Pontivy. Ces jeunes veulent (toujours) devenir agriculteurs, malgré la crise

Publié : 12 février 2024 à 21h57 par Dolorès CHARLES

Lycée agricole du Gros Chêne de Pontivy (56)
Lycée agricole du Gros Chêne de Pontivy (56)
Crédit : Yann Launay

A deux semaines du Salon International de l'Agriculture (24 février) à Paris, le milieu attend avec impatience, et menace même de reprendre les blocages sans "efforts concrets de l''exécutif" pour la FNSEA. Dans ce contexte, rencontre avec de futurs agriculteurs dans un lycée de Pontivy (56).

Le président du syndicat agricole FNSEA, Arnaud Rousseau, a mis en garde ce dimanche soir le gouvernement, envisageant une reprise des actions des agriculteurs, "si des efforts concrets n'étaient pas réalisés" d’ici le Salon de l'Agriculture, qui doit ouvrir le 24 février à Paris. Un rendez-vous est prévu ce mardi après midi (13 février) avec le Premier ministre, Gabriel Attal.

En attendant, nous sommes allés voir les jeunes en formation agricole. Ils ont entre 16 et 18 ans, et veulent devenir éleveurs laitiers, céréaliers ou éleveurs de volaille. Tous sont élèves au lycée du Gros Chêne, à Pontivy dans le Morbihan. Alizée, Pierre, Enzo, Axelle, Tom, Mathieu, Lénaïg et Valentin sont en première, terminale ou BTS. Certains sont directement issus du monde agricole, d'autres non. Et dans le contexte actuel de crise, on peut s'interroger sur leur motivation, leurs doutes ou leurs craintes.

"La motivation est encore plus présente mais j'espère que les choses vont évoluer et que tout le monde sera payé à sa juste valeur"

"Je reste motivé, mon père est déjà en vaches laitières, mon grand-père et arrière grand-père c'est dans la famille. Il y a toujours eu des difficultés et des crises, il ne faut pas abandonner, ne rien lâcher mais il faut s'adapter pour que cela marche... La motivation est encore plus présente mais j'espère que les choses vont évoluer et que tout le monde sera payé à sa juste valeur... On a des craintes par rapport à la réussite, mais il faut se lancer... Je me pose des questions par rapport au déréglement climatique mais pour l'instant je reste motivé... Cela reste une fierté de se dire que l'on produit pour la France ! Il faut voirplus loin et il faut s'accrocher !"

Les élèves de Pontivy
Crédit : Yann Launay

Des élèves conscients des difficultés

Ces élèves bretons ont suivi de près les mobilisations de leurs aînés, ces dernières semaines, et plusieurs d'entre eux y ont d'ailleurs participé. Quelles sont les doléances qu'ils jugent prioritaires, et quelles sont les choses à changer rapidement ? "Pour moi, il faut consommer ce que l'on produit, rester local et arrêter d'importer des produits bas de gamme... Quand on est agriculteur, on est son propre patron mais en fait on dépent de plus haut, par exemple des Laiteries qui décident du prix du lait, c'est incohérent de ne pas décider du prix que l'on vend... Les prix ne sont pas toujours justes mais pour les normes elles sont là et il faut les respecter. C'est pour notre bien aussi, il y a des produits (phytosanitaires) qui sont dangereux pour notre santé et on arrive encore à trouver des dérogations pour les remettre sur le marché, ce n'est pas normal."

Les élèves de Pontivy
Crédit : Yann Launay

Quel type d'agriculture se voient-ils pratiquer dans 10 ou 20 ans ?

Conscients des difficultés, ces élèves se disent tous très motivés, et voient l'avenir de l'agriculture de façon moins sombre que leurs aînés, rencontrés sur les blocages. "On sera forcément obligés de s'adapter au réchauffement climatique, moins de maïs, plus de luzerne, des mélanges de cultures, consommer moins d'aliments étrangers qui viennent du Brésil comme le soja, par exemple. Dans l'avenir, on sera obligés d'arrêter les produits phytosanitaires, je suis sûre que d'ici 20 ans il n'y en aura plus, ou très peu... Par rapport à l'érosion des sols, on n'aura plus le droit de labourer non plus, les pratiques vont évoluer pour mieux travailler avec la nature. On peut s'orienter vers une agriculture plus raisonnée, sans tout supprimer."

Des élèves de Pontivy
Crédit : Yann Launay

Le lycée agricole du Gros Chêne, à Pontivy, organise des portes ouvertes les 5 et 6 avril. Pour se renseigner : www.legroschene.fr