Réfugiée ukrainienne, Tatiana a retrouvé un emploi à Lorient
Publié : 11 mai 2022 à 7h22 par Alexandra BRUNOIS
Plus de 30 000 ukrainiens auraient trouvé refuge en France depuis le début de l'invasion russe dans leur pays. Une fois installés, l'un de leur challenge est de trouver un emploi pour subvenir à leurs besoins. Focus sur l'exemple de Tatiana à Lorient.
Pour les Ukrainiens réfugiés dans l'Ouest, trouver un emploi est souvent un objectif, et des employeurs s'étaient vite manifestés, se disant prêts à les recruter. Mais c'est parfois plus compliqué que prévu, avec notamment la barrière de la langue. Certains réfugiés ont tout de même déjà été embauchés par des entreprises de l'Ouest : c'est le cas par exemple de Tatiana, 35 ans, qui a fui Severodonetsk et le Donbass, où elle travaillait dans le service administratif d'un hôpital public. A Lorient elle vient de trouver un emploi de technicienne dans une entreprise nautique, et sa méconnaissance du français n'a pas été un frein.
UN EMPLOI DANS LE NAUTISME
Comment a-t-elle été recrutée, et comment vit-elle cette nouvelle vie professionnelle ? La réponse de Tatiana, avec la traduction de Yana, membre de l'association "Unis pour l'Ukraine 56" :
"Le travail a été trouvé par le bouche à oreille, connaissance de connaissance qui connaissait le patron de l'entreprise, une personne très gentille qui proposait d'embaucher des Ukrainiens dans son entreprise, qui avait besoin d'embaucher du personnel. Le travail est très intéressant, nous fabriquons des mâts... Quelque chose que je n'ai jamais fait de ma vie... J'avais peur, je ne savais pas faire, mais j'ai beaucoup de chance, parce que l'équipe qui m'entoure est très bienveillante, très cordiale, même sans connaissance en russe, en ukrainien ou en anglais, ils arrivent à me soutenir, à m'expliquer comment faire. Le travail que je faisais en Ukraine n'a absolument rien à voir avec ce que je fais aujourd'hui, mais j'adore... J'aime beaucoup apprendre, c'était mon style de vie d'apprendre, de découvrir de nouvelles choses..."
UNE RECONVERSION PROFESSIONNELLE RAPIDE
A Lorient-La Base, Tatiana participe à différentes étapes de la fabrication de mâts en carbone, pour les voiliers de course et les voiliers de plaisance. Un poste bien différent de ce qu'elle faisait en Ukraine : elle gérait de l'administratif et des ressources humaines dans un hôpital dédié aux policiers blessés. Mais Tatiana est particulièrement satisfaite d'avoir trouvé du travail rapidement :
"J'ai toujours travaillé, et c'était ma première pulsion, en arrivant en France, de commencer à chercher un emploi... Très vite j'ai été embauchée, un coup de chance... C'est extrêmement important de travailler, occuper l'esprit, le cerveau, les mains, pour guérir... Pour oublier la guerre, ne pas ressasser en permanence les horreurs qu'on a vues, qu'on a vécues, qu'on a entendues, qu'on voit tous les jours en restant en permanence sur les infos venant d'Ukraine... Ça permet de couper, de vivre dans un autre monde, et après, en rentrant chez soi, replonger dans cette histoire de guerre..."
TATIANA ESPERE UN RETOUR EN UKRAINE
Tatiana est soulagée d'avoir trouvé un emploi, elle démarre des cours de français, sa vie en France se stabilise : comment envisage-t-elle son avenir à court ou moyen terme ? Imagine-t-elle rentrer en Ukraine dès que possible ?
"C'est vrai qu'avant, j'avais énormément de projets, je planifiais énormément de choses... La guerre a cassé, brisé tous les projets... Je sais que je vais rester en France au moins jusqu'au mois de septembre, après, les circonstances en Ukraine, la guerre, montreront ce que je fais par la suite. Depuis quelques jours, ce sont des batailles très actives dans ma ville natale, et je ne sais pas si mon appartement existe toujours... Je ne sais pas si j'aurai un jour quelque part où revenir là-bas, s'il faudra tout reconstruire de zéro... La situation est très compliquée, et tout ce que je peux dire c'est que je crois que l'Ukraine va gagner, et ça va se faire très bientôt... J'y crois, et je prie..."