Ploufragan : l'usine de masques FFP2 cartonne
Publié : 12 janvier 2022 à 7h56 par Dolorès CHARLES
Devant la contagiosité d'Omicron, les masques FFP2 connaissent un regain d'intérêt, ce qui fait les affaires de société bretonne M3 Sanitrade. Plus de 800 000 masques FFP2 sortent désormais chaque semaine de l'usine. Reportage de Yann Launay.
Plus efficaces que les masques chirurgicaux, ils sont déjà utilisés par les soignants, et même si, en France, on ne devrait pas aller vers une obligation étendue du masque FFP2, certains n'ont pas attendu pour passer commande. Une usine comme celle de Ploufragan, près de Saint-Brieuc, doit augmenter son volume de production. Ce sont désormais plus de 800 000 masques FFP2 qui sortent chaque semaine des chaînes de l'usine costarmoricaine, comme l'explique Nicolas Bougault, responsable de production chez M3 Sanitrade :
"On travaille en trois-huit déjà depuis quelques mois, la différence c'est que là on est obligé de déployer des effectifs sur le week-end, pour pouvoir absorber ces pics de commande... Le FFP2, ce n'est pas que les établissements hospitaliers, ce sont des entreprises qui veulent protéger leurs salariés un peu plus, ce sont des établissements publics : des gares, des aéroports, des transports en commun, dans tous ces lieux on a besoin d'être un peu plus protégé, et le gens en prennent conscience en ce moment..."
Proocole sanitaire renforcé à l'usine
Tout est fait pour qu'Omicron ne vienne pas jouer les trouble-fête dans les équipes, l'usine a dû aussi renforcer son protocole sanitaire pour Nicolas Bougault :"le port du FFP2 est obligatoire dans l'entreprise. Le protocole de lavage des mains ne change pas, on a des protocoles très très strictes. On demande au personnel de faire aussi attention en dehors de l'entreprise, et on propose aux personnes volontaires des autotests. Si vous avez un cas positif sur une ligne qui produit des masques, c'est embêtant pour la personne qui est positive, mais c'est aussi embêtant pour la production : potentiellement, les masques qui ont été manipulés par cette personne doivent être isolés voire rebutés. Une ligne ne tourne pas ce n'est pas le moment..."
Les masques plus chers qu'en Chine
Les masques fabriqués à Ploufragan trouvent preneurs, alors qu'ils sont pourtant deux fois plus chers que les masques fabriqués en Asie, par exemple. Mais pour Nicolas Bougault, on ne peut comparer les masques made in France et les masques made in China :
"Tous les fabricants de masques français répondent à des procédures et à des réglementations... Bien entendu, il y a aussi des réglementations pour les masques d'importation, mais le degré d'application de la réglementation n'est pas toujours le même d'un pays à l'autre. Il y a quelques mois, des établissements hospitaliers ont jeté leur stock de masques FFP2 parce qu'ils contenaient du graphène, une substance nocive... C'est un stock qui provenait d'Asie."
L'usine de Ploufragan fonctionne depuis un an, et compte bien continuer à se développer. Reste que d'autres usines de masques se sont montées ou développées, dans l'Ouest et en France, depuis le début de la pandémie. Ces usines pourront-elles se maintenir, et avec les mêmes effectifs, quand la crise sanitaire se calmera ?
Nicolas Bougault en est persuadé : "les habitudes que l'on a prises depuis mars 2020 sont peut-être embêtantes au quotidien, mais sont de bonnes habitudes, et on va certainement les garder dans certains domaines. Les pharmacies, qui vendaient très peu de masques avant la crise, continueront à vendre des masques... Quand on pense gros volumes, on pense aux établissements hospitaliers, mais il n'y a pas que les établissements hospitaliers : les industries agro-alimentaires sont de très gros consommateurs de masques. Ce sont des marchés qui vont durer dans le temps."
Une activité diversifiée
Pour Nicolas Bougault, il y a de la place pour les usines de masques françaises, et dans le long terme. Pour garantir cette pérennité, M3 Sanitrade, comme d'autres usines de l'Ouest, a commencé à compléter et à diversifier son activité : "on vient de démarrer notre ligne qui permettra de fabriquer le média filtrant, que vous trouvez dans tous les masques. Ce tissu filtrant, on le trouve partout où vous avez de la flitration : filtration du bâtiment, de l'automobile, des trains, etc. et puis on a aussi notre projet recyclage des masques."
Les essais de recyclage de masques doivent se poursuivre dans les semaines qui viennent, à Ploufragan. L'usine emploie aujourd'hui 45 personnes, et envisage de doubler ce chiffre dans les années qui viennent.