Réforme des retraites. La mobilisation reste soutenue à Lorient
Publié : 7 février 2023 à 21h46 par Dolorès CHARLES
Sans surprise, les cortèges étaient un peu moins fournis que la semaine passée, aujourd'hui 7 février, sachant qu'une nouvelle journée de mobilisation était déjà annoncée pour ce samedi. A Lorient, ils étaient toutefois autour de 8 000 à défiler. Témoignages au micro de Yann Launay.
Le patron de la CGT Philippe Martinez menace de "grèves plus massives et reconductibles" si "le gouvernement persiste" avec la réforme des retraites. SUD-Rail et la CGT Cheminots appellent à poursuivre la grève ce mercredi 8 février, à la SNCF. Sur l’axe Atlantique, il n’y aura qu’un TGV sur 2 en circulation et en moyenne 1 TER sur 2 également, ce sera moins perturbé en Bretagne avec 7 TGV sur 10 et 9 TER sur 10. Le mouvement va se poursuivre également dans les raffineries, à EDF, à la Poste et dans les ports.
Une mobilisation importante, mais en baisse
Ce mardi 7 février, la mobilisation est restée importante mais moins que lors des deux journées précédentes : la CGT annonce 2 millions de manifestants contre 750 000 pour la police. À Nantes, 20 000 personnes selon les autorités et 45 000 selon les syndicats, à Rennes 25 000 manifestants contre 35 000 la semaine dernière, et 15 000 selon la préfecture qui annonce aussi 13 interpellations. 18 000 à Brest, 12 000 à Saint-Nazaire, 9 000 à Vannes, 8 000 à Lorient, environ 7 500 à Angers et 3 000 à Cholet.
Yann Launay a suivi le cortège de Lorient dans lequel il a rencontré Juliette, 26 ans, qui défile avec une pancarte où on peut lire "Laissez ma mère partir en retraite" : "Avec la réforme, elle devra bosser encore plus longtemps. Je pense qu'à un moment, quand on a travaillé toute sa vie, on a le droit de profiter d'autres moments importants et de ne plus se concentrer uniquement sur le travail. J'espère que la mobilisation ne s'essoufflera pas. Aujourd'hui, il y a encore beaucoup de monde et j'espère que cela va continuer encore jusqu'à ce qu'au retrait de laréforme. On donne trop d'importance à l'économie, pas assez à l'environnement, à l'humain, et pas assez aux précaires."
Muriel : ils s'en foutent là haut !
Cette nouvelle manifestation lorientaise est restée bon enfant, même si certains participants ne le cachent pas : leur colère monte. Muriel dénonce un entêtement du gouvernement, et une indifférence à des situations comme la sienne. Elle qui voit s'éloigner la retraite, alors qu'elle est en invalidité et ne parvient pas à retrouver du travail : "je vis avec 700 € par mois et on me demande d'attendre 67 ans pour avoir une retraite et personne ne nous embauche aujourd'hui. Qu'est ce qu'il nous reste ? On a bossé pour rien, on a élevé des gosses pour rien, ils s'en foutent là-haut ! C'est un ras-le-bol de voir comment ils nous traitent. On ne compte pas. On n'est vraiment que de la merde et on va rester dans la merde pour eux."
Il y a urgence à se poser et à discuter
Les syndicats espèrent que le gouvernement arrêtera de faire comme si les rues étaient vides : pour Loïc Fanouillère, fonctionnaire de police et président de l'union régionale CFE-CGC Bretagne, il est temps pour le gouvernement d'annuler cette réforme et de reprendre les discussions avec les partenaires sociaux : "tous ceux qui pensent qu'il y a urgence à réformer les retraites sont des menteurs. Il n'y a pas urgence à réformer, mais il y a urgence à se poser et à discuter. On ne peut pas avoir tant de citoyens dans la rue sans réagir.
On espère que le gouvernement va être en capacité de nous écouter. Pour l'instant, tout se passe de manière pacifique mais c'est vrai qu'il y a des comportements et des messages subliminaux du gouvernement qui attisent cette tension qui, pour l'instant, reste modérée sur le terrain... Le risque, c'est qu'il y ait des branches qui se radicalisent devant un comportement assez brutal de la part de ce gouvernement."
Une nouvelle journée de manifestation est prévue ce samedi 11 février, mais sans grève. Il ne devrait pas y avoir de perturbations pour les départs en vacances.