Circuit préféré des randonneurs : les élus de Belle-Île craignent une sur-fréquentation touristique

Le Tour de Belle-île en Mer élu "circuit préféré des randonneurs". La distinction devait être remise le 10 octobre prochain aux élus sur l'Ile, par des représentants de la Fédération française de randonnée, mais la cérémonie a été annulée. Les élus de Belle-île ne veulent pas de ce prix : ils craignent que la fréquentation touristique ne s'accélère encore, alors qu'elle commence à poser problème. Les élus évoquent la question des ressources en eau, du traitement des déchets, et ils soulignent l'augmentation très nette cette année, de l'ordre de 25%, du nombre de randonneurs sur le sentier côtier, qui menace le milieu.

Madeleine Lebranchu, Morbihannaise et vice-présidente de la Fédération française de randonnée, devait remettre le trophée. Elle se dit surprise de la réaction des élus de Belle-île, et estime qu'ils se trompent de cible :

"Toutes les personnes qui descendent des bateaux ne sont pas des randonneurs. Les randonneurs que nous connaissons, de notre fédération, sont des gens qui font de la randonnée sur les ailes de saison, ils ne vont pas à Belle-île en juillet, en août. Oui il y a eu un apport supplémentaire de randonneurs, mais de là à parler de surfréquentation... Après, ce serait peut-être bien qu'on se parle. Je tends la main aux élus de Belle-île. Nous leur avons fait des propositions, en disant : pour éviter que tout le monde aille sur la côte, proposons des sentiers à l'intérieur ou des boucles, rencontrons-nous et voyons ce que vous voulez faire en termes de politique touristique."

Le refus d'un prix du GR préféré ne règlera rien 

Madeleine Lebranchu comprend les élus de Belle-île, elle ne nie pas les problèmes qu'une fréquentation touristique massive peut entraîner, mais estime que le refus d'un prix du GR préféré ne règlera rien : "Le randonneur n'est pas la cause de tous les maux. Je pense que c'est déjà aux élus de savoir ce qu'ils veulent comme politique touristique, parce que ça, ça se gère. On le voit en Méditerranée, les îles, la Corse, Porquerolles, certains endroits où il y a de l'hyperfréquentation, les Calanques, c'est tant de milliers de personnes par jour et terminé, point barre. Un autre argument qui me tient à cœur : on dit il y a un afflux de randonneurs, on met tout sur le dos de la randonnée, et là j'apprends qu'il y a un trail d'organisé sur Belle-île... S'il y a quelque chose qui détruit les sentiers, excusez-moi, ce sont les trails."

Parlons-nous !

Madeleine Lebranchu souligne que nombre de randonneurs privilégient le printemps et l'automne pour voyager. Mais pour la vice-présidente de la Fédération française de Randonnée, à Belle-île comme ailleurs, tout n'est pas forcément mis en œuvre pour éviter les pics de fréquentation estivaux :

"On a des baliseurs qui devaient partir pour le 10 octobre, on a eu un mal de chien à trouver de l'hébergement. A partir du 18 septembre, il y a plein d'hébergements qui sont fermés. Je trouve que ce n'est pas logique. Peut-être que les élus de Belle-île pourraient essayer de voir avec tous les hébergeurs de l'île, on pourrait allonger la période d'hébergement, pour étaler. Si les gens cherchent un hébergement sur le Belle-île le 20 septembre, et voient qu'ils ne peuvent pas aller le 20 septembre, ils vont venir pendant les périodes de vacances. Je pense que cela doit s'étudier, et pour ça je dis : parlons-nous."