Permis à 17 ans : les craintes d'une auto-école des Côtes-d'Armor
Publié : 26 juin 2023 à 14h39 - Modifié : 27 juin 2023 à 8h20 par Hélène HAMON
La mesure a été annoncée le 20 juin dernier par Elisabeth Borne : l’âge légal pour passer le permis B sera abaissé d’un an à partir de janvier 2024. Une nouvelle fraîchement accueillie par les professionnels. Exemple dans les Côtes-d'Armor.
La majorité ne sera plus une condition pour prendre le volant ! C'est ce qu'a laissé entendre la Première ministre Elisabeth Borne la semaine dernière. Le gouvernement a, en effet, décidé d'abaisser de 18 à 17 ans, l’âge pour passer le permis de conduire. La disposition entrera en vigueur dès 2024. La locataire de Matignon y voit un vrai plus "notamment pour les jeunes en apprentissage".
Une annonce loin de faire l'unanimité
Mais sur le terrain, cet abaissement n'est pas bien perçu : plusieurs voix s'élèvent contre cette mesure notamment la Ligue contre la violence routière, car les accidents de la route sont la première cause de mortalité chez les 18 - 24 ans. Mécontente aussi, l’UNIC - l’Union Nationale des Indépendants de la Conduite. Pour le syndicat, l’âge n’est pas le cœur du problème. Ce qui coince, c'est l'afflux potentiel de candidats dans les auto-écoles et les centres d’examen. Loïc Garrec, propriétaire d’une auto-école à Saint-Brieuc et représentant de l’UNIC dans les Côtes-d’Armor, au micro d'Hélène Hamon.
"On estime qu'il y a 700 000 jeunes à peu près de 17 ans en France et il n’y aura pas 700 000 jeunes à s'inscrire d'un coup pour passer le permis. Je pense qu'on doit être dans les 100 à 200 000 sur toute la France. Est ce qu'on va pouvoir absorber toutes ces nouvelles populations ? Alors cela va durer un laps de temps entre six mois et un an et comme le gouvernement ne fait pas d'efforts, pour ajouter des inspecteurs supplémentaires, cela va créer des bouchons supplémentaires. Ce n'est pas en abaissant justement l'âge des conducteurs que ça va changer quelque chose, au contraire".
L'afflux de candidats inquiète la profession
"Ce n'est pas l'âge de passage de l'examen qui va poser problème, selon le représentant 22 de l'UNIC, c'est la population qui va arriver en plus sur les centres d'examen. Des populations qu'on n'aura pas forcément formées avec le temps qu'on peut avoir avec une conduite accompagnée. Autre souci, le nombre d'inspecteurs présents sur le terrain n’est pas suffisant pour emmagasiner ces nouvelles populations. Par exemple dans les Côtes-d'Armor, comme la population est vieillissante, on ne peut obtenir que dix inspecteurs sur le département pour travailler. Avec le COVID, on a eu de nouvelles populations dans le département avec des personnes peut-être plus âgées mais qui n'ont jamais passé le permis et qui venaient de grandes villes comme Paris ou Bordeaux, Rennes ...et ces populations viennent grossir le nombre d'élèves".
La responsabilité en question
Enfin, toujours selon Loïc Garrec, cette mesure entraîne des questions notamment en termes de responsabilité juridique : "On ne peut pas parler de maturité à 17 ans ou à 18 ans. Ce n'est pas parce qu'ils ont 18 ans qu'ils sont plus matures que ceux qui en ont 17. A 18 ans, ils sont majeurs, ils sont responsables. À 17 ans, ils ne sont pas majeurs... et ce sont donc les parents qui deviennent responsables et s’il y a un accident ou quoi que ce soit, qui va devenir responsable ? L’élève lui-même ou est-ce-que ce sont les parents qui vont en pâtir ?"
Actuellement un jeune en conduite accompagnée peut passer le permis B à 17 ans, mais il n'a le droit de prendre le volant (seul) que le jour de ses 18 ans.
Ce ne sera donc plus le cas à partir de 2024.
Plus enthousiaste, le groupe d'auto-écoles ECF soutient cette mesure d’abaissement, mais souhaite que cette mesure soit "accompagnée d'une formation post-permis obligatoire."