Bretagne : pourquoi certains établissements refusent désormais vos ticket restaurants ?
Publié : 29 août 2023 à 5h36 par Dolorès CHARLES
Depuis la fin février et la fermeture de la Centrale de règlement des titres, qui s'occupe de la gestion des quatre principales sociétés émettrices de tickets restaurants, certains établissements cumulent des retards de paiement et se voient contraints de refuser la version papier des TR.
Vous l'avez peut-être remarqué, autour de vous : les commerçants sont de plus en plus nombreux à refuser les tickets restaurant papier. Il faut dire que le système a changé : l'organisme qui se chargeait de centraliser les différents tickets, et de les rembourser, a fermé ses portes, en février dernier. Les commerçants dénoncent une plus grande complexité, désormais, dans la gestion des tickets, et de gros dysfonctionnements.
"J'ai été contacté par énormément de personnes dans le même cas, certaines pour des sommes bien plus importantes à récupérer..."
Certains professionnels attendent toujours le remboursement de tickets envoyés en début d'année. C'est la cas de Clément Nicolas, patron de Mama Pizza, à Caudan, près de Lorient : "on a trois 1 000 euros dans la nature, et j'ai toujours des tickets restaurant qu'on a continué à prendre malgré tout. On n'ose pas les envoyer parce qu'on ne sait pas si on va percevoir l'argent. On ne sait pas quoi en faire. L'organisme (CRT) qui s'en occupe ne répond plus ni aux mails, ni au téléphone, ni au courrier recommandé, ni aux mises en demeure... J'ai été contacté par énormément de personnes dans le même cas que moi, et certaines pour des sommes bien plus importantes encore à récupérer. On est exactement dans la même situation. Pas de son, pas d'image, pas de nouvelle !"
La gestion des TR coûteurs et compiquée
Clément Nicolas attend toujours le remboursement de 6 000 euros de tickets restaurant du début d'année. Il a décidé de ne plus accepter les tickets dans sa pizzeria. Par peur de ne pas être remboursé, mais aussi pour se libérer d'une gestion devenue compliquée et coûteuse : "il faut les tamponner, les découper, il faut les envoyer en enveloppes sécurisées. Cela représente énormément d'heures de boulot parce que quand on a beaucoup de tickets restaurant, ça prend énormément de temps. Il y a des frais de recomptage... Aujourd'hui, avec le nouveau système mis en place depuis le 28 février, c'est encore plus compliqué qu'avant, puisqu'il faut tout séparer, envoyer quatre enveloppes sécurisées aux quatre émetteurs différents... On ne peut pas se permettre de passer notre temps à découper, tamponner, envoyer avec des frais de commission qui seront aussi très importants."
"Cela peut vite devenir problématique"
Comme d'autres professionnels, Clément Nicolas ne sait pas s'il reverra un jour les 6 000 euros de tickets restaurant en attente de remboursement depuis le début d'année. Devant ces difficultés, Clément a dû se résoudre, à contrecœur, à ne plus accepter les tickets restaurant dans sa pizzéria :
"Les clients sont parfois un peu déçus, mais je n'ai pas le choix, je leur explique que les TR sont malheureusement mal géréé, et qu'on ne peut pas se permettre d'être en décalage de trésorerie. En fonction du nombre de tickets restaurant que l'on collecte par mois, cela peut vite devenir problématique parce que ça peut représenter jusqu'à un tiers du chiffre d'affaires sur un mois... Pour l'instant c'est suspendu et on reprendra quand cela sera mieux géré. Je pense que j'ai perdu forcément quelques clients, mais après, les gens comprennent en général ... Vivement que tout ça se règle."
L'Autorité de la concurrence a ouvert une enquête sur ces problèmes de gestion. De leur côté, les émetteurs de tickets restaurant, comme Edenred ou Sodexo, ne le cachent pas : ils sont favorables à la disparition des tickets version papier, au profit du numérique et de la carte.