Rennes dans l'attente du retour d'écoliers afghans

Publié : 9 septembre 2021 à 10h13 - Modifié : 9 septembre 2021 à 12h30 par Dolorès CHARLES

Ecole St-Armel Rennes
Crédit : Yann Launay

Une semaine après la rentrée, des chaises restent vides, dans plusieurs écoles de Rennes : des enfants sont toujours bloqués avec leur famille à Kaboul.

45 adultes et 24 enfants de tous âges, qui étaient partis cet été voir leurs proches en Afghanistan, ne peuvent plus rentrer en France. Le gouvernement dit attendre le rétablissement des vols commerciaux, à l'aéroport de Kaboul, aux mains désormais des talibans, qui ont renouvelé leur promesse de laisser partir ceux qui le veulent. Mais les vols commerciaux tardent à redémarrer, et les talibans ont déjà trahi leur promesse, comme l'explique Shah Ahmadi, un Rennais d'origine afghane, en contact avec les familles bloquées à Kaboul :

"Mon beau-frère est allé à l'aéroport, il était à 200m du site, il a montré ses papiers aux talibans, et ils ont refusé de les laisser passer... Ils peuvent le faire encore : ils peuvent les retenir en otage pour des négociations, contre la reconnaissance officielle du gouvernement, contre des aides financières, etc."

Shah Ahmadi
Crédit : Yann Launay

Les petites filles ont conscience des dangers qui les attendent...

Shah échange au quotidien avec les familles bloquées à Kaboul, et mesure l'impact de la situation sur les enfants :

"Les talibans, il y a encore quelques jours, ont commencé à tirer en l'air toute la nuit... Les enfants étaient apeurés, cachés dans les bras de leur mère ou de leur père pour ne pas entendre ces tirs... Les petites filles ont conscience des dangers qui les attendent, elles savent que si elles restent en Afghanistan, il n'y aura pas d'éducation, il n'y aura pas d'école. Les talibans, dans les villages, ont forcé des filles de 13-14 ans à se marier avec des guerriers talibans..."

Shah Ahmadi
Crédit : Yann Launay-Hit West
Shah Ahmadi
Shah Ahmadi
Crédit : Yann Launay

Rester à Kaboul n'est pas simple

Aucun départ vers les pays frontaliers, en convoi routier, ne semble possible, les familles doivent donc rester à Kaboul en attendant de pouvoir prendre un avion... Mais rester à Kaboul n'est pas si simple :

"Ils paient des loyers chers : les appartements coûtent des fois 300-400 euros par semaine... Il ne faut pas oublier qu'il y a des gens qui profitent de cette situation... Ils vont voir comment ça se passe, s'ils voient que rester là ne donne rien, peut-être qu'ils vont partir vers leur village. Par contre, je leur ai toujours conseillé de rester à Kaboul si possible, parce que vous avez une présence internationale des journalistes à Kaboul, c'est sécurisant, alors que dans les villages on ne sait pas ce qui se passe..."

Shah Ahmadi
Crédit : Yann Launay

Tout faire pour les rapatrier

Ces Rennais d'origine afghane étaient partis cet été pour rendre visite à leurs proches, qu'ils n'avaient pas revu, bien souvent, depuis des années. Shah tient à souligner que ce voyage, il y encore quelques semaines, n'apparaissait pas si périlleux. Lui même s'est rendu en Afghanistan cet été, et il n'imaginait pas de tels événements :

"Moi je n'avais pas prévu que les talibans rentreraient de force à Kaboul, qu'ils prendraient le pouvoir, que l'armée serait démantelée, et que Kaboul deviendrait le chaos d'aujourd'hui... Même les analystes les plus pessimistes n'avaient pas cette vue là, même la CIA a été surprise, tout le monde... Même les talibans à mon avis eux mêmes ont été surpris : cela fait 3 semaines et ils viennent tout juste d'annoncer leur gouvernement... S'ils avaient prévu ça, ils auraient tout préparé avant."

Shah Ahmadi
Crédit : Yann Launay

Une nouvelle manifestation devrait se tenir ce samedi à Rennes, pour demander au gouvernement français de ne pas oublier ces familles, et de tout faire pour les rapatrier rapidement.