumes. L'eau qui est dans le fruit doit y rester parce que sinon cela va sécher... Et si on a des petites bactéries, des petits champignons qui sont dans le frigo, vu que le film est antibactérien et antifongique, ils ne vont pas pouvoir se poser sur le fruit non plus... C'est un spray qui est comestible et sans risque pour la santé ni pour l'environnement. C'est sans goût et cela peut se consommer normalement."

Romane Dieryck et Auriane Mabille
Crédit : Yann Launay

On essaie de faire un produit lui-même "zéro déchet"

Les étudiants ont travaillé sur le modèle économique de leur invention, mais au final, le spray sera-t-il vraiment accessible à tous les consommateurs, et s'il voit le jour, à quel tarif pourrait-il être proposé ? Yann Launay est interrogé Lou Estines et Auriane Mabille : "on est arrivés à un prix de 13 € pour la bouteille avec la première recharge. C'est un prix qui a été élaboré avec le prix des réactifs, comme l'acide lactique et aussi le prix du chitosane, dans des entreprises qui l'extraient à partir des carapaces de crevettes...

On essaie en tout cas de faire un produit qui est lui même zéro déchet, ce qui veut dire que le flacon est en verre, donc on pourra le réutiliser et on n'a aucun intérêt forcément à le jeter. Les pastilles de recharge qui sont solides, on va essayer de faire le moins d'emballages possibles, peut être seulement un carton recyclable, afin que le produit lui même soit ancré dans une politique de développement durable."

Lou Estines et Auriane Mabille
Crédit : Yann Launay

On va faire des tests sur différents fruits et légumes pour voir jusqu'où on peut aller dans la fraîcheur ?

La formule imaginée par les étudiants associe de l'acide lactique à du chitosane, issu de la chitine, un des composants principaux des carapaces de crevettes ou de crabes. Une substance sans goût et sans danger pour la santé. Mais à quelle efficacité faut-il s'attendre ? La réponse d'Auriane Mabille et Romane Dieryck. "On pense pour l'instant que cela pourrait donner quelques jours de plus, jusqu'à une semaine de plus, au fruit en terme de consommabilité. Par exemple pour les fraises, ne serait-ce que trois à quatre jours de plus, c'est déjà beaucoup !

On va faire des tests sur différents fruits et légumes pour voir jusqu'où on peut aller dans la fraîcheur, et quel est le nombre de jours ou de semaines qu'on peut afficher sur ce produit. On va, ensuite tous discuter ensemble pour savoir si c'est quelque chose qu'on aimerait bien monter et si quelqu'un voudrait le faire. Pour l'instant, on est encore en plein dans les études, donc cela va être compliqué, mais à voir dans quelques années quand on aura notre diplôme."

Auriane Mabille et Romane Dieryck
Crédit : Yann Launay

Un producteur breton de chitosane s'est dit prêt à fournir la matière première. Les étudiants ne savent pas encore s'ils développeront leur projet jusqu'à la commercialisation. Ils seront en tous cas prioritaires, grâce à la protection de leur idée, déposée à l'INPI - Institut national de la propriété intellectuelle.