Plan Pauvreté : le collectif "Alerte" reproche à l'Etat de ne pas augmenter les minima sociaux
Publié : 19 septembre 2023 à 8h00 - Modifié : 19 septembre 2023 à 9h37 par Dolorès CHARLES
La Première ministre Elisabeth Borne a présenté hier soir (18 septembre) son plan pauvreté. Un plan largement salué par le milieu associatif mais il relève un manque, l'absence d'augmentation des minima sociaux. C'est le sentiment du président du collectif national Alerte, basé à Angers (49).
"Corriger les inégalités de destin et répondre à l'urgence sociale" : c'est l'objectif du Pacte des solidarités présenté hier (lundi 18 septembre) aux associations caritatives par la Première ministre, Elisabeth Borne. Un plan de lutte contre la pauvreté, dont une partie des mesures avait déjà été annoncée. Parmi ces mesures : le maintien du nombre de places d'hébergement d'urgence, des aides exceptionnelles pour l'aide alimentaire, la création d'une prime d'activité pour les personnes les plus éloignées de l'emploi ou encore le doublement de MaPrimeRenov.
L'absence d'augmentation des minima sociaux
Des mesures saluées par le président du collectif national Alerte, qui regroupe 34 associations de solidarité, (dont ATD Quart Monde, Emmaüs, la Fondation Abbé Pierre). Basé à Angers, Noam Leandri relève malgré tout un oubli de taille, dans le plan du gouvernement. Un oubli éminemment regrettable à ses yeux : l'absence d'augmentation des minima sociaux.
"On espérait que cela suive au moins l'inflation et il manquait 3,5%, c'était largement à la portée du porte-monnaie de l'État... On se retrouve à devoir gérer la situation en finançant de l'aide alimentaire, de l'hébergement, alors que si on leur apportait les moyens de vivre convenablement, de vivre de leurs revenus, ces personnes n'auraient peut-être pas besoin d aller recourir à l'aide alimentaire. C'est vrai que les minima sociaux ont largement décroché par rapport au revenu moyen de la population... et ça explique aussi ce phénomène de personnes qui doivent recourir à une aide sociale de dernier recour, apportée par les associations. On n'est pas heureux d accueillir plus de personnes chez nous, et on aimerait au contraire en avoir beaucoup moins, mais force est de constater qu'il faut répondre à ce besoin."
"Il y a un certain nombre de mesures qui vont dans le bon sens"
Pour Noam Leandri, ce Pacte manque d'ambition, et ne s'attaque pas suffisamment aux racines de la pauvreté. Même si des mesures comme la prime de reprise d'activité peut avoir des effets positifs : "Les personnes qui y sont et RSA n'ont pas de plaisir à rester au RSA, elles trouveraient un salaire, même au SMIC, elles doublerait largement leurs niveaux de ressources. On n'est pas heureux de vivre en général avec un RSA, donc ça va peut être un peu améliorer ou encourager davantage. On a été rassurés sur un certain nombre de choses puisqu'il était question de baisser le nombre d'emplois aidés mais ça ne touchera pas le secteur associatif.
Il y a un certain nombre de mesures qui vont dans le bon sens, mais on a le sentiment qu'il s'agit de gérer la pauvreté, et pas de la réduire. C'est qui nous manque fondamentalement, c'est l'ambition de réduire d'ici 2027 la pauvreté de moitié ou d'un quart...mais il n'y a pas cette ambition et cette volonté."
"Tout miser sur le travail pour la réduction du chômage et de la pauvreté, ce n'est pas suffisant !"
Devant les associations, Elisabeth Borne a affirmé qu' "une réponse durable contre la pauvreté passait d'abord par un emploi pour toutes et tous". Noam Léandri estime qu'il faut prendre aussi en compte des facteurs comme la pénurie et le coût du logement, qui participent à maintenir dans la précarité les travailleurs pauvres. "Il y a 100 000 travailleurs pauvres, et je ne suis pas certain qu'une réunion régle le problème (*). C'est un phénomène bien connu parce qu'il y a du travail qui est morcelé et du temps partiel subi, l'alternance de petits jobs, et cela nécessite à la fois de réguler ce type de contrats courts et également de relever les salaires minimums... Tout miser sur le travail pour la réduction du chômage et (donc) de la pauvreté n'est pas suffisant."
(*) Les Assises sociales doivent se réunir le mois prochain à l'initiative du président de la République.
La conférence sociale devrait se dérouler pendant la première quinzaine d'octobre, elle réunira syndicats et patronat autour du gouvernement. Le Pacte des Solidarités doit lui entrer en vigueur au 1er janvier 2024.