Rennes. Le prix Goncourt des Lycéens 2022 est attribué à ...

Les lycéens ont choisi : ils ont décerné leur Goncourt à Sabyl Ghoussoub, pour son livre "Beyrouth sur Seine". L'écrivain et journaliste y retrace l'histoire de ses parents, qui ont quitté le Liban en 1975 pour fuir la guerre civile. Le jury de départ est composé de 2 000 élèves, mais ce sont les 12 représentants régionaux, qui se sont retrouvés à Rennes ce jeudi 24 novembre, pour annoncer le lauréat. Après trois heures de délibération, le jury national a proclamé le vainqueur de ce 35ème Goncourt des lycéens avant d'appeler Sabyl Ghossoub et de lui annoncer la bonne nouvelle au téléphone :

" (applaudissements) C'est un immense honneur et je suis très heureux d'avoir obtenu ce prix pour ce livre, qui est vraiment un hommage à l'histoire de mes parents, à des exilés de la guerre et je pense beaucoup au Liban. J'en ai un peu les larmes aux yeux avec tout ce qui se passe dans ce pays aujourd'hui et même à tous les exilés des guerres, en général. C'est une petite histoire personnelle, mais qui résonne bien au delà de moi et de l'histoire de mes parents. Et je ne vous remercierai jamais assez pour ce choix."

Les raisons du choix

Les douze lycéens du jury national s'étaient retrouvés à l'hôtel de ville de Rennes, à huis clos, pour départager les 4 livres finalistes. Parmi les jurés, une Vendéenne : Eva, élève de première au lycée Atlantique de Luçon, qui résume les raisons de ce choix à Yann Launay : "cela nous apporte beaucoup de connaissances sur la guerre du Liban, un sujet quand même très important, dont on ne parle pas beaucoup. C'est vraiment un roman avec une écriture très humoristique, très poétique et c'est très agréable à lire. Et en faisant abstraction du contexte historique et géographique, on peut vraiment s'identifier à cette famille, qui est très belle ; ça apporte beaucoup d'émotion ! C'est vraiment touchant et c'est beau. C'est un livre qui est beau vraiment. Lisez-le si vous ne l'avez pas fait. Bravo à l'auteur !"

Un coup de coeur

Une Bretonne faisait aussi parmi des membres du jury national. Et pour Bianka, élève de première au lycée Jacques Cartier de Saint-Malo, ce livre est un vrai coup de cœur. "Il parle d'un sujet grave, mais il intègre de l'humour et sa famille a de l'humour noir, et cela donne vraiment une ambiance super. Et le livre se lit d'une traite, on n'a pas envie de le lâcher. ! J'ai trouvé que l'auteur y décrivait ses parents d'une façon merveilleuse. On est embarqué et on ressent avec lui et on fait la démarche parce que je pense que cette démarche, tout le monde devrait la faire. Tout le monde devrait interroger ses parents et essayer d'en savoir plus sur ses origine, parce que c'est quelque chose de très important ! De faire cette démarche avec lui, de ressentir, de découvrir...  c'est totalement merveilleux de pouvoir nous aussi se remettre en question avec lui."

"C'est l'histoire de tous les exils d'une certaine façon!"

Sabyl Ghoussoub s’est dit touché, honoré, et heureux que ce livre, dédié à ses parents et au Liban, soit couronné par ce prix. L’auteur se dit aussi marqué par l’expérience du Goncourt, par les échanges avec les lycéens ces dernières semaines : "les rencontres sont merveilleuses. Toutes ces rencontres qu'on a fait dans les villes de France, de pouvoir échanger avec eux, qu'ils puissent nous poser des questions aussi librement qu'ils le veulent et qu'on puisse leur montrer que derrière ces histoires qui peuvent sembler un peu compliquées, un peu éloignées d'eux, finalement, c'est leur histoire qu'on raconte aussi ! Que cet exil là, c'est l'histoire de tous les exils d'une certaine façon...

C'est en parlant avec eux, c'est en échangeant avec eux qu'on peut arriver à les intéresser, à lire nos livres. Si j'ai encore la chance de pouvoir parler de ce livre-là, de cette histoire-là à des jeunes en France, au Liban et même ailleurs, je sais que ce prix là dépasse même les frontières de la France. Je serais heureux de pouvoir partager cette histoire et de les entendre sur leur histoire."

Paru aux éditions Stock, "Beyrouth sur Seine" pourrait se retrouver au pied de nombreux sapins, dans quelques semaines : le Goncourt des lycéens est l'un des prix littéraires les plus prescripteurs, le lauréat dépassant le plus souvent les 300 000 exemplaires vendus.