Réintégration des soignants non-vaccinés : Oui, mais comment ?

Publié : 31 mars 2023 à 9h57 - Modifié : 1er avril 2023 à 19h40 par Emilie PLANTARD

Manifestation des soignants du CHU de Nantes
Crédit : Emilie Plantard

Le ministre de la santé a confirmé ce jeudi vouloir suivre la recommandation de la Haute Autorité de Santé en réintégrant les soignants non-vaccinés. Une avancée importante pour toutes ces femmes et ces hommes qui attendent ce moment depuis 18 mois. Reste à savoir sous quelles conditions.

C’est une décision qui était très attendue, le ministre de la santé vient de donner son feu vert ce jeudi 30 mars pour réintégrer les soignants non-vaccinés. Ils sont toujours sous le coup d’une interdiction d’exercer depuis l’obligation vaccinale imposée en 2021. Cette annonce fait suite aux préconisations de la Haute Autorité de Santé mais elle doit être suivie, selon le ministre François Braun, d’une prochaine concertation avec les fédérations hospitalières et les ordres des professionnels de santé, pour définir les modalités de mise en œuvre de cette réintégration.

"Je suis de nouveau combattante"

Du côté des personnels soignants ou hospitaliers, on accueille la nouvelle en demi-teinte. Kika (prénom d'emprunt) est membre d’un collectif des soignants non-vaccinés à Saint-Malo, elle a compté les jours... 554 sans pouvoir travailler, ni être payée. Depuis, elle se bat pour retrouver ses droits et cette décision, si bonne soit-elle, n’enlèvera pas l’amertume. "Vous m’auriez appelée il y a deux jours, j’étais au fond du trou. Aujourd’hui je suis de nouveau combattante. Ils ne vont pas nous redonner les salaires de 18 mois, c’est pour ça que le combat n’est pas terminé parce que c’est un combat et moi c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour pouvoir tenir. Du jour au lendemain, vous n’avez plus droit à rien. Je me suis fait aboyer dessus. J’ai été virée deux fois de l’hôpital sous menace de la force parce que je n’avais pas droit d’être là... Dégagez ou j’appelle les vigiles !"

Kika, secrétaire médicale suspendue en Ille-et-Vilaine
Crédit : Emilie Plantard

Pas une réintégration "comme si de rien n’était"

Aujourd’hui, la réintégration est une première étape mais les modalités en seront une autre. Kika, secrétaire médicale à Saint-Malo, n’a pas pu exercer depuis septembre 2021. Elle attend de voir sous quelles conditions les suspendus vont pouvoir revenir ou pas... "Il est hors de question que ce soit une réintégration comme si de rien n’était. Dans certains pays, il y a même eu une excuse du gouvernement... On peut s’asseoir dessus mais par contre la violence qui a été faite d’obliger certains agents à se faire vacciner, où il y avait des infirmières qui y allaient en pleurs, ce serait bien d’en parler. Dans le meilleur des mondes, j’aurais eu des dommages et intérêts, mais moi ce que je demande, ce sont mes droits. Redonnez-moi mes droits et après, laissez-moi libre. Je sais qu’il y a parmi nous des personnes qui veulent retourner travailler parce qu’elles ne savent faire que soigner mais on leur a dit, tu n’as plus le droit de soigner."

Kika, secrétaire médicale suspendue en Ille-et-Vilaine
Crédit : Emilie Plantard

Le combat continue

Avec d’autres collègues, Kika s’est lancée dans un combat judiciaire contre la loi relative à la gestion de la crise sanitaire. Et la seule réintégration ne pourra pas suffire à réparer ce qu’elle considère comme une injustice. "Cela ne suffira pas, je ne suis pas une soignante, je suis devenue soignante le 5 août pour être suspendue le 22 septembre. Je n’ai jamais eu les droits et avantages des soignants. Je n’en ai eu que les inconvénients. C’est un détournement de loi. C’est anticonstitutionnel. Je m’oppose à ma suspension et à la loi, pour moi la seule chose qui serait bien c’est l’abrogation de la loi du 5 août 2021."

Kika, secrétaire médicale suspendue en Ille-et-Vilaine
Crédit : Emilie Plantard

Les autorités estiment entre 2 et 4000 personnels suspendus en France en raison de leur refus à être vaccinés contre la Covid-19.

Une vingtaine de députés communistes (Groupe de la Gauche démocrate et républicaine) vient de déposer le 21 mars une nouvelle proposition de loi visant à abroger l’obligation vaccinale contre la Covid-19.