Piqûres mystérieuses à Lorient : aucune n'a engendré d'agression
Publié : 27 avril 2022 à 8h00 par Dolorès CHARLES
Après Nantes et Rennes, des cas de piqûres mystérieuses ont été signalés à Lorient, lors du festival Insolent, le week-end dernier. A Nantes, aucun produit chimique n'a été relevé, mais l'enquête se poursuit. Yann Launay a rencontré le commissaire de Lorient, en charge de l'enquête.
Après les nouveaux cas de piqûres mystérieuses ce week-end, les questions restent nombreuses devant cet étrange phénomène. Samedi soir, au parc des expos de Lanester, ce sont entre 15 et 20 personnes qui ont été victimes de piqûres, alors qu'elles assistaient aux concerts du festival Insolent. Des plaintes ont été déposées et une enquête est en cours. Comme pour les cas précédents, à Nantes, Caen, Rennes ou Grenoble, les piqûres n’ont pas été accompagnées d’agression, et les enquêteurs ne sont pas certains qu’il ait pu y avoir injection, comme l’explique Patrick Le Seur, commissaire central adjoint à Lorient, rencontré par Yann Launay :
"On retrouve des traces de piqûres ça ne fait aucun doute, mais les analyses toxiques reviennent systématiquement négatives. Sur les produits on va dire "classiques" : drogues, opiacées, GHB cela ressort négatif. Les urgences médico-judiciaires vont étendre leurs recherches, mais on n'a aucune certitude qu'un produit soit réellement injecté au cours de ces piqûres. C'est ce qui nous met dans le flou, pour cerner la motivation : est-ce que c'est juste pour embêter le monde en piquant les gens et en créant une peur, ou est-ce qu'il y a vraiment une intention de nuire en injectant un produit à une personne, là on est dans des desseins beaucoup plus criminels."
"Aucune piqûre n'a engendré d'agression"
La crainte d'injection de produit style GHB, la drogue du violeur, s'est vite exprimée, d'autant que les victimes sont très majoritairement des femmes. Mais au regard des différents dossiers, rien n'indique que ce soit l'objectif du ou des auteurs :
"Aucune piqûre n'a engendré d'agression derrière, soit physique soit sexuelle, comme on peut en rencontrer avec le GHB, où des personnes se réveillent dans un endroit inconnu, ne se rappellent plus de leur soirée. On n'est pas du tout dans ces schémas là pour les gens victimes de piqûre : ils se plaignent de malaises "légers", sans minimiser la chose, mais ça n'a aucun lien avec les malaises créés par le GHB, où c'est plus grave. La personne ne se rappelle plus de ce qu'elle a fait de sa soirée, et elle a souvent été victime de viol, de vol de carte bleue... Là, il y a à ma connaissance un fait de vol de carte bleue et de portable, la personne ne se sentait pas bien, et elle a été détroussée, il y a toujours des opportunistes qui profitent de la faiblesse des gens."
Renforcer la sécurité pour trouver ces seringues ?
N'y aurait-il pas des moyens d'empêcher de tels actes, dans les boîtes de nuit et dans les festivals : ne peut-on pas renforcer la sécurité, avec des fouilles systématiques, des portiques de détection ? Pour Patrick Leseur, c'est illusoire : "déjà pour trouver un couteau, c'est extrêmement difficile, donc une seringue, on n'y pense même pas... Je ne pense pas qu'une aiguille de seringue sonnerait dans un détecteur de métaux, il faudrait qu'il soit réglé au minimum, pire que dans les aéroports, donc ce serait à mon sens démesuré, et de toute façon, les personnels n'ont ni le temps ni le pouvoir d'effectuer de telles fouilles. Encore une fois, on ne sait pas si ce sont de réelles seringues, on ne sait pas ce que l'on cherche finalement... Ça ferait tomber les gens dans la psychose, cela ne sert à rien. Il faut juste être vigilant, regarder un peu son voisin, et être attentif à ce qui se passe autour de nous."
Vigilance !
Si jamais vous êtes vous-même victime d'une piqûre, en discothèque ou en festival, il ne faut pas temporiser, mais prévenir immédiatement. Le commissaire enquêteur vous incite "évidemment à vous rapprocher du gérant de l'établissement, ou de l'organisateur si c'est un festival ou un concert. C'est lui qui va pouvoir lancer les secours et les forces de l'ordre, pour intervenir, prendre en charge les victimes, les orienter vers l'hôpital pour faire des analyses dans le temps imparti. Il faut aller assez vite dans la recherche des toxiques".
A Lorient, la police va réunir les professionnels de la nuit, les organisateurs de festivals, pour les sensibiliser au phénomène. Les forces de l’ordre vous appellent à la vigilance, en soirée, en discothèque ou en concert, tout en soulignant que ce phénomène n'a jusque là rien de massif.