Plus d'abandons dans les SPA de l'ouest : la faute à l'inflation ?

Publié : 29 août 2023 à 10h53 - Modifié : 29 août 2023 à 10h58 par Nolwenn OCEANE FM

Chien
Crédit : Pixabay

L'été c’est la saison d’abandon des animaux. Départs en vacances, difficultés avec l’animal et tout en haut des excuses on retrouve maintenant l’inflation, car les tarifs des produits animaliers ont bien augmenté eux aussi : +18% pour les croquettes pour chiens et chats depuis le mois de mars 2022 selon le cabinet Nielsen IQ. Conséquence de l’inflation ou non, les abandons sont en progression comme les demandes d’euthanasie au moment des vacances...

Chaque été c'est le même refrain, les abandons d'animaux sont en hausse dans les SPA, autant au niveau national qu'en région, comme le confirme Sylvie Villemin, responsable de la Société Protectrice des Animaux d’Inzinzac-Lochrist, dans le Morbihan. "Au niveau national, il y a une hausse de 3% par rapport à 2023, si on compte du 1ᵉʳ janvier au 31 juillet, et pour notre refuge nous avons fait un petit rapport qui va du 1ᵉʳ mai au 31 juillet et on a une hausse de 8 % d'abandons. On a des demandes d'abandons quasiment tous les jours, voire un abandon par jour à deux ou trois. Sachant qu'on est quand même une petite structure, et qu'on a du mal à prendre les animaux de fourrières."

Sylvie Villemin
Crédit : Nolwenn Even

"Tout ce qui est médicaments, vaccins, etc. a bien augmenté"

La Société Protectrice des Animaux a été contrainte, elle-même, d’augmenter les participations financières lors des adoptions. "On a été obligé étant donné que les croquettes ont augmenté de 17 % ainsi que les soins vétérinaires. En général, les actes n'ont pas vraiment changé au niveau des tarifs, mais par contre, tout ce qui est médicaments, vaccins, etc. cela a bien augmenté. L'électricité aussi : on a par exemple des niches chauffées pour les animaux... Pour un chiot, on va demander 360 € en participation, pour un chien, on va demander 270 €, pour un animal en S.O.S. ou qui a plus d'un an de refuge ou pour un chat, ce sera un sauvetage et ce serait une participation minimum de 60 €. Pour un chaton, ça va être 190 € et pour un chat adulte, ça va être 170 euros."

Sylvie Villemin
Crédit : Nolwenn Even

Des tarifs impressionnants

Les hausses des prix sont confirmées par le responsable du magasin JMT Alimentation Animale. Matthias Le Droguene est installé depuis 12 ans à Caudan dans le Morbihan. On lui a demandé ce qui avait le plus augmenté, et pour lui cela ne devrait pas baisser tout de suite. "Cela va être les croquettes pour chiens et chats. Après on a eu une grosse augmentation au niveau de la basse cour, mais là, il y a des taux de TVA qui ont diminué et on diminue nos tarifs... Sur un an un sac qui était à 57,99 euros est passé à 64,99 euros. En général, on a deux augmentations par an de 3 euros ! Si les fournisseurs ou les matières premières augmentent etc, je pense qu'on suivra... On a quand même des tarifs qui sont assez impressionnants et on espère que cela va descendre."

 

Matthias Le Droguene
Crédit : Nolwenn Even

"Avant l'inflation, il y avait d'autres prétextes !"

Jean-Michel Demany est vétérinaire à Plescop, dans le Morbihan. Lui-même a dû augmenter ses tarifs entre 5 et 10%, notamment en raison de l’augmentation des consommables, de l’énergie, mais aussi du salaire de ses employés qui subissent eux-aussi l’inflation. Mais pour lui ce n’est pas la vraie cause de ces abandons : "les cas, où l'abandon d'un animal est réellement lié à l'inflation, sont rares. Avant l'inflation, il y avait d'autres prétextes qui étaient l'allergie aux poils de chat... Avec le Covid et les risques de transmission, c'était un prétexte également pour abandonner les chats. L'inflation est présente pour tout le monde mais les propriétaires qui sont aimants, trouvent toujours des solutions pour leurs animaux. Même en cas de gros pépin, ils se plient en quatre..."

 

Jean-Michel Demany
Crédit : Nolwenn Even

"Certaines pathologies connaissent une recrudescence"

L'une des premières solutions évoquée par les propriétaires pour faire baisser le coût d’un animal domestique, c’est de descendre en gamme l’alimentation. Mais cela n’est pas sans conséquence selon le vétérinaire Jean-Michel Demany : "On constate que certaines pathologies connaissent une recrudescence, comme les problèmes urinaires chez le chat. Ils sont directement liés à des changements alimentaires, avec une descente en gamme des aliments distribués et un chat qui était nourri avec des croquettes de bonne qualité, et qui est ensuite nourri avec un aliment de supermarché, on voit (chez lui) se développer des problèmes urinaires."

 

Jean-Michel Demany
Crédit : Nolwenn Even

Un animal bien nourri et surveillé médicalement coûte moins cher

Jean Michel Demany nous donne quelques pistes pour ne pas se laisser surprendre par l’inflation. Point numéro un, budgétiser l’alimentation, les frais de garde, le matériel, mais aussi la visite annuelle préventive chez le vétérinaire "pour dépister les maladies en début d'évolution" : On sait aujourd'hui qu'un animal qui va être bien nourri et bien surveillé médicalement, va coûter moins cher en frais vétérinaires que si on laisse se développer une maladie. C'est vraiment important d'avoir un suivi régulier chez chez son vétérinaire... Autre point important, la mutuelle pour mieux gérer son budget animaux, notamment tout ce qui est imprévu type maladies ou accidents, qui peuvent vite monter en termes de frais."

Jean-Michel Demany
Crédit : Nolwenn Even
Chat chez le vétérinaire
Crédit : Pixabay

Concernant les mutuelles, Jean-Michel Demany conseille de vérifier qu’elle prend bien en charge l’animal toute sa vie. Pour le vétérinaire c’est aussi quasiment une obligation d’y souscrire en cas d’animal de race, car ils sont plus souvent sujet aux problèmes de santé.