Qui veut changer de vie, et reprendre une maison éclusière ?
Publié : 17 février 2022 à 15h02 par Dolorès CHARLES
La Région Bretagne a lancé il y a quelques semaines un appel à projets, pour faire vivre le patrimoine des maisons éclusières. L'appel concerne 4 maisons proches de Redon. Hébergement, location de vélo, ou de bateaux, etc. Toutes les idées sont les bienvenues.
Changer de vie et s'installer au bord d'un canal, dans une maison éclusière : c'est ce que propose la Région Bretagne, en lançant des appels à projets, pour faire vivre ce patrimoine. Le dernier appel en date concerne 4 maisons proches de Redon, principalement au bord du canal de Nantes à Brest. Les candidats doivent contribuer à animer le site, en développant des activités touristiques : nautisme, hébergement, location de vélos.
Des bâteaux en chambres d'hôte
Il y a quelques années, Catherine et son mari ont répondu à un appel du même type, pour une maison éclusière du canal d'Ille et Rance, entre Rennes et Saint-Malo. Leur dossier a été retenu, et ils ont monté un projet d'hébergements flottants autour de la maison éclusière de la Petite Madeleine, à Hédé-Bazouges. Ils ont aménagé des bateaux en chambres d'hôtes, proposent de la location de vélos, de la petite restauration. Et 7 ans après le début de l'aventure, Catherine n'a aucun regret :
"Cela permet de démarrer une activité très simplement, sans un gros investissement, avec un loyer très modéré. Ça a demandé quand même un gros investissement personnel : on a fait beaucoup de travaux par nous-mêmes, beaucoup d'huile de coude... On a été assez vite confortés par le succès, dès la première année... Le seul inconvénient, c'est que n'étant pas propriétaires, on ne peut pas revendre la société et la clientèle. Il ne faut pas espérer pouvoir transmettre son bien à ses enfants, par exemple... Ce n'est pas forcément un problème, c'est aussi une opportunité, on peut faire un temps dans sa vie aussi, ce n'est peut-être pas pour toute la vie. C'est une expérience en tous cas que je trouve géniale, et ça permet aussi de vivre dans un cadre idyllique, avec des enfants qui grandissent au bord du canal."
Une activité doit compenser une autre
Si ce type d'aventure vous tente, et si vous êtes prêts à présenter un dossier, écoutez les conseils de Catherine Saint-James, lauréate d'un appel à projet pour une maison éclusière d'Hédé Bazouges : "si on crée son entreprise, il y a quand même toutes les charges à payer alors qu'on n'a pas rentré le moindre euro, donc le critère n°1, c'est de s'assurer qu'on a les épaules assez solides pour démarrer l'activité, et pour ne pas s'épuiser dès la première année... et puis (critère n°2) avoir un projet suffisamment enthousiasmant, et multifacettes : il faut toujours qu'une activité puisse compenser l'autre : l'hébergement c'est bien, mais rapidement nous on a eu aussi la vente de produits locaux, la location de vélos..."
Un changement de vie, unique
Catherine et sa famille ont vécu ce changement de vie en 2014, et se sont vite attachés à cette maison éclusière de l'époque napoléonienne, qui se dresse à quelques mètres d'une des 11 écluses de Hédé-Bazouges :
"Ce ne sont pas de très grandes maisons, ce sont des maisons assez carrées, solides massives, avec des murs très épais, donc bien isolées. La présence de l'eau est très apaisante. Parfois c'est plus fort, c'est un peu assourdissant, mais ce n'est vraiment pas une nuisance sonore, on ne va pas se plaindre. Je n'ai vraiment pas l'impression d'avoir la même nuisance que quelqu'un qui habiterait près d'un périph'. On s'y sent bien. On est aussi des amoureux de la mer, de bateaux : le fait d'être sur le canal, c'est une compensation de ne pas être vraiment au bord de la mer, mais on est quand même dans une ambiance très maritime, avec plein de bateaux qui passent devant nos fenêtres."
Les clients au rendez-vous
Le projet doit être bien préparé, mais pour Catherine, le potentiel touristique des canaux bretons est loin de plafonner, et il y a de la place pour de nouvelles activités. Pour 2022 en tous cas, les clients semblent vouloir être au rendez-vous : "il y a des réservations qui commencent à arriver. Les deux dernières années, malgré la crise, ont montré que justement il y avait un intérêt pour le tourisme vert et local. Je suis persuadée que cela va continuer à se développer, parce que les canaux de Bretagne d'abord sont beaux et bien entretenus, il y a plein de patrimoine intéressant à visiter... On est sur un trésor."
Catherine a baptisé sa société "Ille flottante" et propose ses hébergements insolites pour une nuit, pour un week-end, en famille ou même en groupe pour des séminaires. Le nouvel appel à projets, lancé par la Région Bretagne, Redon Agglomération et la commune d'Avessac concerne 4 maisons situées à Peillac, Saint-Vincent sur Oust, Bains sur Oust et Avessac. Le dossier de candidature est à retrouver sur le site internet de Redon Agglomération, et la date limite de dépôt des candidatures est fixée au 29 août 2022.