Rennes. Il y a encore trop d'ordures ménagères par habitant !
Publié : 6 octobre 2022 à 12h00 - Modifié : 6 octobre 2022 à 12h04 par Dolorès CHARLES
Tu as quoi dans ta poubelle ? La Loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) et la loi Anti-gaspillage et économie circulaire (AGEC) visent une diminution de 12 % des déchets ménagers et assimilés (DMA) pour 2030 par rapport à 2010. A Rennes la métropole s'est engagée à diminuer la production de DMA de 57 kg/habitant et à mieux trier les déchets restants. Pour l'aider, une nouvelle étude a été lancée pour mieux connaître le contenu des poubelles rennaises. Explications.
Mieux connaître le contenu des poubelles pour mieux le faire diminuer : c'est l'objectif de la nouvelle étude menée depuis la mi-septembre par Rennes Métropole. Les ordures ménagères d'une trentaine de camions-bennes ont été disséquées, pour savoir ce que jettent les habitants. Ce qui est sûr c'est que la quantité d'ordures ménagères par habitant reste beaucoup trop grande, et loin des objectifs fixés pour 2030. La réduction est continue, ces dernières années, mais trop lente. Il va donc falloir accélérer, et cette étude devrait y aider, comme l'explique Laurent Hamon, vice-président en charge des déchets à Rennes Métropole, à Yann Launay :
"Cela va nous permettre d'ajuster plus finement notre communication, et les moyens de prévention, par exemple, s'il y a trop de déchets alimentaires, eh bien on va travailler davantage sur la question alimentaire. Si le geste de tri n'est pas assez bien fait, et c'est le cas aujourd'hui, on peut trier encore davantage. Plus de 60 kilos par an par habitant restent encore dans les ordures ménagères alors qu'ils pourraient repartir en tri. Nous avons plus de 37 kilos qui sont des déchets alimentaires, cela n'a rien à faire dans les ordures ménagères. On peut les gérer beaucoup mieux, en compostage notamment, donc ça nous permet de mieux connaître l'état de notre poubelle et l'état de notre société aussi."
Tu as quoi dans ta poubelle ?
Les chiffres précis seront disponibles dans quelques semaines, mais ce qui est déjà évident c'est que le tri reste insuffisant, comme le constate Chloé Mathis, chargée de mission au bureau d'étude Ecogeos :
"On a quand même beaucoup de biodéchets, tout ce qui est les déchets alimentaires, les épluchures, les carcasses des poulets, des crevettes, etc. On a aussi une partie de gaspillage. On peut retrouver des pommes de terre entières, des concombres, des choses sans emballages et aussi du gaspillage sous emballage, des pots de crème, des briques de lait entières, etc. On retrouve beaucoup de papier, que ce soit des publicités, des journaux ou des papiers bureautiques. Tout ce qui est papier blanc. On retrouve encore beaucoup de choses électroniques, des aspirateurs ou des sèche-cheveux... des petites choses comme ça, cela n'a rien à faire dans les ordures ménagères. Cela devrait être envoyé dans les déchetteries ou chez les repreneurs. Quand on achète un nouveau grille-pain, on ramène l'ancien où on achète le nouveau. Ce n'est pas du tout normal d'en retrouver dans les ordures ménagères."
Mieux trier dans le bac jaune, pour moins payer
Le tri reste encore très imparfait, et de nombreux déchets se retrouvent dans les ordures ménagères alors qu'ils auraient dû être déposés dans le bac jaune. Il faut dire que certains doutent de la réalité du recyclage : à quoi bon trier si les déchets du bac jaune finissent incinérés ou enfouis, comme les autres ?
Pour Laurent Hamon, "on a la chance sur la métropole d'avoir un centre de tri ultra performantet donc oui il faut trier au maximum, que les emballages soient propres ou sales. A peu près 80 % de ce que l'on met dans le bac jaune part dans de vraies filières de recyclage. Qui dit de vraies filières ? Cela veut dire que la métropole vend sur les marchés, les emballages, le métal, le carton. Et ces recettes que nous avons viennent en déduction du service public de gestion des déchets. Donc, plus les habitants von trier, plus la métropole va faire des recettes et plus on peut l'intégrer dans le coût global de ce qui est demandé aux habitants."
Réduire encore la quantité d'ordures ménagères
Avant même d'avoir les statistiques précises, il est évident que les déchets alimentaires restent trop abondants dans les ordures ménagères. Rennes Métropole prépare un plan d'action pour y remédier :
"c'est une hérésie de mettre des déchets alimentaires qui partent à l'incinération. On brûle 80% d'eau, alors que le déchet alimentaire, c'est une magnifique ressource qui permet de retourner à la terre. C'est mieux pour la question de biodiversité, de reconquête de nos sols. On a un intérêt très collectif, commun, qui nous dépasse de gérer ça. On va partir sur un maximum du compostage, gérer chez soi ses déchets dans sa parcelle dans son jardin quand on a la chance d'en disposer, et on va mettre en place une collecte en bas carbone, en mobilité douce pour tous les autres qui ne peuvent pas composter."
Ces 10 dernières années, les habitants de Rennes Métropole ont réduit leur production de déchets de 4%, mais l'objectif est de réduire de 12% d'ici 2030, soit près de 60 kg de déchets en moins par an et par habitant.